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on prononça des discours en leur honneur : ceci eut lieu en présence et sous la direction du chef, comme dit S. Chrysostome, c’est-à-dire de l’évêque Flavien : car S. Chrysostome était alors retenu chez lui par la maladie, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même au commencement de l’homélie 19 aux habitants d’Antioche, prononcée contre les jurements et à ladres e des habitants de la campagne qui étaient venus à Antioche. Ce sermon, prononcé comme l’indique le titre, le dimanche τῆς ἐπισωξομένης est actuellement le dix-neuvième des homélies au peuple d’Antioche : mais il s’élève une difficulté contre cet ordre d’homélies. En effet, S. Chrysostome dit dans la dix-neuvième, qu’il est resté malade chez lui pendant qu’on célébrait les fêtes des martyrs : or, d ns la première homélie sur Anne, il n’est fait aucune mention de maladie : et il semble même qu’à cette époque S. Chrysostome ait prononcé des discours sur les martyrs, ou du moins, ait pu en prononcer ; en effet, bien qu’il ne dise pas en propres termes que ces discours ont été prononcés par lui, il dit clairement une chose, c’est que les louanges des martyrs l’empêchèrent de traiter un autre sujet. Mais c’est l’habitude de S. Chrysostome, dans les résumés de ce genre, de passer sous silence beaucoup de détails, qui ne feraient qu’embarrasser ; et comme il avait déjà parlé de sa maladie dans l’homélie précédente, qui est la dix-neuvième, aux habitants d’Antioche, il n’a pas voulu se répéter dans le premier discours sur Anne, lequel fut prononcé immédiatement après. Ainsi, des deux causes qui l’avaient empêché de traiter le sujet qu’il s’était proposé, il en a passé une sous silence, c’était sa maladie ; et il a fait mention de l’autre, savoir les fêtes des martyrs. De plus, on voit par là que le dimanche τῆς ἐπισωξομένης n’est pas le dimanche de la Passion ; car d’abord Flavien était déjà revenu depuis plusieurs jours, ce qui ne peut convenir au dimanche de la Passion ; et en outre, ce discours a été prononcé, comme on l’a vu plus haut, longtemps après l’homélie sur le retour de Flavien, qui l’a été le jour même de Pâques. Le dimanche τῆς ἐπισωξομένης ; ne peut pas être non plus le dimanche de la Quasimodo, comme le veut Savile, car les six jours qui séparent ces deux dimanches ne sont pas un temps suffisamment long pour avoir pu comprendre tant de choses, savoir le discours sur le retour de Flavien, une ou plusieurs jours de suite contre les Gentils ; les fêtes des martyrs célébrées plusieurs jours durant πολλάς ήμέρας, la maladie de S. Chrysostome et son rétablissement. Aussi, malgré le scrupule mentionné ci-dessus, nous rangeons-nous à l’avis de Leone Allacci, qui pense que c’est le Ve dimanche après Pâques, lequel précède l’Ascension. De cette manière tout s’accordera ; car aussitôt après ce discours à l’adresse des gens de la campagne, il aura prononcé son premier discours sur Anne, soit le lundi avant l’Ascension ; le second, le vendredi, lendemain de l’Ascension ; le troisième, le lundi de la semaine suivante ; le quatrième, que nous n’avons plus, le mercredi ; le cinquième, le vendredi ; ensuite est venu le, sixième discours, prononcé après la Pentecôte ; du reste, si nous assignons ces jours-là plutôt que d’autres, c’est uniquement pour prouver que la chose a été possible : car nous accordons que ces sermons ont bien pu être prononcés d’autres jours que ceux-là.
Comme nous venons de le dire, le quatrième sermon est perdu, ce que l’on infère d’un passage du discours actuellement intitulé le quatrième par suite de la perte de l’autre. C’est au troisième paragraphe, où S. Chrysostome dit qu’il a expliqué dans le, discours précédent, ces paroles du cantique d’Anne : Mon cœur a été affermi dans le Seigneur, etc ; or, on ne trouve pas le commentaire de ce texte dans le discours qui est actuellement le troisième.

PREMIÈRE HOMÉLIE.


QU’IL FAUT SE SOUVENIR DU JEUNE MÊME LE JOUR DE LA PENTECÔTE ET EN TOUS LES TEMPS ; QUE NON-SEULEMENT L’ACTUALITÉ MÊME DU JEUNE, MAIS QUE LE SOUVENIR EN EST UTILE. – DE LA PROVIDENCE DE DIEU ; QU’ENTRE AUTRES CHOSES CE N’EST PAS UN DE SES MOINDRES EFFETS QUE L’AMOUR NATUREL DES PARENTS POUR LEUR PROGÉNITURE ; ET QUE CE N’EST PAS AUX PÈRES SEULEMENT, MAIS ENCORE AUX MÈRES, QU’IL EST ENJOINT DE FORMER LEURS ENFANTS. – À LA FIN DU DISCOURS, L’ORATEUR PARLE D’ANNE.

ANALYSE.

  • 1. L’orateur fait voir les avantages du jeûne. – 2. Il résume une homélie prononcée contre les Gentils, et à ce propos résout deux questions, savoir : comment Dieu instruisait autrefois les hommes ; et pourquoi, taudis que les corps célestes jouissent d’une immortelle jeunesse, les nôtres sont assujettis à tant de maladies et à la corruption. – 3. Dieu, pour se faire connaître de tous les hommes, leur a donné : le spectacle de la création, la conscience, et leurs pères et mères. Engendrer ne fait pas tant le véritable père que bien élever ses enfants ; ainsi, on devient père plus par le libre arbitre que par la nécessité de la nature. – 4-6. C’est aux mères surtout qu’il convient de bien élever leurs enfants histoire d’Anne, mère de Samuel.


1. Lorsqu’un étranger est descendu chez nous, que nous l’avons hébergé quelques jours avec bonté, le faisant prendre part à nos conversations et à notre table, et qu’ensuite il a pris congé de nous ; le jour qui suit ce départ, quand le repas est servi, nous nous souvenons aussitôt de cet hôte, de sa personne, de ses entretiens, et, pleins d’affection pour lui, nous