Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/450

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien. De là ces mots de Paul : Ceux qui aiment Dieu voient tout conspirer à leur bien. (Rom. 8,28) Tout, qu’est-ce à dire ? C’est-à-dire même les contrariétés, les sujets apparents d’affliction, il change tout cela en bien : c’est ce qui arriva pour cet homme incomparable. La conduite de ses frères fut le principal motif de son élévation, grâce à la puissance, à la sagesse de Dieu qui changea en prospérités toutes ses infortunes. Afin qu’un peuple nombreux soit nourri. Ce n’est pas nous seulement qu’il a eus en vue dans ce changement, c’est encore la subsistance de tout ce peuple. Et il leur dit : Ne craignez rien : je vous nourrirai, vous et vos familles. Et il les exhorta, et il parla à leur cœur. (21) Que craignez-vous désormais ? Je pourvoirai à votre subsistance et à celle de tous les vôtres. Et il les exhorta, et il parla à leur cœur. Il ne se borne pas à les exhorter, il y met tant de zèle qu’il dissipe tout leur chagrin. Et Joseph habita en Égypte, lui et ses frères, et toute la maison de son père. (Id. 22) Et Joseph villes enfants d’Ephraïm jusqu’à la troisième génération. (Id. 23) Et Joseph parla à ses frères, disant : Je meurs. Dieu vous visitera, et vous emporterez avec vous mes os hors de ce pays. (Id. 24) Ainsi, comme son père, il recommande qu’on emporte ses restes. Et voyez comment afin de les rassurer encore, de les affermir dans l’espérance du retour, après leur avoir prédit d’abord qu’ils retourneront au pays, il dit ici : Vous emporterez avec voies. En partant vous emporterez avec vous mes os.
Il n’agissait pas ainsi par caprice ni sans motif, mais pour deux raisons : d’un côté, parce qu’il craignait que les Égyptiens, gardant le souvenir de ses nombreux bienfaits, et fidèles à leur usage de diviniser des hommes, ne commissent l’impiété pour honorer le corps d’un juste ; d’autre part, afin que les siens fussent bien assurés qu’ils retourneraient de toute manière au pays. En effet, si cela n’eût été certain, il ne leur eût pas ordonné de ramener ses ossements. – Spectacle étrange et nouveau ! Celui qui nourrissait en Égypte tout Israël, c’était celui-là même qui donnait le signal du retour, qui introduisait ce peuple dans la terre promise. Et Joseph mourut âgé de cent dix ans. (Id. 25) A quoi bon nous dire son âge ? Afin de nous instruire du temps durant lequel il gouverna l’Égypte. Il était arrivé dans ce pays à l’âge de dix-sept ans ; à trente ans il parut devant Pharaon, et expliqua les songes. Durant les quatre-vingts années qui suivirent, il fut le maître absolu de l’Égypte. Vous voyez s’il fut largement dédommagé, magnifiquement récompensé de ses peines. Pendant treize années il lutta contre les tentations, esclave, calomnié, en butte aux souffrances de la captivité. Et lorsqu’il eut tout supporté avec courage et avec des actions de grâces, il fut généreusement rétribué même en ce monde. – Réfléchissez en effet qu’en échange de quelques années de servitude et de captivité, il gouverna un royaume quatre-vingts années durant. – Mais que la foi dirigeait toutes ses actions, que c’est elle encore qui lui inspira ses dernières volontés au sujet du transport de ses os, c’est Paul qui nous l’apprend, en disant ; C’est par la foi que Joseph mourant parla du départ des enfants d’Israël. (Héb. 11,22) Et il ne s’en tient pas là ; afin de nous révéler le motif pour lequel il recommande que ses os fussent transportés, il ajoute : Et qu’il fit des dispositions touchant ses os.
Peut-être ai-je parlé trop longtemps ; excusez-moi. Parvenu à la fin du livre, nous avons voulu le terminer aujourd’hui en même temps que notre discours, et ajouter à cela notre exhortation habituelle de garder souvenir de nos paroles, de chercher à imiter la vertu de ces justes, leur patience à l’égard de leurs oppresseurs, leur longanimité vis-à-vis de leurs persécuteurs, leur chasteté à toute épreuve. C’est par là, en effet, que notre juste s’est concilié toutes les faveurs d’en haut. Par conséquent, si nous voulons nous assurer le même appui, n’estimons rien tant que la vertu. De cette manière, nous nous concilierons la grâce de l’Esprit, nous passerons dans le calme la vie présente, et nous serons admis au partage du bonheur futur, auquel puissions-nous tous parvenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui, gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.