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n’ayez pas la témérité de contredire l’Écriture, ni d’émettre curieusement cette imprudente parole : pourquoi Dieu a-t-il fait telles ou telles créatures ? Et Dieu les bénit, en disant : Croissez et multipliez, remplissez la mer ; et que les oiseaux se multiplient sur la terre.
5. L’effet de cette bénédiction a été l’accroissement prodigieux des poissons et des oiseaux. Et parce que Dieu voulait qu’ils se perpétuassent en leurs générations, il les bénit, en disant : croissez et multipliez. C’est ainsi qu’ils se sont conservés jusqu’aujourd’hui, et qu’à travers tant de siècles nulle espèce n’a péri. Car par la bénédiction de Dieu, et par cette parole : Croissez et multipliez, il leur a été donné de se multiplier et de subsister toujours. Et du soir et du matin se fit le cinquième jour. L’Écriture nous apprend ainsi quelles espèces parmi les animaux furent créées le cinquième jour. Mais attendez un peu, et vous verrez de nouveau éclater la bonté du Seigneur. Car il n’a pas seulement rendu les eaux fécondes pour produire les poissons et les oiseaux, mais il a commandé aussi à la terre d’enfanter les animaux terrestres. C’est pourquoi la suite du récit nous engage à aborder l’œuvre du sixième jour.
Et Dieu dit : Que la terre produise des animaux vivants, chacun selon son espèce : les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes sauvages de la terre, selon leurs différentes espèces. Et cela se fit ainsi. (Gen. 1,24) Considérez donc quel nouveau service nous rend la terre, et comment elle obéit à ce second ordre du Seigneur. D’abord elle avait produit les germes de toutes plantes, et maintenant elle enfante les animaux vivants, les quadrupèdes et les reptiles, les animaux domestiques et les bêtes sauvages. Mais ici se confirme ce que je vous avais déjà déclaré, à savoir, que dans les œuvres de la création, le Seigneur s’est proposé tantôt notre utilité et tantôt sa propre gloire : il a voulu que la vue de tant de créatures nous fît admirer la puissance du Créateur, et nous révélât que sa bonté et sa sagesse infinies les ont faites pour l’homme, qu’il devait bientôt créer.
Dieu fit donc les bêtes de la terre selon leurs espèces ; les animaux domestiques et tous ceux qui rampent sur la terre, chacun selon son espèce. Et il vit que cela était bon. (Gen. 1,25) Où sont aujourd’hui ceux qui osent demander pourquoi Dieu a créé les bêtes sauvages et les reptiles dangereux ? Qu’ils écoutent cette parole de l’Écriture : Et Dieu vit que cela était bon. Quoi ! le Créateur lui-même loue son œuvre, et vous oseriez la blâmer ! Mais n’est-ce pas une extrême folie ? Tous les arbres que la terre nourrit ne produisent point des fruits, et nous comptons parmi eux des espèces sauvages et stériles ; toutes les plantes elles-mêmes ne sont point utiles : il en est qui nous sont inconnues, et d’autres qui sont malfaisantes. Et cependant, qui oserait les condamner ? car elles n’ont point été créées au hasard et sans intention. Oui, elles n’auraient point été louées par le Créateur lui-même, si elles eussent dû être entièrement inutiles. Outre les arbres fruitiers, nous en possédons un grand nombre qui, quoique stériles, nous sont aussi utiles que les premiers, parce qu’ils servent aux différents usages de la vie et aux besoins de l’homme. Et, en effet, nous les employons ou dans la construction des bâtiments, ou dans la confection de meubles nécessaires et commodes. Ainsi, nulle créature n’a été faite sans raison, quoique l’esprit de l’homme ne puisse en découvrir toute l’utilité. Mais ce que je dis des arbres s’applique également aux animaux, dont les uns servent à notre nourriture, et les autres à nos travaux. Il n’est pas jusqu’aux bêtes féroces et aux reptiles qui ne nous soient utiles ; et, quoique depuis la désobéissance de nos premiers parents nous ayons perdu sur eux l’empire et l’autorité, quiconque y réfléchira sérieusement se convaincra que nous en retirons encore de précieux avantages. Et, en effet, les médecins en tirent plusieurs remèdes pour la guérison de nos maladies. Au reste, en quoi la création des animaux féroces pouvait-elle être blâmable, puisqu’ils devaient, comme les animaux domestiques, être soumis à l’homme, que Dieu allait créer ? Et c’est ce sujet que j’aborde.
6. Mais d’abord, considérons dans son ensemble la bonté du Seigneur à l’égard de l’homme. Il étendit les cieux, créa la terre, et plaça le firmament pour diviser les eaux supérieures d’avec les eaux inférieures ; il réunit ensuite les eaux dans un bassin qu’il appela mer ; il nomma terre l’élément aride, et l’orna d’arbres et de plantes ; il passa ensuite à la formation de ces deux grands corps de lumière et de cette multitude d’étoiles qui embellissent le ciel ; enfin, il acheva l’œuvre du cinquième jour en ordonnant aux eaux de produire les