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SOIXANTE-SEPTIÈME HOMÉLIE.


« Israël dit à Joseph : Voici que je meurs, et Dieu vous fera retourner de cette contrée au pays de vos pères. Je te donne de plus qu’à tes frères Sichem, que j’ai prise avec mon glaive et mon arc. » (Gen. 48,21-22)

ANALYSE.


  • 1. Résumé de l’instruction précédente. Suite de la prophétie de Jacob. Les talents naturels sont inutiles où manquent les bonnes mœurs. Explication des versets 1-4 du XLIX\+sup e\+sup* chap. – 2. Explication des versets 5-11. – 3. Le mystère de l’Eucharistie préfiguré. Explication des versets 12-29. – 4. Suite de l’explication du texte jusqu’au verset 18 du #Rem Le chapitre. Pourquoi ces grandes lamentations qui accompagnent la mort, dans l’Ancien Testament. – 5. Fin de l’histoire de Joseph. Il console et comble de biens ses frères, il prédit, au moment de mourir, le retour des Juifs.


1. Je vous avais promis l’autre jour de terminer l’histoire de Jacob ; mais notre discours s’étant prolongé, il ne nous a pas été possible de réaliser cette promesse. Je veux donc, aujourd’hui, mettre sous vos yeux la partie qui n’a pas été traitée l’autre jour, afin que, cette fois du moins, si Dieu le permet, nous finissions notre tâche. Mais il faut d’abord rafraîchir la mémoire de votre charité, et vous fixer le point précis du sujet où s’est arrêtée notre instruction. Vous n’ignorez pas, vous vous rappelez que c’est au moment où le juste voulant bénir les enfants de Joseph, préfère Ephraïm à Manassé, nonobstant le mécontentement du père, auquel il dit ces paroles : Je le sais bien, mon fils ; celui-ci sera aussi chef dépeuple, et il sera exalté ; mais son frère qui est le plus jeune, sera plus grand que lui, et de sa race une foule de peuples sortiront. Et il les bénit en ce jour, disant : En vous sera béni Israël, et l’on dira : Que Dieu te fasse comme à Ephraïm et à Manassé ! et il mit Ephraïm devant Manassé. Parvenu à cet endroit, de peur d’encombrer votre mémoire, nous avons conclu l’instruction ; mais si bon vous semble, nous verrons la suite aujourd’hui. Israël dit à Joseph : Voici que je meurs, et Dieu sera avec vous, et Dieu vous fera retourner de cette contrée au pays de vos pères. Je le donne de plus qu’à tes frères Sichem, que j’ai prise avec mon glaive et mon arc. Après qu’il a béni les enfants, et que, dans sa prévoyance, il a préféré le plus jeune à l’aîné, voulant convaincre Joseph qu’il n’a point agi ainsi par caprice ni sans raison, mais en vue de l’avenir qui lui était révélé, il lui prédit à lui-même sa fin, lui annonce que sa famille quittera la terre étrangère pour revenir dans la contrée de Chanaan, pays de leurs pères, et joint à cela des paroles d’espérance, propres à les soulager dans leur attente. En effet, l’espérance allège toujours les peines d’ici-bas. Puis, montrant jusqu’au moment de la mort la tendresse qu’il avait pour Joseph, il lui dit : Je te donne de plus qu’à tes frères, Sichem ; indiquant assez clairement par là que son dire ne pouvait manquer de se réaliser, que ses enfants retourneraient au pays selon sa prédiction, et qu’ils hériteraient du pays de leurs pères ; à telles enseignes qu’il donnait à Joseph Sichem en héritage de plus qu’à ses frères, Sichem qu’il avait ravie aux mains des Amorrhéens avec son glaive et son arc. Qu’est-ce à dire ? C’est qu’il revendique l’expédition de Siméon et de Lévi contre ceux de Sichem, et de là ces mots : Que j’ai prise avec mon glaive