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à vous voler quelques parties du trésor que vous avez reçu en dépôt, qu’ils le chassent à grands cris ; si les inquiétudes du monde vous envahissent, qu’ils les repoussent ; si la faiblesse de la nature produit chez vous l’oubli et la confusion, que l’exercice réveille la mémoire. Ce n’est pas un médiocre danger que de perdre l’argent du Seigneur. Ceux qui ont dissipé l’argent reçu en dépôt, souvent sont punis de mort ; pour ceux qui auront reçu et perdu des biens beaucoup plus précieux, les paroles divines, de quels supplices rie seront-ils pas tourmentés ? Dans le monde, les dépositaires d’argent ne doivent compte que de la manière dont ils ont gardé le dépôt ; on n’exige d’eux rien autre chose ; ils ont reçu tant, ils doivent rendre tant, on ne leur réclame rien de plus ; mais ceux qui ont reçu la parole divine ne doivent pas rendre compte seulement du trésor gardé, on leur demandera compte aussi des gros intérêts qu’il a dû produire. En effet, il ne nous est pas prescrit seulement de rendre ce que nous avons reçu, mais d’offrir le double au Seigneur. Sans doute, ne nous fût-il commandé que de garder ce trésor, il serait encore nécessaire de nous y appliquer avec la plus ardente sollicitude ; mais quand le Seigneur nous a, de plus ; donné l’ordre de le faire fructifier, considérez combien nous, qui avons reçu cet argent, nous devons nous donner de fatigues et de soins. Voilà pourquoi le serviteur à qui l’on avait confié cinq talents, ne se borna pas à en offrir tout autant, mais en offrit le double. (Mt. 25,14 et suiv) Car les cinq talents confiés, marquaient la bonté de son maître, mais il fallait qu’à son tour le serviteur manifestât sa diligence ; de même,' celui à qui l’on avait confié deux talents, sut bénéficier deux autres talents, et, en récompense, son maître lui donna le même honneur qu’à l’autre. Au contraire, un troisième serviteur, à qui l’on n’avait confié qu’un seul talent, et qui le rendit tel qu’il l’avait reçu, sans l’avoir diminué, fut puni pour ne l’avoir pas fait fructifier, pour n’avoir pas présenté le double de la somme qu’on lui avait remise ; il subit le dernier supplice, et cela justement ; car, dit le maître, si je n’avais voulu que garder mon argent, et non en retirer du profit, je ne l’aurais pas livré aux mains de mes serviteurs. Quant à vous, considérez la bonté du Seigneur ; celui à qui on avait confié cinq talents, en offrit cinq autres ; celui qui en avait reçu deux, en rendit deux autres, et chacun des deux serviteurs obtint la même récompense. De même, en effet, que le maître répondit au premier : O bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle en pela de choses, je vous établirai sur beaucoup d’autres ! de même il dit à celui qui lui avait présenté deux talents : O bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle en peu de choses, je vous établirai sur beaucoup d’autres ! (Id. 21-23) Le profit n’est pas le même, et la récompense est la même ; le maître jugea le second serviteur digne du même honneur que l’autre. Pourquoi ? C’est que Dieu ne s’occupait pas de la quantité qu’on lui offrait, mais de la vertu de ceux qui avaient fait valoir leur dépôt. En effet, l’un et l’autre de ces deux serviteurs avaient fait tout ce qui dépendait de chacun d’eux, les talents présentés n’étaient pas plus ou moins considérables ; en raison de la négligence de l’un ou de la diligence de l’autre, ruais en raison de la différence dans la quantité. Celui-ci avait reçu cinq talents, et il présenta cinq autres talents ; celui-là en avait reçu deux, et il en présenta deux ; quant au zèle qui l’animait, il n’était pas inférieur à l’autre. Il est évident que l’un, aussi bien que l’autre, gagna le double de ce qu’on lui avait confié. Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent, ne présenta aussi qu’un talent ; pour cette raison, il subit le châtiment.
2. Avez-vous bien compris quel supplice est réservé à ceux qui ne savent pas faire valoir la fortune du Seigneur ? Donc, sachons conserver son argent, le négocier, en tirer un grand profit. Et que personne ne dise : Je ne suis qu’un ignorant, un disciple ; je n’ai pas la parole de l’enseignement ; je suis sans habileté, sans valeur aucune. Quand vous ne seriez qu’un ignorant, qu’un disciple, quand vous n’auriez reçu qu’un talent, faites le négoce avec ce qui vous a été confié ; vous recevrez une récompense égale à celle d’un docteur. Mais maintenant, je suis persuadé que vous gardez avec soin dans votre mémoire les paroles que vous avez entendues. Ne dépensons pas à ce propos tout ce que nous avons aujourd’hui à vous dire. Allons, continuons l’entretien d’hier ; joignons-y la suite ; nous voulons vous payer le salaire dû à ceux qui conservent la parole. En effet, celui qui a bien gardé un premier dépôt, mérite d’en recevoir un autre. Quel sujet d’entretien, hier, nous étions-nous donc proposé ? Nous parlions de