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et que la terre est fertile, il a baissé l’épaule pour travailler, et il est devenu cultivateur. Il le loue d’avoir choisi l’agriculture, et préféré à tout le travail de la terre. Dan jugera son peuple, comme une seule tribu dans Israël. Et que Dan devienne comme un serpent dans le chemin, comme un céraste dans le sentier, qui mord le pied du cheval ; et le cavalier tombera à la renverse, attendant le salut du Seigneur. On ne saurait trop admirer comment ce juste, prévoyant tout avec les yeux de l’Esprit, prédisait l’avenir à ses enfants, et annonçait à chacun ce qui devait lui arriver ; il prophétise dès lors ce qui ne doit se réaliser que beaucoup plus tard. La tentation tentera Gad ; mais il tentera lui-même son ennemi de près. Le pain d’Azer sera excellent, et les rois s’en nourriront. Nephthali sera, comme un arbrisseau qui s’élève, et s’embellit en pullulant. Puis, après avoir parlé d’eux brièvement, il revient à Joseph, et dit : Mon fils Joseph a grandi, il est digne d’envie ; Joseph est mon grand fils, mon jeune fils. (22) Il veut lui dire : Tu es devenu un objet d’envie dès le commencement. On conspirait contre lui, on l’insultait ; allusion au complot de ses frères contre lui. Puis, il rappelle ce que disait plus haut l’Écriture, qu’ils avaient accusé perfidement Joseph auprès de son père : On conspirait contre lui, on l’insultait ; et ceux qui ont des flèches l’attaquaient ; c’est leur projet homicide. Et leurs arcs furent brisés avec force.
Après avoir dit leur entreprise, il en dit le résultat. Leurs arcs furent brisés ; et les nerfs de leurs bras se détendirent. Ils essayèrent de le tuer, et exécutèrent leur projet, autant qu’il était en eux. Mais leurs arcs furent brisés et leurs nerfs détendus : n’est-ce pas là, en effet, ce qu’ils durent éprouver lorsqu’ils entendirent Joseph qui leur disait : Je suis votre frère Joseph que vous avez vendu pour qu’on l’emmenât en Égypte ? C’est alors surtout, c’est alors que leurs nerfs furent détendus par le Roi de Jacob. Tu es sorti de là pour être la force d’Israël, grâce ait Dieu de ton père, et mon Dieu t’a secouru. (Id. 25) C’est le Roi qui a détendu ces nerfs, car c’est mon Dieu lui-même qui t’a secouru. – Voyez le profond amour du juste pour le Seigneur ; du Maître de l’univers il fait son Dieu, à lui, non pour limiter son empire, ni pour lui ôter son pouvoir sur le monde, mais pour manifester sa propre ferveur. Et il t’a béni du haut du ciel. Il ne s’est pas borné à te secourir, Il t’a béni de la bénédiction de la terre qui contient toutes choses, à caisse de la bénédiction des mamelles et des entrailles de la bénédiction de ton père et de ta mère. Il a surpassé les bénédictions des stables montagnes, et les désirs des collines éternelles. (Id. 26) – C’est sa gloire, son élévation, sa souveraineté sur l’Égypte qu’il a en vue dans ce passage ; s’il parle de montagnes et de collines, c’est pour caractériser sa grandeur et sa puissance et faire voir qu’il a été porté au plus haut sommet. Ces bénédictions seront sur la tête de Joseph et sur la tête des frères dont il a été le chef. Ces bénédictions seront sur ta tête. Benjamin, loup ravissant, mangera la proie le matin, et le soir il partagera la nourriture. (Id. 27) Ici encore, il prédit à Benjamin des événements prochains ; comment, pareil à un loup, il ira dévastant, tuant, exerçant mille ravages. Puis, après avoir prédit à tous ses fils les bénédictions propres à chacun, il bénit chacun d’eux, suivant la bénédiction qu’il lui avait donnée. (Id. 28) C’est comme s’il disait : Il fit à chacun la prédiction qui devait lui être faite, et prophétisa les destinées réservées à chaque tribu ; enfin, lorsqu’il eut distribué les révélations qu’il tenait de l’Esprit, il leur dit : Je rejoins mon peuple, vous m’ensevelirez avec mes pères. (Id. 29)
4. Par cette recommandation il leur procure une consolation incomparable. Car ils pensaient que le juste ne leur aurait pas prescrit ce soin, s’il n’avait été certain de leur futur retour et de la cessation de leur servitude en Égypte. Il fixe ensuite le lieu. Dans la caverne qui est dans le champ d’Ephron Héthéen. Et ayant dit ces paroles, il cessa de donner des ordres à ses fils. Et Jacob ayant levé ses pieds au-dessus du lit, mourut et se réunit à son peuple. Considérez comme la fin du juste est elle-même admirable. En effet, après avoir donné ses instructions à ses enfants, il élève ses pieds au-dessus du lit : on dirait que cela lui cause de la joie. Ainsi, après avoir fait toutes ses recommandations, il élève ses pieds, c’est-à-dire, les étend, les allonge : puis il meurt, et se réunit à son peuple. Et Joseph se jetant sur la face de son père, pleura sur lui et le baisa. Voyez-vous cette tendresse filiale ? Voyez-vous cette ardente affection ? Quand l’âme a quitté le corps, Se jetant sur la face de son père il le