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terres des Égyptiens pour Pharaon. Car ils les lui vendirent contraints par la famine. Et les terres appartinrent à Pharaon.(Id. 20) Et il s’asservit le peuple en qualité d’esclaves, depuis une extrême frontière d’Égypte, jusqu’à l’autre (Id. 21), les terres des prêtres exceptées. Car aux prêtres Pharaon donna des vivres, et ils mangeaient : aussi ils ne vendirent point leurs terres. (Id. 22) Voyez combien de sagesse et d’intelligence chez Joseph. Il ne permit pas que le peuple ressentît la faim, et en même temps il assura à Pharaon la propriété de toutes les terres avec autant de serviteurs qu’il y avait d’Égyptiens. Et veuillez remarquer la sollicitude extrême qu’il leur témoigne. Il dit aux Égyptiens : Voilà que je vous possède aujourd’hui ainsi que vos terres pour le compte de Pharaon. Prenez maintenant du grain, et ensemencez la terre ; et si elle donne des fruits, vous donnerez la cinquième partie de la récolte à Pharaon ; les quatre autres parties seront à vous pour ensemencer la terre, et pour vous nourrir ainsi que vos familles. (Id. 23, 24) Noble générosité, grande prévoyance, inexprimable sollicitude. Aussi les Égyptiens, touchés de cette bienfaisance, disent-ils : Tu nous a sauvés, nous avons trouvé grâce devant notre maître, et nous serons serviteurs de Pharaon. (Id. 25) Vous avez observé la libéralité de Joseph : il voit ces hommes épuisés de besoin, et se représentant les peines et les maux que va leur causer le labourage, il dit : Je vous fournirai le grain ; vous, donnez tous vos soins. Et s’il vient des fruits, vous en livrerez le cinquième : les quatre autres cinquièmes seront pour vous, comme le salaire (le vos fatigues, et pour fournir à vos besoins. Et tel fut l’ordre que leur donna Joseph, de réserver le cinquième à Pharaon, les terres des prêtres exceptées. (Id. 26)
Écoutez, hommes d’aujourd’hui, quels privilèges étaient accordés autrefois aux prêtres des idoles : et apprenez à conférer au moins des honneurs égaux, à ceux à qui est confié le culte du Dieu de l’univers. Si des hommes égarés, qui faisaient profession d’adorer les idoles décernaient de pareilles prérogatives à leurs ministres, parce qu’ils y voyaient le meilleur moyen d’honorer les idoles, quelle condamnation ne méritent pas ceux qui retranchent aux prêtres d’aujourd’hui une partie de leurs honneurs ? Ne savez-vous pas que ces hommages ne font due passer par leurs mains pour arriver au Maître de l’univers ? Ne considère donc point celui qui reçoit l’hommage. Ce n’est pas pour lui que vous devez remplir vos obligations : c’est pour celui dont il est prêtre, si vous voulez que celui-là même vous dédommage magnifiquement. De là ces paroles : Celui qui a fait quelque chose à un de ceux-ci, l’a fait à moi-même, et encore : Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense d’un prophète. (Mt. 25,40 ; 10, 41) Est-ce sur le mérite ou l’indignité de ceux que vous honorez que le Seigneur mesurera votre récompense ? C’est d’après votre zèle qu’il vous couronne ou vous condamne. Et de même que les hommages qui passent par ce canal procurent un grand crédit (en effet, Dieu prend pour lui le bien qu’on fait à ses ministres), ainsi le mépris de ces mêmes personnes sera frappé là-haut d’un rigoureux châtiment. En effet, si Dieu prend pour lui les honneurs, il prend aussi le mépris. Convaincus de cette vérité, gardons-nous de manquer à nos devoirs envers les prêtres de Dieu. Et si je parle de la sorte, ce n’est pas tant dans leur intérêt que dans celui de vos charités, et pour que vous ne négligiez aucun moyen d’augmenter votre richesse. En effet, quand égalerez-vous par vos dons ceux que vous recevez du Seigneur ? quels devoirs si grands rendez-vous ? Néanmoins, si peu de chose que ce soit, si périssables que soient vos offrandes, vous en serez rémunérés par des récompenses immortelles et par des biens ineffables.
5. En conséquence, bâtons-nous de leur prêter ce concours ; en songeant moins à la dépense qu’au profit et au revenu qu’elle nous rapporte. Voyons-nous, en effet, un homme étroitement lié avec un personnage haut placé dans le monde, nous avons hâte de lui témoigner la plus grande déférence, pensant que les hommages rendus au client seront transmis par lui à son patron, que le client, en nous signalant au patron, augmentera sa bienveillance à notre égard : à plus forte raison en sera-t-il ainsi pour ce qui regarde le maître de l’univers. A-t-on montré de la bonté et de la compassion pour le premier venu de ces mendiants dont la place publique est jonchée, le Maître prend le bienfait à son comble, et promet l’entrée du royaume des cieux à ceux qui ont fait quelque bien à ces infortunés ; Venez ici, leur dira-t-il, les bénis de mon père,