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il fallait bien vous dire tout ce qui s’était passé à la cour de l’empereur ; il fut nécessaire ensuite de s’attaquer aux païens, afin d’enraciner parfaitement dans la foi nos frères que voici que leurs maux avaient rendus meilleurs, et qui avaient abandonné les erreurs païennes pour se tourner vers nous ; il fallait leur apprendre de quelles ténèbres ils avaient été délivrés, et combien était éclatante de lumière la vérité où ils étaient accourus. Après cela, nous avons eu pendant plusieurs jours lé précieux avantage de la solennité des martyrs, et il n’aurait pas été convenable à nous, qui étions venus visiter leurs tombeaux, de nous retirer sans accorder aux martyrs le tribut d’éloges qui leur est dû. Après ces éloges est venue l’exhortation relative aux jurements : car en voyant le peuple des campagnes tout entier qui avait afflué dans la ville, nous n’avons pas voulu laisser partir ces gens sans les munir tous de ce viatique.
2. Aussi ne sauriez-vous rapporter sans peine la discussion que nous avons alors soutenue contre les païens. Mais moi, qui n’ai jamais cessé de m’occuper de cette controverse, et d’y apporter toute mon application, il me sera facile, en vous rappelant quelques-unes des paroles que je dis alors, de vous remettre en en mémoire tout le sujet du discours, quel était donc notre sujet ? Nous recherchions comment dès l’origine Dieu avait songé aux intérêts de la race humaine, comment il l’avait instruite de ce qu’il lui importait de savoir, à une époque où l’écriture n’existait pas, où les saints Livres n’avaient pas été octroyés : et nous faisions voir que c’est par le spectacle de la Création qu’il amena les hommes à le connaître lui-même. Alors vous saisissant, non par la main, mais par l’intelligence, je vous ai promenés à travers toute la Création, vous montrant le ciel, la terre, la mer, les lacs, les fontaines, les fleuves, les vastes mers, les prairies, les parcs, les moissons florissantes, les arbres chargés de fruits, les cimes des montagnes ombragées de bois ; je vous ai parlé des graines, des herbes, des fleurs, des plantes qui produisent des fruits, de celles qui n’en donnent point, des animaux soit domestiques, soit sauvages, soit terrestres, soit aquatiques, soit amphibies, de ceux qui fendent l’air, de ceux qui rampent sur le sol, enfin des éléments même qui constituent l’Univers, et, à chacun de ces tableaux, nous nous écriions tous ensemble, tant cette infinie magnificence dépassait la portée de notre esprit, tant cet ensemble échappait à sa compréhension : Que tes œuvres sont, magnifiques, Seigneur : Tu as fait tout avec sagesse. (Ps. 91,6) Mais ce n’est pas seulement le nombre de ces ouvrages qui nous faisait admirer la sagesse de Dieu, c’est encore la beauté, la grandeur, la magnificence mer veilleuse de la Création : c’est aussi que, en même temps, il a déposé dans les choses visibles des indices qui attestent proprement la faiblesse : d’une part, afin d’être admiré par sa sagesse, et d’attirer à son culte ceux qui ont ces merveilles sous les yeux ; d’autre part, afin que ceux qui en contemplent la grandeur et la beauté, n’aillent pas en oublier l’auteur et porter à ses œuvres les hommages quine sont dus qu’à lui, avertis par la faiblesse qu’elles révèlent de ne point s’abandonner à un pareil égarement. Et comment toute la Création est périssable, comment elle se transformera pour s’améliorer, et participera ensuite à une gloire plus grande, et quand, et pourquoi cela s’accomplira, et pour quelle raison elle est née périssable, nous avons examiné alors tous ces points avec vous ; et nous vous avons fait voir en ceci même la puissance de Dieu, qu’elle réalise dans des corps mortels toute cette beauté que nous voyons et que Dieu leur a dès l’origine, assignée, par exemple : dans les astres, dans le ciel, dans le soleil ; En effet, il y a lieu de s’étonner ; que depuis tant de siècles, ces choses n’aient ressenti aucun des accidents qu’éprouvent nos corps, qu’elles ne soient ni affaiblies par l’âge, ni amollies par la maladie, par les infirmités, mais qu’elles conservent au contraire invinciblement, l’énergie, la beauté que Dieu, comme je l’ai dit plus haut, leur a départies en propre dès l’origine ; que le soleil n’ait rien perdu de sa lumière, que l’éclat des astres n’ait nulle ment pâli,  que la splendeur du ciel ne se soit pas évanouie, que les bornes de la mer n’aient point été déplacées, que la terre ait conservé la même aptitude à mettre au jour tous les ans de nouveaux fruits.
Que ce sont là choses périssables, c’est ce que nous vous avons prouvé et par le raisonnement et par les divines Écritures : mais ce qu’elles ont de beauté, de splendeur, et comment elles ont gardé tout l’éclat de leur fraîcheur, les yeux de ceux qui les voient en portent chaque jour témoignage ; et c’est ce qu’il faut surtout admirer