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SEPTIÈME DISCOURS.


Pourquoi cet arbre est-il appelé arbre de la science du bien et du mal : et que signifie cette parole : « Aujourd’hui, vous serez avec moi dans le paradis. » (Gen. 2,9 ; Lc. 23,43)

ANALYSE.

  • 1. C’est une grande obligation de mettre la parole de Dieu en pratique. – 2. Pourquoi l’arbre de la science du bien et du mai a été ainsi appelé. Nous connaissons tous le mal, même avant de le commettre ; mais nous en acquérons une connaissance plus approfondie en le commettant. – 3. À ce bois funeste qui fut l’occasion de la chute d’Adam, opposons ce bois de la croix qui a sauvé le monde et introduit le Larron dans le paradis. – 4. Réfutation d’une objection manichéenne touchant l’entrée du larron dans le paradis. – 5. Ce qu’il faut entendre par le paradis.


1. Je vous ai vivement exhortés hier, à garder le souvenir de nos paroles, à prendre soin, chez vous, de dresser le soir, deux tables, l’une, des mets du corps ; l’autre, des mets de l’Écriture. Eh bien, l’avez-vous fait ? les avez-vous dressées, ces deux tables ? Je sais que vous avez suivi nos conseils, que vous ne vous êtes pas assis seulement à la table du corps, mais que vous avez également pris votre part à l’autre ; il n’était pas possible, après vous être portés avec tant d’ardeur vers la moins délicate, de négliger la table dont les mets sont plus recherchés. Oui, la table dont je parle, est la meilleure : l’autre s’apprête par les mains des cuisiniers ; celle-ci, nous la devons à la langue des prophètes ; l’autre porte les productions de la terre, celle-ci les fruits de l’Esprit ; la nourriture de l’autre se corrompt bien vite, les mets de celle-ci sont incorruptibles ; l’autre conserve la vie présente ; celle-ci engendre pour nous, la vie future. Et je sais bien que la table spirituelle a été dressée chez vous avec l’autre ; je ne le sais pas pour avoir interrogé, soit le serviteur qui vous accompagne, toit le domestique qui vous sert ; celui qui me l’a dit, est un porteur de nouvelles, qui s’énonce plus clairement que tous ses serviteurs. Qui me l’a dit enfin ? Le bruit de vos mains applaudissant nos paroles, votre chaleureuse adhésion à nos enseignements. Hier, en effet, quand je vous ai dit : Que chacun de vous fasse de sa maison une église, vous avez tous poussé de grandes acclamations de plaisir. Celui qui a du plaisir à entendre les discours, montre qu’il est prêt à les confirmer par ses actions ; voilà pourquoi aujourd’hui je me suis préparé avec une ardeur nouvelle à vous instruire. Maintenant réveillez vos esprits ; car l’orateur n’est pas seul obligé de tenir son esprit en éveil ; l’auditeur aussi doit être attentif, et plus encore que l’orateur. En effet, nous qui parlons, nous n’avons qu’un souci à prendre, c’est de placer l’argent du Seigneur ; mais vous, vous avez plus de peine à vous donner d’abord pour bien recevoir le dépôt, ensuite pour le conserver en toute sûreté. Donc, lorsque vous aurez entendu la parole, mettez à vos portes, serrures et verroux ; que des pensées qui inspirent la terreur, soient comme des gardiens, placés de toutes parts autour de votre âme. Le voleur est impudent, toujours éveillé ; sans cesse il fait irruption ; quoiqu’il manque souvent ses coups il revient souvent à la charge. Ayez donc prés de vous des gardiens redoutables, et s’ils voient venir le démon, s’apprêtant