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milieu de nous ; et, ce qui dépasse tout ce qu’il y a de plus grand, le Seigneur même, le Maître du monde, se tient au milieu de nous, Jésus ! Il le dit lui-même : En quelque lieu que se trouvent deux ou trois personnes assemblées en mon nom, je m’y trouve au milieu d’elles. (Mt. 18,20) S’il est vrai que, par, tout où deux ou trois personnes sont réunies, Jésus se trouve au milieu d’elles, à bien plus forte raison se trouve-t-il où sont rassemblés tant d’hommes, tant de femmes, tant de pères, et d’apôtres et de prophètes.
C’est ce qui augmente notre zèle à vous parler ; voilà notre force, et, maintenant, il faut que nous vous payions notre dette. Nous vous avons promis de vous parler d’abord de l’arbre du paradis, si c’est de cet arbre qu’Adam a tiré la connaissance du bien et du mal, ou si, même avant de manger du fruit, il était doué de la faculté de faire ce discernement. Ayons confiance et disons, dès maintenant, sans hésiter, que, même avant de manger du fruit, Adam savait discerner le bien du mal. En effet, s’il n’avait pas su ce qui est bien, ce qui est mal, il aurait été plus dépourvu de raison que – les êtres sans raison ; le maître aurait eu moins d’intelligence que les esclaves. Voyez donc l’absurdité : des chèvres, des brebis savent quelle plante leur est utile, quelle autre leur est nuisible ; elles ne s’attachent pas indifféremment à toutes celles qu’elles voient, elles discernent, elles connaissent très-bien ce qui, d’une part, leur est nuisible, ce qui, d’autre part, leur est utile, et l’homme aurait été privé d’une faculté nécessaire à sa sûreté ? S’il n’en eût pas été doué, il n’aurait eu aucune valeur, il aurait été au-dessous de tous les animaux ; il aurait cent fois mieux valu pour lui vivre dans les ténèbres, aveugle, privé de la lumière, que de ne pas connaître ce qui est bien, ce qui est mal. Supprimez de notre vie, cette faculté, vous ruinez notre vie tout entière, ce n’est plus que bouleversement et confusion partout ; c’est là en effet ce qui nous distingue des animaux sans raison, c’est là ce qui nous rend supérieurs aux bêtes : connaître ce que c’est que le vice, ce que c’est que la vertu, reconnaître ce qui est mal, ne pas ignorer ce qui est bien. Si nous avons cette connaissance aujourd’hui, non pas nous seulement, mais et les Scythes et les barbares, certes, à plus forte raison, le premier homme la possédait avant le péché ; quand il était comblé de tous les honneurs qui conviennent à l’image et à la ressemblance de Dieu, quand il avait été enrichi de tant de bienfaits, il n’était pas privé du premier de tous les biens. La connaissance du bien et du mal n’a été refusée qu’à ceux à qui la nature n’a pas donné l’intelligence et la raison. Adam, au contraire, possédait l’abondance de la sagesse, et pouvait discerner l’opposition du bien et du mal ; ce qui prouve qu’il possédait l’abondance de la sagesse spirituelle, c’est l’Écriture ; écoutez la démonstration : Dieu amena, dit le texte, les animaux devant Adam afin qu’il vît comment il les appellerait, et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. (Gen. 2,19) Considérez de quelle sagesse était rempli celui qui, à tant d’espèces si variées, à tant de genres si divers, bêtes de somme, reptiles, oiseaux, a pu donner tous les noms, et les noms propres. Dieu approuva ces noms, sans réserve, au point qu’il ne les changea pas, même après le péché. Et le nom qu’Adam donna, dit le texte, à chacun des animaux, est son nom véritable.
2. Eh bien ! donc, ignorait-il ce que c’est que le bien, ce que c’est que le mal ? Qui pourrait le prétendre ? Autre preuve : Dieu conduisit la femme auprès de lui, et, tout de suite, à son aspect, il reconnut sa compagne, et que dit-il ? Voilà maintenant l’os de mes os et la chair de ma chair. (Id. 23) Peu d’instants auparavant, Dieu lui avait amené tous les animaux ; Adam veut montrer que la femme ne doit pas être confondue avec les autres êtres animés, il dit : Voilà maintenant l’os de mes os et la chair de ma chair. Il est vrai que quelques interprètes prétendent qu’Adam ne se borne pas ici à indiquer cette pensée, qu’il exprime, en outre, de quelle manière la femme a été créée ; qu’il veut faire entendre que la femme ne naîtra pas une seconde fois de la même manière ; que c’est pour cette raison qu’il dit : Voilà maintenant, parole qu’un autre interprète explique ainsi : Voilà pour cette fois, comme si Adam disait : Voilà maintenant, pour cette fois seulement, que la femme a été tirée de l’homme seul, mais dans la suite, il n’en sera pas de même, elle naîtra des deux. L’os de mes os et la chair de ma chair. En effet, Dieu ayant pris, de l’homme tout entier, un fragment, a formé la femme de cette manière, afin d’établir sa parfaite communauté avec son mari ; celle-ci s’appellera