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SOIXANTE-SIXIÈME HOMÉLIE.


« Le temps de la mort d’Israël approchait, il appela son fils Joseph et lui dit ; Si j’ai trouvé grâce devant toi, place ta main sous ma cuisse, jure-moi que tu me feras une faveur et que tu me tiendras parole : ne m’enterre point dans la terre d’Égypte. Je veux reposer à côté de nos pères ; tu me transporteras hors de l’Égypte, et tu m’enseveliras dans leur tombeau. – Joseph répondit : J’accomplirai tes volontés. – Jure-le-moi, dit Israël. Et il le jura. Et Israël s’inclina profondément devant, le bâton de commandement que portait Joseph. » (Gen. 47,29-31)

ANALYSE

  • 1. Pourquoi Jacob voulut être enseveli dans sa patrie. : Mourir sur une terre étrangère n’a rien de malheureux. Précieuse est devant le Seigneur la mort de ses saints. Saint Jean-Baptiste, décollé, saint Paul de même, saint Pierre crucifié la tête en bas. – 2. Que la vie présente est une mène. Israël s’incline devant son fils Joseph, Explication des versets 1-12 du chap. XLVIII. – 3. Verset, 13-20. Jacob voyait des yeux de l’âme. Les yeux de la foi plus pénétrants que ceux du corps. – 4. Les richesses font obstacle à la vertu.


1. Finissons aujourd’hui l’histoire de Jacob et voyons quels ordres il donne au moment où il va quitter la pie : N’allons pas, en jetant les yeux sur l’état présent des choses, exiger des justes qui vivaient alors, ce que les fidèles doivent pratiquer aujourd’hui : mais jugeons d’après les temps et les circonstances. Ce préambule se rapporte aux paroles du patriarche à son fils Joseph. Écoutons quelles sont ses dernières dispositions : Le temps de la mort d’Israël approchant, il appela son fils Joseph et lui dit : Si j’ai trouvé grâce devant toi, place ta main sous ma cuisse ; jure-moi que tu me feras une faveur et que tu me tiendras parole ; ne m’enterre point dans la terre d’Égypte. Je veux reposer à côté de mes pères ; tu me transporteras hors de l’Égypte, et tu m’enseveliras dans leur tombeau. Joseph répondit : J’accomplirai tes volontés. Jure-le-moi, dit Israël. Et il le jura. Et Israël s’inclina profondément devant le bâton de commandement que portait Joseph.
Beaucoup de gens dont les sentiments sont peu élevés, lorsque nous les exhortons à ne pas tenir grand compte du lieu de leur sépulture, et à regarder comme une affaire de peu d’importance dise les restes des morts soient ramenés d’une terre étrangère dans leur patrie, nous opposent ce récit, et nous disent que ce fut l’objet des soucis même d’un patriarche. Mais d’abord, comme je me suis hâté de le dire, il faut considérer que l’on ne doit pas exiger des patriarches qui vivaient alors au tant de sagesse que des fidèles de nos jours ; ensuite, ce n’était pas sans motif que ce juste voulait que ses ordres fussent exécutés : c’était pour entretenir dans lé cœur de ses enfants le doux espoir, qu’un jour eux aussi retourneraient dans la terre promise. Et son fils nous apprend d’une façon plus claire que c’était là son intention, lorsqu’il dit : Dieu vous visitera, et alors vous emporterez d’ici mes ossements. (Gen. 1,24) Pour comprendre qu’ils prévoyaient tous deux l’avenir par les yeux de la foi, écoutez Israël s’écrier déjà que la mort est un sommeil ; il dit en effet Je dormirai à côté de mes pères. C’est pourquoi saint Paul disait : Tous ces patriarches sont morts dans la foi, quoiqu’ils n’aient pas reçu l’effet de la promesse, mais ils l’ont vu, et l’ont salué de loin. (Héb. 11,13)