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Il n’est pas besoin, dirent-ils, ô roi, que nous répondions à cette parole. (Dan. 3,16) Ce ne sont pas des paroles, mais les actions mêmes, qui feront notre démonstration. Il y a un Dieu dans le ciel, qui peut nous arracher de la fournaise. (Id. 1.7) Ils rappellent au roi le bienfait de Daniel dans les mêmes termes dont s’est servi le Prophète ; car que disait-il alors ? Les sages, les mages, les devins, et les augures ne peuvent découvrir au roi le mystère dont il est en peine, mais il y a un Dieu au ciel qui révèle les mystères. (Id. 2,27, 28) Ils lui rappellent donc cette parole, pour le rendre plus modeste ; ensuite, l’Écriture ajoute: Et s’il ne veut pas le faire, nous vous déclarons néanmoins, ô R. que nous n’honorons point vos dieux, et que nous n’adorons point la statue d’or que vous avez fait élever. (Id. 3,18) Voyez la sagesse de ces jeunes hommes. Ils ne veulent pas que le peuple qui les regarde, méconnaisse la puissance de Dieu, s’ils venaient à mourir après avoir été jetés dans la fournaise ; ils commencent donc par proclamer cette puissance, par ces paroles : Il y a un Dieu dans le ciel, qui peut nous arracher de la fournaise. Et maintenant, dans le cas où ils échapperaient aux flammes, pour qu’ils ne fussent pas soupçonnés d’avoir servi Dieu dans l’espérance d’un salaire et d’une récompense, ils ajoutent : Et s’il ne veut pas le faire, nous vous déclarons néanmoins, ô R. que nous n’honorons point vos dieux et que nous n’adorons point la statue d’or que vous avez fait élever. Par ces paroles, ils publient la puissance de Dieu, et, en même temps, ils montrent la noble confiance de leur âme, de manière qu’il soit impossible de renouveler contre eux, la calomnie intentée contre Job. par le démon. Que disait le démon ? Ce n’est pas sans intérêt que Job vous honore, car vous l’avez fortifié de toutes parts au dedans et au-dehors. (Job. 1,9-10) Donc, pour prévenir cette calomnie, ces jeunes hommes prennent leurs précautions d’avance et lui ferment sa bouche impudente.
Vous vous rappelez ce que je vous ai dit ; quoique prisonnier, quoique esclave, quoique étranger, quoique exilé, quiconque porte avec soi la vertu, est plus roi que tous les rois. Comprenez-vous que nous avons supprimé la servitude des femmes, la servitude des esclaves, la servitude qui assujettit aux puissances ? Eh bien ! maintenant, je veux vous montrer que c’en est fait aussi de la crainte inspirée par les bêtes féroces. Dans la même ville de Babylone, autrefois, Daniel fut jeté dans une fosse, mais les lions n’osaient le toucher, car ils voyaient briller en lui, l’ancienne image du roi de la nature ; ils reconnaissaient les nobles traits qu’ils avaient vus sur le visage d’Adam, avant le péché ; ils s’approchèrent de Daniel avec la même soumission qu’auprès d’Adam, lorsque le premier homme leur imposait leurs noms ; et, ce qui arriva à Daniel, arriva aussi au bienheureux Paul. Jeté dans une île barbare, assis auprès d’un grand feu, il se chauffait. (Act. 28) Voici que, s’élançant du bois sec, une vipère lui sauta à la main. Qu’arriva-t-il ? la bête aussitôt tomba morte ; car, comme elle ne trouva pas en lui de péché, il lui fut impossible même de le mordre. Mais, de même que, lorsque nous voulons gravir une hauteur dont la pente ne présente pas d’aspérités si nous ne trouvons rien que notre main puisse saisir, tout à coup nous tombons, soit dans la mer qui s’étend sous nos pieds, soit dans un précipice ; de même cette bête qui se trouvait au-dessus du foyer, n’ayant pu trouver le péché pour s’y attacher, pour y enfoncer ses dents, tomba dans le foyer et mourut. Voulez-vous encore une autre preuve à l’appui de nos réflexions ? La première, vous le savez, c’est qu’aux premiers pécheurs, il faut joindre ceux qui ont vu le jour après eux ; mais maintenant, une seconde preuve, c’est que les hommes vertueux, et cela même dans la vie présente, ont rendu leur servitude plus légère, disons mieux, se sont entièrement affranchis, comme nous l’avons montré, à propos des femmes, à propos de ceux qui subissent les puissances, à propos des bêtes féroces. Mais, à ces preuves, il en faut ajouter une troisième ; c’est que le Christ en venant au milieu de nous, nous a promis des biens plus grands que ceux dont nous a dépouillés la faute des premiers pécheurs. Eh bien ! je vous le demande, qu’avez-vous à pleurer ? est-ce parce que le péché d’Adam vous a chassés du paradis ? faites de bonnes œuvres, animez-vous d’un vertueux zèle, et ce n’est plus le paradis seulement, mais le ciel, que j’ouvre devant vous ; et je ne veux pas que, de la prévarication de votre premier père, il vous arrive aucun mal. Pourquoi vos pleurs ? Est-ce parce que vous êtes déchus de votre empire sur les bêtes féroces ? Voici que je vous soumets les démons eux-mêmes, si vous voulez