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CINQUIÈME DISCOURS.


Que nous ne devons pas à Adam d’être punis, mais que nous lui devons des biens plus grands que les maux si nous voulons faire attention à notre salut : contre ceux qui négligent les pauvres.

ANALYSE.

  • 1-2. Pourquoi le péché d’un seul attire-t-il le châtiment sur les autres ? Avec la vertu, la servitude n’est qu’un nom. L’exemple de Nabuchodonosor et des trois enfants prouve que celui qui pratique la vertu est libre et supérieur aux rois mêmes. – 3 – 4. Exhortation à l’aumône. Vie misérable des pauvres, et dureté des riches.


1. Vous croyez peut-être que nous n’avons plus rien à dire sur la domination, mais, moi, je vois encore un fruit précieux à recueillir. Ne vous fatiguez pas, je vous en prie, laissez-moi le temps d’achever ma vendange. Les agriculteurs laborieux qui voient une vigne chargée d’un épais feuillage, courbée sous l’abondance de ses fruits, ne se contentent pas de couper les grappes du dehors ; ils s’enfoncent dans l’intérieur du cep, ils brisent les branches ; ils écartent les sarments, de manière à récolter jusqu’au moindre grain caché sous les feuilles. Ne vous montrez donc pas plus négligents que les vendangeurs ; ne vous en allez pas, avant d’avoir tout cueilli ; considérez surtout que la peine est pour moi, le fruit pour vous.
Hier, nous avons accusé les femmes, c’est-à-dire non, nous n’avons pas accusé les femmes ; mais Eve, d’avoir, par le péché, introduit la servitude. Les femmes pourront me dire pourquoi ? c’est elle qui a commis la faute, et l’on nous condamne ? la chute d’une seule est devenue l’accusation du sexe tout entier ? Les esclaves, à leur tour, pourront me dire : eh quoi ! parce que Cham a outragé son père, toute une race d’hommes a été punie ? Et ceux qui tremblent devant les puissances, pourront m’objecter : pourquoi, quand ce sont les autres qui vivent dans le crime, subissons-nous, nous aussi, le joug de cette servitude ? Que répondrons-nous donc à toutes ces réclamations ? Une seule et même explication les fera tomber toutes. Les premiers pécheurs ont introduit la servitude par leur prévarication personnelle, mais les pécheurs qui sont venus après, ont confirmé cette servitude par les péchés qu’eux-mêmes ont commis. En effet, si ces derniers pouvaient toujours se montrer purs, peut-être paraîtraient-ils avoir raison de contredire ; mais, s’ils se sont exposés, eux aussi, à de nombreux châtiments, leur excuse n’est pas fondée. Moi, je ne vous ai pas dit que le péché d’aujourd’hui n’introduit pas la servitude, mais qu’à tout péché se joint nécessairement la servitude ; j’ai attribué la cause de la servitude à la nature du péché, et non seulement à la différence du péché ; de même que toutes les maladies incurables sont mortelles, sans être toutes cependant de la même nature, de même tous les péchés engendrent la servitude, sans être tous cependant de la même nature. Eve a péché en goûtant le fruit, et, pour cela, elle a été condamnée ; pour cette raison, vous, gardez-vous de commettre un autre péché, plus grave peut-être que cette première faute. Nous