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effet, eussions-nous pu jamais connaître tous ces détails de la création, si le Seigneur n’eût daigné les révéler aux hommes par la bouche de son prophète. Nous savons donc aujourd’hui quel ordre Dieu a observé dans la création, nous voyons les effets de sa puissance, et nous admirons cette parole créatrice qui commande au néant, et qui donne l’être à tant de créatures différentes.
4. Et cependant il se rencontre quelques insensés qui, après ces belles instructions, osent encore se dire incrédules, et qui ne veulent pas reconnaître que Dieu a créé le monde ! ils disent, les uns que le hasard a tout fait, et les autres qu’une matière préexistante a tout produit. Mais voyez combien cette illusion du démon est dangereuse, et comment il abuse de la simplicité de ceux qui se laissent séduire ! c’est pour nous préserver d’un semblable malheur que le saint prophète, inspiré par l’Esprit-Saint, nous raconte avec tant d’exactitude tout l’ensemble de la création, en sorte que nous en connaissons manifestement l’ordre et la suite, et que nous savons comment chaque créature a été produite. Mais ai Dieu n’eût pas eu un soin aussi spécial de notre salut, et s’il n’eût dirigé lui-même la langue de son prophète, celui-ci se fût contenté de dire : Dieu créa le ciel et la terre, la mer et les animaux ; et il n’eût pas jugé nécessaire de distinguer les jours de la création, ni de marquer séparément les œuvres de chacun d’eux. Mais pour ôter toute excuse aux hommes ingrats et aveuglés par leurs préjugés, Moïse distingue clairement l’ordre des faits et le nombre des jours ; et il nous instruit avec tant de soin qu’il nous est comme impossible de méconnaître la vérité, et de tomber dans l’erreur des païens. Ceux-ci ne débitent que les rêves de leur imagination, tandis que nous savons combien le Seigneur, notre Dieu, est grand et puissant.
Il avait dit : Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent dans l’eau, et des oiseaux qui volent sur la terre, sous le firmament du ciel ; et soudain l’élément, docile à la parole du Créateur, accomplit son commandement. Aussi Moïse ajoute-t-il : Et il fut fait selon que Dieu l’avait ordonné. Et Dieu créa les grands poissons, et tous les animaux qui ont la vie et le mouvement, que les eaux produisirent chacun selon son espèce ; et il créa aussi des oiseaux, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon ; et il les bénit en disant : croissez et multipliez, remplissez la mer, et que les oiseaux se multiplient sur la terre. (Gen. 1,21-22) Considérez, je vous prie, quelle est la sagesse de l’Esprit-Saint. Déjà Moïse avait dit : et il fut fait ainsi ; et voilà qu’il lui inspire de nous révéler tous les détails de cette œuvre. Et Dieu créa les grands poissons, et tous les animaux qui ont la vie et le mouvement, que les eaux produisent chacun selon son espèce ; et il créa aussi des oiseaux, chacun selon son espèce ; et Dieu vit que cela était bon. Ces paroles répriment de nouveau une téméraire critique. Et en effet, afin que nul ne puisse dire : pourquoi les monstres marins ? quelle est leur utilité, et quels avantages l’homme peut-il retirer de leur création ? Moïse nous apprend d’abord que Dieu créa, avec les grands poissons, tous les animaux qui ont la vie et le mouvement, ainsi que les oiseaux ; et puis il ajoute : que Dieu vit que cela était bon.
C’est comme s’il nous disait : parce que vous ignorez la raison des œuvres divines, ne vous hâtez point de blâmer le Créateur. Vous avez entendu la parole du Seigneur, parole qui proclame qu’elles sont bonnes ; et, pleins d’une folle témérité, vous osez demander pourquoi elles existent, comme si elles n’étaient dans la création qu’une superfluité ? Et toutefois si vous étiez doués d’un sens droit, elles vous feraient connaître la puissance et l’ineffable bonté du Seigneur. Sa puissance paraît en ce qu’il lui a suffi d’une parole et d’un commandement pour produire ces monstres marins, et sa bonté en ce qu’après les avoir créés, il les a relégués dans le vaste abîme de l’Océan, en sorte qu’ils ne peuvent nuire à l’homme. Ainsi ces géants des mers nous font admirer la puissance suréminente du Créateur, et ils sont inoffensifs. Cette double utilité n’est-elle donc pas une grande preuve de la bonté divine, puisque la vue de ces monstres conduit tout esprit sage à la connaissance du Seigneur, et que lui-même, par un prodige de bienveillance, les empêché de nous faire aucun mal ? Car toutes les créatures n’ont pas été produites pour la seule utilité de l’homme ; et quelques-unes sont destinées à publier la magnificence du Créateur. Oui, les unes ont été faites pour notre usage, et les autres pour manifester la grandeur de Dieu, et proclamer sa puissance. Aussi lorsque vous entendez l’écrivain sacré vous dire que Dieu vit que tout cela était bon,