Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/456

Cette page n’a pas encore été corrigée

DEUXIÈME DISCOURS.


Discours prononcé au commencement du carême sur ce verset : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » (Gen. 1,1) ; sur le jeûne et sur l’aumône.

ANALYSE.

  • 1. La prière de l’Église dirige la langue du Docteur chrétien. Pourquoi Dieu, en créant l’homme, ne dit pas : que l’homme soit fait, mais, faisons l’homme. Cette seule parole faisons, prouve le Fils unique de Dieu. – 2. Contre les Anthropomorphites.


1. Vous souvenez-vous des questions qui vous ont été proposées hier ? C’est que vous avez si bien encouragé notre arrogance et notre audace, que maintenant nous ne craignons pas d’attaquer toutes les questions, ou plutôt, ce n’est ni de l’audace, ni de l’arrogance. Car notre assurance ne nous vient pas dé notre force particulière, nous la fondons sur les prières des pontifes qui nous dirigent ; ce sont vos prières aussi qui nous ont excité à entrer dans la carrière. Voilà la puissance de la prière de l’Église ; fussions-nous plus muets que la pierre, elle rend notre langue plus agile que l’aile des oiseaux. Quand la brise enfle la voile, le navire fend l’onde, plus rapide qu’une flèche ; ainsi la prière de l’Église, comme un souffle plus puissant que le zéphir, emporte au loin l’orateur. Voilà pourquoi, chaque jour, nous nous préparons à la lutte avec confiance. En effet, si, dans les joûtes qui plaisent au monde, dix ou vingt amis seulement, dans ta foule immense, suffisent pour déterminer un lutteur à descendre fièrement dans l’arène, à bien plus forte raison nous, qui n’avons pas dix ou vingt amis seulement, qui nous regardent, mais tout un peuple, composé de frères et de pères, descendons-nous dans l’arène avec confiance. Toutefois, dans les luttes profanes, l’athlète n’attend pas grand secours du spectateur, qui ne peut que crier, l’admirer dans l’occasion, et de la place supérieure où il est assis, disputer avec ceux qui ne jugent pas comme lui. quant à descendre dans le stade, tendre la main au lutteur qu’on aime ou tirer le pied de son adversaire, ou faire quelque autre action de ce genre, c’est ce qui n’est pas permis. Ceux qui ont établi ces luttes, ont pris soin de planter des pieux autour de l’arène, et d’étendre des cordes qui l’entourent, pour tenir à distance les transports insensés des spectateurs. Étonnez-vous qu’on ne leur permette pas de descendre dans l’arène, quand il est commandé, même au gymnasiarque, de rester assis hors du stade, à peu de distance, et de donner, à ceux qui luttent loin de lui, les, secours de sa science, mais sans pouvoir les approcher. Avec nous, au contraire, il n’en est pas de même permis, et au Maître, et aux spectateurs, de descendre et de s’approcher de nous ; de nous assister de leur affection, de nous affermir par leurs prières. Eh bien ! donc, engageons notre lutte, à la manière des athlètes. Quand ils se sont pris l’un l’autre par le milieu du corps, quand l’ardeur de la lutte, l’espace étant, pour eux, trop, étroit, les a jetés presque sur la foule, qui les entoure au-dehors, ils se dégagent l’un de l’autre et retournent à la place où ils ont commencé le combat. Quand ils le renouvellent, ils ne reprennent pas l’attitude droite de la première posture, mais ils s’entrelacent dans