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dit simplement, ni qu’on frappera de mort le parricide, ni que les bourreaux le traîneront hors du tribunal, à travers la place publique ; ni qu’on lui tranchera la tête en dehors de la cité ; c’est au milieu même de la cité, que le père outragé conduit son fils coupable, et sans rien qui ressemble à un plaidoyer, le père est sûr d’être cru ; et c’est avec raison, car celui qui prodiguerait volontiers tout ce qu’il possède, tout ce qu’il a de santé et de force, tout ce qui est à lui, pour son enfant, ne s’en ferait jamais l’accusateur, s’il n’avait reçu de lui un sanglant outrage. Donc le père le conduit au milieu de la cité ; il appelle tout le peuple ; il prononce l’accusation, et parmi tous ceux qui l’écoutent, chacun prend une pierre, et tous écrasent le parricide. Ce ne sont pas de simples spectateurs du châtiment, mais des ministres que la loi réclame, afin que, pour chacun d’eux, la simple inspection de cette main qui a jeté la pierre contre la tête du parricide, soit un avertissement suffisant, pour les tenir dans le devoir. Ce n’est pas tout : le législateur nous insinue encore une autre pensée : qui outrage ses parents, n’est pas coupable envers eux seuls, mais se rend coupable envers tous les hommes, et voilà pourquoi tous les hommes sont appelés à exécuter en commun le châtiment ; c’est qu’ils sont tous outragés ; le législateur convoque, à la fois, tout le peuple, la cité tout entière, enseignant par là que ceux qui n’ont, avec les parents outragés, rien de commun, ressentent cependant, tous ensembles, la même indignation contre ceux qui leur ont fait outrage, comme si l’outrage frappait la nature entière, et parce qu’un homme, ainsi dégradé, c’est une peste, un fléau public, qu’il ne suffit pas de bannir de la cité, qu’il faut encore faire disparaître de la lumière. Un tel homme, en effet, est un ennemi public, un ennemi particulier, un ennemi commun de tous les hommes, de Dieu, de la nature, des lois, de la société des vivants. Voilà pourquoi nous devons tous participer à l’extermination, afin de purifier la cité. Ah ! maintenant, que l’abondance des biens soit sur vous, parce que vous avez écouté avec tant de plaisir ce que nous venons de dire sur le parricide, et, qu’au lieu de prendre des pierres, c’est par vos cris que vous l’avez exterminé. Marque certaine de la grande affection que chacun de vous a pour son père ; car les lois que nous admirons le plus, ce sont les lois qui châtient les péchés que notre conscience ne nous reproche pas. Pour tous ces biens, rendons grâces au Dieu plein de bonté, qui veille sur nous, qui prend soin de nos parents, qui s’inquiète pour nos enfants, qui dispose tout pour notre salut. A lui la gloire, l’honneur et l’adoration, ainsi qu’au Père, qui n’a pas eu de commencement, ainsi qu’à l’Esprit-Saint, et maintenant, et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.