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ou des chefs de chœurs[1] ? Faisons de même : dès le premier âge initions les nôtres aux affaires de la cité qui est dans les cieux. Car pour celle de ce monde, elle n’est qu’un sujet de dépense, et ne rapporte aucun profit.
5. En effet, quel gain peut-on retirer des applaudissements populaires, dis-moi ? Le soir venu, tout ce bruit, tout ce tumulte perd aussitôt son charme ; l’assemblée une fois séparée, comme des gens qui se sont vus en songe assis à une table somptueuse ; voilà ces hommes sevrés de toute joie : le plaisir que leur causait cette couronne, cette robe magnifique et tout cet appareil, c’est en vain que dès lors, ils le chercheraient en eux-mêmes : tout s’est enfui plus vite que le vent le plus rapide.
Il en est autrement de la cité céleste : sans exiger aucune dépense, elle nous rapporte un profit aussi grand que durable. Là ce ne sont point des gens ivres, c’est le peuple des anges qui applaudit sans cesse l’homme en charge. Que dis-je ? le peuple des anges : le Maître des anges en personne félicitera celui dont je parle et lui donnera son approbation. Or celui que Dieu loue, ce n’est pas un jour, ni deux, ni trois, c’est durant toute l’éternité qu’il triomphe, la couronne au front ; et jamais on ne saurait voir la tête d’un tel homme dépouillée de sa gloire. Car la durée de la fête n’est point enfermée là-haut entre les bornes de quelques journées, elle se prolonge sans fin dans l’éternité. – De plus la pauvreté n’est point un empêchement à l’exercice de ces, fonctions : le pauvre même peut s’en acquitter, le pauvre surtout, attendu qu’il est exempt de toutes les pompes mondaines : le nécessaire n’est point d’avoir de l’argent à dépenser, mais de posséder une âme pure et un esprit sage. Tel est l’artisan qui ourdit pour l’âme les vêtements destinés à cette autre vie, qui lui tresse sa couronne. En sorte que, si cette âme n’est point parée des mérites de la vertu, elle n’a nul besoin de beaucoup d’or ; comme d’autre part, la pauvreté ne lui portera en rien préjudice, si elle possède le trésor intérieur. Ces fonctions, que non seulement nos enfants mâles, mais encore nos filles les remplissent. En effet, ce n’est point comme dans la cité terrestre, où les hommes seuls sont admis à ce genre d’offices : la scène dont je parle est ouverte indistinctement aux femmes, aux vieillards, aux jeunes gens, aux esclaves, aux hommes libres. En effet, comme c’est l’âme qui est offerte en spectacle, ni le sexe, ni l’âge, ni le rang, ni rien de pareil, ne peut soulever un obstacle. Par conséquent, je vous exhorte tous, à livrer dès le premier âge vos fils et vos filles aux offices de cette nature, à mettre en réserve pour eux le genre de richesse qui convient à l’organisation d’une cité pareille : au lieu d’enfouir de l’or, d’amasser de l’argent, déposons dans leur âme, sagesse, chasteté, réserve, en un mot toutes les vertus. Car telle est la dépense que cet office réclame. Si donc nous faisons de telles provisions pour nous-mêmes et pour nos enfants, durant la vie présente nous brillerons d’un vif éclat, et dans l’autre monde nous entendrons cette bienheureuse voix par laquelle le Christ proclame tous ceux qui l’ont confessé. Mais cette confession n’est pas seulement la confession par la foi. c’est encore la confession par les œuvres ; de sorte que, faute de celle-ci, nous risquons d’être punis avec ceux qui nient. Car il y a bien des manières différentes de nier, lesquelles Paul nous indique en disant : Ils confessent qu’ils connaissent Dieu, et ils le nient par leurs œuvres. (Tit. 1, 36) – Et ailleurs : Si quelqu’un n’a pas soin des siens et surtout de ceux de sa maison, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. (1Tim. 5,8) Enfin, dans un autre endroit : Fuyez l’avarice, qui est une idolâtrie. (Col. 3,5) Mais s’il y a tant de manières de nier, il est clair qu’il n’y a pas moins, qu’il y a même beaucoup plus de manières de confesser faisons en sorte de les pratiquer toutes, afin de jouir, nous aussi, des célestes honneurs, par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec lequel, gloire au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Fonction théâtrale.