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d’un nom qui marque l’homme, dit-il, parce qu’elle a été prise de l’homme. Voyez-vous de quel nom Adam l’appelle, afin que ce nom nous enseigne la communauté de nature, et que cet enseignement qui démontre la communauté de nature, et la manière dont la femme a été créée, soit le fondement d’une affection durable et le lien de la concorde ? Ensuite que dit-il ? C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera a sa femme. (Gen. 2,24) Il ne dit pas simplement s’unira, mais s’attachera, pour signifier l’union la plus étroite. Et ils seront deux dans une seule chair. Eh bien ! comment celui qui savait tant de choses, pouvait-il ignorer, répondez-moi, je vous en prie, ce qu’était le bien, ce qu’était le mal ? Qui pourra le prétendre avec une apparence de raison ? Si Adam ne distinguait pas le bien du mal, avant d’avoir mangé du fruit, si ce discernement ne lui est venu qu’après qu’il a eu mangé, il faut dire alors, que le péché a enseigné la sagesse au premier homme ; le serpent cesse d’être un séducteur ; il a été, pour lui un conseiller utile ; Adam était un animal dépourvu de raison, le serpent en a fait un homme. Loin de nous cette pensée ! Il n’en est pas ainsi, non. Si Adam ne connaissait pas ce que c’était que le bien, ce que c’était que le mal, comment a-t-il pu recevoir un ordre ? Jamais législateur ne fait de loi pour celui qui ne sait pas que c’est mal faire, que de transgresser la loi. Or, Dieu a porté la loi, a puni le transgresseur, et, certes, Dieu n’eût fait ni l’un ni l’autre, si, dès le principe, il ne lui eût attribué le discernement de la vertu et du vice. Vous voyez qu’il devient manifeste pour nous, parfaitement clair, que ce n’est pas seulement après avoir mangé, qu’Adam a connu et le bien et le mal, qu’il possédait auparavant cette science.
Conservons en nous, mes bien-aimés, toutes ces pensées, et, de retour dans nos maisons, dressons-nous deux tables, l’une, des mets du corps, l’autre des mets de la sainte Écriture, que le mari répète ce qui a été dit, que la femme s’instruise, que les enfants écoutent, et que les serviteurs ne soient pas frustrés de nos lectures ; faites, chacun de vous, de votre maison une église ; sachez qu’il vous faudra rendre compte du salut, et de vos enfants et de vos serviteurs. De même qu’on réclamera, de nous, des comptes, pour ce que nous aurons fait de vous, de même on réclamera, de chacun de vous, des comptes, pour ce qu’il aura fait de son serviteur, de sa femme, de son fils. Après des conversations de ce genre, les songes les plus agréables viendront nous charmer, sans aucune espèce de visions terribles ; ce que l’âme a coutume de méditer pendant le jour, ses songes le lui représentent pendant la nuit, et lui en fournissent l’image. Si les paroles prononcées chaque jour, se conservent dans vos mémoires, nous n’aurons pas besoin d’un grand travail ; le discours suivant sera pour vous plus clair, plus facile, et nous aurons moins d’efforts à faire pour vous instruire. Afin donc que nous puissions, vous et nous, avec quelque profit, nous, d’une part, vous donner l’enseignement, vous, d’autre part, écouter la parole, après la table pour le corps, dressez, de plus, chez vous, la table spirituelle, Ces pieux discours seront pour vous une sécurité, un ornement de votre vie. Dieu dirigera les affaires mêmes de la vie présente, d’une manière conforme à vos intérêts ; tout vous deviendra facile. Cherchez, dit-il, premièrement le royaume des cieux, et toutes ces choses vous seront données comme par surcroît. (Mt. 6,33) Cherchons-le donc, mes bien-aimés, afin d’obtenir, et les biens d’ici-bas, et ceux de là-haut, parla grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui, gloire au Père et à l’Esprit-Saint, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.