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DISCOURS SUR LA GENÈSE. (Année 386)

PREMIER DISCOURS.


Pourquoi Dieu a dit en parlant du soleil, et de lune, et du ciel, et des autres créatures : « Qu’il soit fait ; » et au contraire, en parlant de l’homme, « Faisons ; » et que signifie, « A notre image. ». (Gen. 1,3, 6, 26)

ANALYSE.

  • 1. La saison du jeûne est le printemps des âmes. Puisque nous entrons dans cet heureux temps, entreprenons de pénétrer les endroits les plus difficiles de l’Écriture : philosophons sur la création. Rien n’est plus utile que de savoir ce qu’est la créature, ce qu’est le Créateur. Les erreurs des Manichéens et des Grecs ne proviennent que de leur ignorance touchant la nature des choses. – 2. Dieu autrefois parlait aux hommes par lui-même : Il emploie maintenant le moyen des lettres, comme font les hommes eux-mêmes lorsqu’ils correspondent avec des gens éloignés. Moïse a réfuté les Manichéens longtemps à l’avance, par ces simples mots : Au : commencement, Dieu créa le ciel et la terre. – 3. La raison des choses naturelles nous échappe, combien plus celle des choses divines ; donc, rapportons-nous-en à ce qui nous a été révélé d’en haut. – 4. Exhortation à l’aumône mêlée à l’éloge de l’évêque Flavien.


1. Plein de charmes est le printemps, pour les matelots ; plein de charmes aussi, pour les agriculteurs ; mais, ni matelots ni agriculteurs ne trouvent autant de charmes au printemps, qu’en a, pour ceux qui veulent être sages, le temps du jeûne, spirituel printemps des – âmes, où l’esprit qui médite jouit de la vraie tranquillité. Le printemps charme les agriculteurs, parce qu’ils voient alors les fleurs qui couronnent la terre, le vêtement aux mille couleurs dont la recouvrent de toutes parts les plantes qui grandissent. Le printemps charme les matelots, voguant sans crainte sur les mers, quand les flots sont calmes, et que les dauphins, dans leurs jeux tranquilles, sautent près des flancs du navire. Pour nous, le printemps du jeûne nous charme, parce qu’il apaise les flots, non pas des flots liquides, mais les flots des passions insensées ; parce qu’il nous fait, non des couronnes de fleurs, mais des couronnes de grâces spirituelles. Tu recevras, dit le Sage, une couronne de grâces pour ta tête. (Prov. 1,6) L’apparition de l’hirondelle ne chasse pas les mauvais jours, comme l’apparition du jeûne chasse, loin de nos pensées, les passions mauvaises ; alors cesse la lutte de la chair contre l’âme, la révolte de la servante contre la maîtresse. Cette guerre du corps est terminée. Eh bien donc ! puisque nous avons la paix parfaite, la parfaite tranquillité, nous aussi, tirons au large le navire de la doctrine et, du port où nous sommes, lançons-le vers le port où l’appelle votre attention pleine de douceur. Allons, abordons sans crainte les pensées les plus subtiles de l’Écriture ; méditons sur le ciel, sur la terre, sur la mer, sur toute la création, car tel a été le sujet de la lecture d’aujourd’hui. Mais, me dira-t-on, que nous importe la création ? elle nous importe beaucoup, mes bien-aimés, car si la grandeur, si