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461 une telle prière, ne punisse, en tombant sur nous, cette cruauté monstrueuse ! Comment se peut-il, je vous le demande, quand nous allons nous reposer, quand nous allons dormir, que nous ne craignions pas de voir en songe ce même pauvre avec ses vêtements misérables, couvert de ses haillons, d’une voix gémissante, lamentable, nous reprocher notre dureté ? J’ai entendu beaucoup de personnes me dire, que, quand elles avaient néglige, pendant le jour, de secourir les pauvres, il leur avait semblé, pendant la nuit, se voir garrottées, traînées par les indigents, tourmentées, accablées de maux sans nombre ; songe et vision que tout cela ; châtiment qui passe, qui n’a qu’un temps. Mais, n’avons-nous pas à craindre, je vous le demande, qu’un jour ce pauvre qui se lamente, qui crie et qui pleure, ne nous apparaisse dans le sein d’Abraham, comme Lazare autrefois parut aux yeux de ce riche que vous connaissez ? Pour les conséquences, je laisse à votre conscience le soin de les méditer, conséquences pleines d’amertume et d’insupportables douleurs : Comment il demanda de l’eau ; comment il n’en obtint pas une seule goutte ; comment sa langue fut tourmentée ; comment, après grand nombre de prières inutiles, il n’obtint aucun pardon ; comment il fut livré aux supplices éternels. Loin de nous le malheur de connaître cette vérité par notre expérience personnelle ! Qu’il nous suffise de l’apprendre, par ce récit. Évitons, par nos œuvres, les divines menaces ; rendons-nous dignes d’être reçus, avec amour et dilection, par notre père Abraham, et puissions-nous parvenir, auprès de lui, dans le sein de Dieu, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père et au Saint-Esprit, la gloire, l’honneur, l’empire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.