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NEUVIÈME DISCOURS.


De quelle manière il faut reprendre ses frères, et qu’il convient d’avoir soin de leur salut ; – et pourquoi Abram a été appelé Abraham. – Réflexions sur le nom de Noé : que les noms de ces hommes justes ne leur ont pas été donnés au hasard, mais par une disposition de la providence de Dieu.

AVERTISSEMENT & ANALYSE.


Ce discours, quoique prononcé longtemps après les huit précédents, qui l’ont été en 386, a été placé ici à cause de la ressemblance des matières. Il fut fait la même année que les 32 premières homélies sur la Genèse, que les homélies sur le commencement des Actes et sur les changements de noms. Quelle est cette année ? c’est ce que nous n’avons pas encore pu découvrir ; nous savons seulement que cette année, quelle qu’elle soit, est postérieure à 387. Ce discours suivit immédiatement la seconde homélie sur les changements de noms. L’exorde, comme ceux des deux précédents, en ayant été très long, le peuple d’Antioche s’en plaignit, et ses plaintes furent l’occasion de l’homélie De ferendis reprehensionibus , qui figure parmi les homélies sur les changements de noms.

  • 1. L’orateur se croit obligé de résumer sa dernière instruction en faveur de ceux qui ne l’ont pas entendue ; si ceux qui l’ont entendue s’en plaignent, qu’ils sachent que le zèle doit être tempéré par la miséricorde. L’homme spirituel est celui qui porte secours à son prochain. – 2. La mutuelle charité est le signe distinctif des chrétiens. – 3. Résumé de la deuxième homélie sur les changements de noms. Abraham fut aussi parfait que les disciples de Jésus-Christ. – 4. La foi d’Abraham trouva sa récompense dans l’accomplissement des promesses de Dieu, plus sûres que les réalités de ce monde. – 5. L’orateur résume la doctrine qu’il a déduite de l’histoire d’Abraham. Les fils ne sont pas coupables de l’iniquité de leurs pères : devoirs des fils envers leurs parents lorsque ceux-ci sont infidèles. Le libre arbitre. Interprétation du nom de Noé.


1. Si vous pouviez savoir, ce que nous avons dit précédemment, ce que nous avons laissé de côté, où s’est arrêté notre discours d’hier, par où il convient de commencer le discours d’aujourd’hui, nous rattacherions sans préambule nos premières paroles à celles que nous avons prononcées hier, en terminant. Mais, comme un grand nombre de nos auditeurs d’hier sont absents aujourd’hui, que, parmi ceux qui sont aujourd’hui présents, un grand nombre ne nous ont pas entendu hier, la diversité de nos auditeurs nous force de reprendre ce que nous avons expliqué. Il en résultera que ceux qui nous ont déjà entendu, conserveront mieux le souvenir de nos paroles ; que ceux qui furent absents hier, n’auront pas fout perdu, grâce à l’exposition qui leur résumera l’enseignement déjà donné. Peut-être ceux qui ne manquent jamais à nos réunions, prétendront-ils que nous ne devrions pas, en considération des absents, reprendre ce que nous avons déjà dit ; qu’il serait bon au contraire de corriger ceux qui ont dédaigné de venir, en leur laissant subir une perte qui les rendrait à l’avenir plus diligents.
Je vous félicite de vous montrer ainsi affligés de la négligence de vos frères, et j’admire votre zèle ; mais je veux que votre zèle soit tempéré par la charité. En effet ; un zèle qui ne pardonne pas, est plutôt de la colère que du zèle ; un avertissement sans douceur, est une espèce de haine. C’est pourquoi je vous prie de ne pas censurer avec amertume les péchés d’autrui ; car, de même que celui qui voit sans être ému de pitié, les blessures de ses frères, sera traité sans indulgence, quand il tombera