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4. Ne travaillons donc pas à ramasser des richesses, pour les transmettre à nos enfants ; mais enseignons-leur la vertu et implorons pour eux la bénédiction du ciel. C’est là, oui, c’est là la plus grande fortune, c’est une richesse ineffable, inépuisable, et qui chaque jour augmente notre bonheur. Car rien n’égale lia vertu, rien ne l’emporte sur elle ; celui-là même qui est roi et qui porte le diadème, s’il n’est pas vertueux sera plus misérable que le pauvre couvert de haillons. En quoi le diadème ou la pourpre pourra-t-elle servir à celui qui se laisse dominer par l’inertie ? Est-ce que le Seigneur connaît la différence des dignités profanes ? Est-ce qu’il se laisse fléchir par l’éclat des personnages ? Nous ne cherchons ici qu’une seule chose, c’est que par l’effet de la vertu nous puissions trouver ouvertes les portes de la confiance en Dieu ; car celui qui n’acquiert pas dès à présent cette confiance, sera rangé parmi les hommes dégradés et qui manquent de confiance. Méditons donc tous cette pensée et enseignons à nos enfants à préférer la vertu à tous les biens et à ne tenir aucun compte de l’abondance des richesses. Car ce sont elles, oui, ce sont elles qui le plus souvent font obstacle à la vertu, quand les jeunes gens ne savent pas user des richesses comme il convient. Lorsque les petits enfants s’emparent d’un couteau ou d’une épée, le plus souvent à cause de leur inexpérience, ils courent un péril évident ; aussi leurs mères ne les laissent-elles pas toucher à ces armes impunément : il en est de même des jeunes gens ; lorsqu’ils ont reçu d’immenses richesses, ils se précipitent eux-mêmes dans un danger manifeste, parce qu’ils ne veulent pas en user comme ils doivent, et dès à présent ils chargent leur conscience de lourds péchés. De là naissent la mollesse, d’absurdes voluptés et mille autres maux : non par cela seul qu’ils possèdent ces richesses, mais parce qu’ils ne savent pas en user comme il convient. Aussi un sage disait-il : Les richesses sont bonnes à celui qui n’a point de péché. (Eccl. 13,30) Abraham en effet était riche, ainsi que Job. mais leurs richesses, loir de leur causer aucun dommage, leur ont apporté une plus grande illustration. Pourquoi ? Parce qu’ils ne s’en servaient pas seulement pour leur jouissance personnelle, mais pour le soulagement des autres, venant en aide aux besoins des pauvres et ouvrant leur maison à tout étranger. Écoutons parler l’un d’eux : Si jamais quelqu’un est sorti de ma maison les mains vides et si un malheureux qui avait besoin de secours en a jamais manqué. (Job. 31,16) Et non seulement leurs richesses manifestaient leur charité pour les pauvres ; leurs soins révélaient encore leur sage bienveillance, Je servais, dit-il, de pieds au boiteux, d’yeux à l’aveugle et j’arrachais la proie aux dents de l’homme injuste. (Job. 29,15-17) Le voyez-vous veiller sur les opprimés et remplacer pour tous les infirmes leurs membres mutilés ? Imitons-le donc tous, lui qui avant la loi, avant la grâce, a montré une pareille sagesse, et cela, sans avoir eu de maître ni d’ancêtres vertueux ; c’est par lui-même et par la droiture, de sa raison qu’il est arrivé à ces vertueuses pratiques. Car chacun de nous possède au fond de son cœur la connaissance de la vertu, et i moins qu’on ne veuille sacrifier par faiblesse la noblesse de sa naissance, on n’en sera jamais privé. Puisse chacun de nous embrasser cette vertu, la cultiver avec zèle et obtenir les biens qui sont promis à ceux qui aiment Dieu, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui partage, avec le Père et le Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.