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une aide, mais semblable à lui. (Gen. 2,18), pour montrer encore l’égalité dans l’honneur. Les animaux sans raison nous sont, eux aussi, des aides fort utiles pour les nécessités de notre vie ; n’allez pas croire, par hagard, que la femme dût être mise au nombre des esclaves : voyez quel soin, dans le texte, pour l’en séparer très-distinctement. Il amena les animaux, dit le texte, devant Adam, et il ne se trouvait point d’aide pour Adam qui lui fût semblable. (Gen. 2,19-20) Quoi donc ! N’est-ce pas un aide, que le cheval, qui lui prête son secours dans les combats ? N’est-ce pas un aide que le bœuf, qui traîne la charrue, et, à l’époque des semences, travaille avec nous ? Ne sont-ce pas des aides, que l’âne et le mulet, qui nous aident à transporter nos fardeaux ? C’est pour prévenir cette observation, que l’Écriture prend soin de distinguer ici ; elle ne se contente pas de dire : Il ne se trouvait point d’aide pour lui, mais : Il ne se trouvait point d’aide qui lui fût semblable. Et de même, Dieu ne dit pas seulement : Faisons-lui une aide, mais : Faisons – lui une aide semblable à lui. Telles étaient les paroles avant le péché ; mais, après le péché, Vous vous tournerez vers votre mari, et il vous dominera. (Gen. 3,16) Je vous ai faite, dit-il, égale par l’honneur ; vous avez abusé de votre commandement ; descendez au rang de sujette ; vous n’avez pas supporté la liberté, acceptez la servitude ; vous n’avez pas su commander, vous l’avez montré par votre conduite, soyez au rang des créatures soumises, et reconnaissez l’homme pour votre maître : Vous vous tournerez vers votre mari, et il vous dominera. Mais voyez, ici, la bonté de Dieu. En entendant ces mots : il vous dominera, elle aurait pu imaginer une domination pesante ; Dieu a exprimé d’abord la sollicitude en disant : Vous vous tournerez vers votre mari, c’est-à-dire : il sera votre refuge, votre port, votre sécurité ; je vous le donne pour que, dans tous les maux qui vous affligeront, vous vous tourniez vers lui, vous cherchiez en lui votre refuge. Et, ce n’est pas tout ; il les a enchaînés l’un à l’autre par des lois naturelles, par une réciprocité de désirs qui forment, autour d’eux, d’indissolubles liens. Voyez-vous comme la sujétion est venue par le péché ; mais aussi, comme l’ingénieuse sagesse de Dieu a tout converti à notre utilité ? Écoutez ce que dit Paul, de cette sujétion, et vous comprendrez, une fois de plus, la concorde de l’Ancien et du Nouveau Testament : Que les femmes se tiennent en silence et dans une entière soumission lorsqu’on les instruit. (1Tim. 2,11-12)
Voyez-vous que c’est Dieu lui-même qui a mis la femme sous la puissance de l’homme ? Mais attendez : vous allez en savoir la cause. Pourquoi : dans une entière soumission ? Je ne permets pas, dit-il, à la femme d’enseigner. Pourquoi ? c’est qu’elle s’est prise une fois à enseigner, et qu’elle a mal enseigné Adam. Ni de prendre autorité sur son mari. Pourquoi ? c’est qu’elle a pris une fois cette autorité, et ce fut un mal. Mais, je lui ordonne d’être dans le silence. J’attends la raison : Adam, dit-il, n’a point été séduit, mais la femme ayant été séduite est tombée dans la désobéissance. Voilà donc pourquoi il la fait descendre de la chaire où l’on enseigne. En effet, que celui qui ne sait pas enseigner, dit-il, s’instruise lui-même ; s’il ne veut pas s’instruire, s’il a la prétention d’enseigner, il se perdra lui-même, et ses disciples après lui : n’est ce qui est arrivé à la première femme. Voilà donc la vérité : elle a été assujettie à son mari, et c’est le péché qui l’a assujettie. Cette vérité est devenue évidente, mais c’est ce qui suit que je voudrais comprendre. Vous vous tournerez vers votre mari, et il vous dominera.
2. Je tiens à savoir ce que dit Paul de la sollicitude qui se montre ici, et comment il concilie la domination et la bienveillance. Dans quel passage ? Il écrit aux Corinthiens : Maris, aimez vos femmes. (Eph. 5,25) C’est le : Vous vous tournerez vers votre mari ; Que les femmes craignent leurs maris (Id. 33) : c’est le, et il vous dominera. Voyez-vous la douceur de cette domination ? C’est l’amant passionné qui commande à la femme devenue son esclave ; c’est la tendresse qui respire dans ce maître terrible. Voilà comment disparaît tout l’ennui de la servitude. Donc, la désobéissance a introduit une domination. Oubliez, en effet, que Dieu a tempéré comme il le fallait la servitude ; considérez uniquement ceci : que cette servitude a été établie par le péché. Eh bien ! il est encore une seconde espèce de servitude bien plus pesante que la première, et cette seconde servitude provient aussi du péché. Après le déluge de Noé, après ce commun naufrage, cette destruction de l’univers, Cham s’est rendu coupable envers son père ; il l’avait vu dans un état de nudité ; en l’accusant auprès