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soins qu’elle, élevons comme elle nos rejetons et dans tout le reste, et particulièrement à l’égard de la chasteté. Car il n’est rien qui réclame autant d’attention et de sollicitude chez les jeunes gens que la chasteté et la décence… C’est par là que leur âge est exposé aux plus rudes épreuves. Ce que nous faisons pour les lampes, ayons soin de le faire aussi pour les enfants. Souvent, quand une servante allume une lampe, nous l’invitons à ne pas promener cette lumière aux endroits où il y a (le la paille, du fourrage, ou autres matières analogues, dans la crainte que, à notre insu, une étincelle ne vienne à tomber, à y mettre le feu, et n’incendie ainsi notre maison tout entière. Ayons pour les enfants la même sollicitude, et ne promenons pas leurs regards aux endroits où il y a des servantes libertines, des jeunes filles impudiques, des esclaves débauchées, ruais enjoignons ou faisons dire à toute femme de ce genre, servante, voisine, quelle qu’elle soit enfin, de ne jamais s’offrir à la vue des jeunes gens, ni entrer en conversation avec eux, dans la crainte qu’une étincelle, échappée de ce foyer n’embrase entièrement l’âme du jeune enfant, et qu’il n’en résulte un malheur irréparable. Et ce n’est pas seulement sa vue, c’est encore son oreille qu’il faut préserver de tout ce qui respire la mollesse et le dérèglement, de peur que son âme n’en soit ensorcelée. Ne le conduisons ni dans les théâtres, ni dans les festins ou les orgies, et veillons sur nos jeunes gens avec plus de soin que sur des vierges cloîtrées. En effet il n’est point pour cet âge de plus belle parure que la couronne de la chasteté, que d’arriver au mariage, pur de toute incontinence. Alors ils trouveront des charmes à leurs épouses, si leur âme n’a pas fait l’apprentissage de la fornication et du dérèglement, si la seule femme qu’ils aient jamais connue, est celle qui leur est attachée par les liens du mariage. Alors l’amour sera plus ardent, l’affection plus profonde, l’attachement plus parfait, si les jeunes gens s’acheminent vers le mariage gardés comme je l’ai dit : aussi vrai que ce qu’on appelle aujourd’hui le mariage, n’en a que le nom, et n’est autre chose qu’un commerce et un trafic. En effet, quand un jeune homme est corrompu avant le mariage, et qu’après le mariage il se remet à jeter les yeux sur une autre femme, à quoi sert le mariage ? dis-moi. Le châtiment est plus rigoureux, la faute est moins pardonnable, quand on laisse une épouse pour se déshonorer avec des prostituées, et que l’on se rend coupable d’adultère. Car une fois marié, quand bien même on a une prostituée pour complice de ses désordres, le péché devient un adultère. Or si ces choses se font, si l’on court, bien que marié, vers les femmes perdues, c’est que, avant le mariage, on ne s’est pas occupé de rester chaste. De là les luttes, les querelles, les ruines, les guerres quotidiennes : par là fuit et se perd l’amour du mari pour sa femme, lequel ne peut résister aux voluptés des mauvais lieux. Donc, si le jeune homme a su être chaste, aucune femme ne lui paraîtra plus aimable que la sienne ; il la verra avec les yeux de l’affection, il restera avec elle dans une parfaite concorde, et grâce à cette paix, à cette concorde, tous les biens viendront affluer dans leur maison. Si donc nous voulons bien pourvoir même à nos intérêts d’ici-bas, et en outre, être admis au royaume des cieux, songeons à nous et à nos enfants, surtout en ce qui concerne ce précepte : prenons garde de nous présenter à ces noces spirituelles revêtus d’habits sordides, et tâchons de jouir, avec toutes franchises, des honneurs réservés là-haut à ceux qui en sont dignes. ces honneurs puissions-nous tous les obtenir par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, honneur et puissance au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.