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la justice. Entendez Paul proclamant encore cette vérité. La loi n’est pas pour le juste. (1Tim. 1,9) S’il n’y a pas de loi pour lui, à bien plus forte raison, n’y a-t-il pas de prince ; voilà donc la troisième espèce de domination qui est encore une conséquence du péché et de la perversité.
3. Comment donc Paul a-t-il pu dire que toute puissance vient de Dieu ? (Rom. 13,2) C’est que Dieu a établi les puissances de manière à nous être utiles ; d’une part, le péché a rendu les puissances nécessaires, d’autre part Dieu les a converties à notre utilité. Et, de même que, si les blessures rendent les remèdes nécessaires, c’est la sagesse des médecins qui les applique ; de même, c’est le péché qui a fait de la servitude une nécessité, mais cette nécessité a subi la direction imprimée par la sagesse du Dieu qui l’a dompté. Voyons, soyez donc attentifs, et corrigez-vous donc de votre laisser aller. Je sais bien ce que je dis. Nous vous expliquons les Écritures, et vous voilà détournant, loirs de nous, vos regards sur les lampes et sur l’allumeur ! Vraiment, quelle légèreté, nous laisser là pour vous occuper de cet homme ! Et moi aussi, j’allume, je tire ma flamme dés Écritures, notre langue que ce feu brûle, est le flambeau dé la doctrine. Cette clarté-là brille plus, et vaut mieux que la sienne. Nous ne l’allumons pas, comme lui, avec de l’huile sur une mèche, nous trempons les âmes dans la piété, et nous les allumons ensuite, parce qu’elles s’embrasent du désir d’apprendre. Un jour, Paul conversait, dans une pièce, au haut d’une maison. (Act. 20,7-9) Je ne voudrais pas pourtant qu’on s’imaginât que j’aie la prétention de me comparer à Paul ; je ne suis pas assez insensé ; ce que je veux, c’est vous faire comprendre l’ardeur avec laquelle vous devez entendre la parole. Eh bien donc, Paul discourait dans une pièce au haut d’une maison et la nuit vint, comme en ce moment, et il y avait des lampes dans la chambre ; alors, Eutychus tomba d’une fenêtre, sans que cette chute dispersât la réunion ; il mourut, et l’assemblée ne se sépara pas. C’est que les auditeurs étaient si fortement attachés à la divine parole, qu’ils ne s’aperçurent en aucune façon de cette chute. Quant à vous, la chose la plus ordinaire, la moins étonnante, se passe sous vos yeux, c’est un homme qui vient faire son office de tous les jours, et tous vos regards se sont tournés sur lui. Cette légèreté est-elle pardonnable ? Il ne faut pas, mes bien-aimés, trouver la réprimande importune et sévère ; nous n’avons pas de haine, c’est notre sollicitude pour vous qui nous l’inspire. Les blessures que fait, celui qui aime valent mieux que les baisers qu’offrent d’eux-mêmes les ennemis. (Prov. 27,6)
Faites donc attention, je vous en prie, et laissant là ce feu, appliquez vos âmes à la lumière des saintes Écritures. J’ai, en effet, résolu dé vous parler d’une autre autorité, qui ne tire pas son origine du péché, mais de la nature même. Quelle est cette autorité ? Celle des parents sur leurs enfants. Le respect de cette autorité, c’est un juste retour en échange des douleurs de l’enfantement ; aussi un sage a dit : Sois soumis comme à des maîtres, à ceux qui t’ont engendré. (Eccl. 3,8 ; 7, 30) Il ajoute ensuite la cause en disant : Car, que rendrez-vous qui égale ce qu’ils ont fait pour vous? Cependant, qu’est-ce que le fils ne peut pas rendre à son père ? Le texte n’a donc rien voulu dire que ceci : Ils t’ont engendré, impossible à toi de les engendrer de même ; donc, puisqu’à cet égard nous restons au-dessous d’eux, cherchons d’autres moyens, surpassons-les par les honneurs que nous leur rendons ; ne suivons pas, en cela, seulement la loi de la nature, écoutons, avant la nature, la crainte de Dieu. C’est la volonté de Dieu, sa volonté expresse, que les parents soient honorés par les enfants. Qui remplit ce devoir, se prépare de grandes récompenses ; ceux, au contraire, qui enfreindraient la loi, seraient frappés par lui, de châtiments terribles. Que celui qui aura prononcé, dit la loi, une parole d’imprécation contre son père où contre sa mère, soit puni de mort. (Ex. 21,17) Quant à ceux qui honorent leurs parents, voici comme la loi les encourage : Honorez votre père et votre mère, afin que vous soyez heureux et pleins de jours sur la terre. (Ex. 20,12) Ce qui paraît le plus grand des biens, une belle et noble vieillesse, la longueur des jours, voilà le prix qu’on propose à ceux qui honorent leurs parents. Mais, ce qui semble le plus affreux malheur, la mort prématurée, voilà la menace, suspendue sur ceux qui les outragent. On arrache l’affection des uns par la gloire qu’on leur annonce ; les autres, on les détourne violemment des outrages qu’ils voudraient commettre, en leur faisant redouter le châtiment. Car, il n’est pas