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baisa et pleura sur lui. Après cela Joseph se hâte d’accomplir les prescriptions paternelles. Il ordonna aux embaumeurs d’embaumer son pire. (Id. 2) Et il pleura durant les quarante jours que dura l’embaumement, et l’Égypte soixante-dix jours durant. (Id. 13) Et quand toutes les cérémonies furent terminées, alors il fit connaître à Pharaon et à ses gens les volontés de son père, et dit : Mon père m’a fait jurer, disant : Le sépulcre, que je me suis creusé dans la terre de Chanaan est le lieu où tu m’enseveliras. Maintenant donc, je partirai avec mon père, je l’ensevelirai, et je reviendrai. (Id. 5) Il convient que ses ordres soient exécutés par moi. Quand j’aurai fait selon sa volonté, je reviendrai. Là-dessus Pharaon permit. Et Joseph partit pour ensevelir son père, et avec lui partirent tous les serviteurs de Pharaon. (Id. 7) Et ils quittaient leur famille, leurs bœufs et leurs brebis. (Id. 8) Et avec lui partirent des chars et des cavaliers, et ce fut une invasion très-considérable. (Id. 9) Voyez quel empressement montrent les Égyptiens, afin d’honorer Joseph : ils l’accompagnent en si, grand nombre que c’est une véritable invasion : Et parvenus à un certain endroit, ils se frappèrent longuement et violemment en signe de douleur. Et il donna à son père un deuil de sept jours. (Id. 11) Et les habitants de Chanaan virent cela et dirent : Les Égyptiens sont en grand deuil. De là le nom Deuil d’Égypte, donné à ce lieu, qui est au-delà du Jourdain.
Mais toi, mon cher auditeur, en écoutant ce récit, garde-toi de n’y accorder qu’une attention distraite : songe à l’époque où ces choses se passaient, et décharge Joseph de toute imputation. Les portes de l’enfer n’étaient pas encore brisées, les chaînes de la mort n’étaient pas déliées, la mort n’était point réputée un sommeil : voilà pourquoi, craignant la mort, on agissait de la sorte. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, la mort étant devenue un sommeil, le trépas un assoupissement, la résurrection une certitude, nous nous réjouissons, nous tressaillons d’allégresse comme au passage d’une vie dans une autre. Et que dis-je, d’une vie dans une autre ? D’une vie inférieure à une vie meilleure, d’une vie fugitive à une vie éternelle, d’une vie terrestre à une vie céleste. Enfin, tout étant accompli, Joseph retourna en Égypte, avec ses frères et ceux qui l’avaient accompagné. Considérez ici la pusillanimité des frères de Joseph, et la crainte qui agitait leur âme. Les frères de Joseph, voyant que leur père était mort, dirent : Puisse Joseph ne pas nous garder rancune, ne pas nous rendre ce qu’il nous doit, tous les maux que nous lui avons faits ! (Id. 15) L’effroi tourmente leur cœur : déchirés de remords, ils ne savent que faire. Voyant donc que leur père n’était plus ; et redoutant de la part de Joseph une juste vengeance, ils se présentèrent devant lui, et dirent : Ton père nous a fait jurer avant de mourir, disant : Dites et Joseph : Pardonne-leur leur injustice et leur faute. (Id. 16) Remarquez de nouveau comment ils s’accusent eux-mêmes. Observez combien est accablant le témoignage de la conscience. Vous avez beau faire : vous savez que vous avez commis l’injustice, le péché, que vous vous êtes rendus coupables de mauvaises actions. Et maintenant accueille l’iniquité des serviteurs du Dieu de ton père. Vous avez vu comment, c’est sans y être forcés qu’ils s’accusent et disent : Ton père a dit : Pardonne-leur le mal qu’ils t’ont fait, et accueille l’iniquité des serviteurs du Dieu de ton père. Mais cet homme admirable, excellent, est si éloigné de garder aucun souvenir des traitements qu’il a subis, que ces paroles l’émeuvent : Et Joseph pleura, tandis qu’ils lui parlaient. Et ils vinrent lui dire : Nous sommes tes serviteurs. (Id. 18) Voyez ce que c’est que la vertu, à quel point elle est forte et irrésistible, et quelle est la faiblesse du vice. En effet, voici que cet homme tant éprouvé est devenu souverain, et que ceux qui avaient traité leur frère de la sorte, demandent à être les serviteurs de celui qu’ils ont vendu comme esclave.
5. Mais soyez attentifs à la patience de Joseph vis-à-vis de ses frères ; voyez comment il n’omet rien pour les consoler, leur persuader qu’ils n’ont eu aucun tort envers lui. Ne craignez rien : J’appartiens à Dieu. (Id. 19) Vous avez eu de mauvais desseins contre moi, mais Dieu a changé ce mal en bien, afin de faire advenir ce qui se réalise aujourd’hui, qu’un peuple nombreux soit nourri. (Id. 20) N’ayez pas peur, sortez d’inquiétude : J’appartiens à Dieu, et j’imite mon Maître : je m’efforce d’obliger ceux qui m’ont causé des maux extrêmes : Car j’appartiens à Dieu. Puis, voulant montrer quelle bienveillance Dieu lui accorde, il ajoute : Votre conduite envers moi était dictée par de mauvais desseins, mais Dieu a changé pour moi ce mal en