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DEUXIÈME HOMÉLIE.


SUR LA FOI D’ANNE, SA SAGESSE, SA VERTU. – SUR LE RESPECT DU AUX PRÊTRES, ET QU’IL FAUT PRIER AU COMMENCEMENT ET A LA FIN DU REPAS.

ANALYSE.

  • 1. Efficacité de la prière démontrée par l’exemple d’Anne.
  • 2. Règles pour la prière.
  • 3. De la patience à supporter les injures.
  • 4. Exemple de Job.
  • 5. Suite de l’histoire d’Anne. Son invocation au Seigneur.
  • 6. Réflexions à propos de cette prière : Piété d’Anne, sa modération. Conclusion morale.


1. Rien ne vaut la prière, mes chers auditeurs, rien n’est plus puissant que la foi. Anne nous a instruits, l’autre jour, de ces deux vérités. Car munie de pareilles offrandes, lorsqu’elle vint supplier Dieu, elle obtint tout ce qu’elle voulut, elle corrigea l’infirmité de sa nature, elle ouvrit son sein fermé, elle se releva de son humiliation, se délivra des injures de sa rivale et recouvra un grand crédit dans la maison, lorsque un rocher stérile lui eut donné un bel épi. Vous avez tous entendu comment elle pria, comment elle demanda, elle fléchit, elle obtint ; comment elle enfanta Samuel, le nourrit et le consacra. Aussi ne se tromperait-on point en appelant cette femme à la fois la mère et le père de son enfant. En effet bien que son époux en eût déposé le germe, c’est Anne, par sa prière, qui donna à ce germe sa vertu, et qui rendit plus auguste la procréation de Samuel. Car cette procréation n’eut pas seulement pour principe comme les autres, le sommeil et le commerce des époux, mais encore des larmes, des prières et la foi : et glorieuse entre toutes fut la naissance du prophète, qui dut le jour à la foi de sa mère. On ferait donc à cette femme une juste application de la parole suivante : Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. (Ps. 125,5) Hommes, suivons son exemple : femmes, imitez-la. Car Anne est un maître pour les deux sexes. Que les femmes stériles ne désespèrent point, que les mères nourrissent de la même manière les enfants qu’elles ont mis au monde ; imitons tous la sagesse d’Anne avant l’enfantement, sa foi pendant l’enfantement, son zèle après l’enfantement. En effet, quoi de plus sage qu’une femme qui supporte avec patience et courage une calamité si intolérable, qui ne se décourage point, avant d’être sortie d’infortune, et qui trouve pour son mal un remède miraculeux, inouï, sans s’être adjoint ici-bas aucun aide, aucun allié ? C’est qu’elle connaissait la charité du maître : voilà pourquoi elle vint à lui seule et obtint ce qu’elle voulut. En effet ce n’est pas d’un secours humain, c’est de la grâce divine qu’elle avait besoin pour guérir sa peine. Car, cette peine ne provenait point d’une perte d’argent, de telle sorte qu’en lui apportant de l’or on pût dissiper son chagrin : elle ne provenait point d’une maladie, de telle sorte qu’il fallût appeler les médecins pour chasser le mal. C’était la nature qui était attaquée : c’était elle qui réclamait le bras de