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aussi son père devant Pharaon. (Id. 7) Et Pharaon dit à Jacob : Combien d’années les jours de ta vie font-ils? (Id. 8) Voyant ce vieillard à cheveux blancs, il s’informe de son âge. Et Jacob répondit : Les jours des années de ma vie depuis que j’habite ici-bas… (Id. 9) Ainsi chacun des justes se considérait dans cette vie comme en pays étranger. David dira de même : Je suis étranger et exilé sur la terre. (Psa. 38,13) Et Jacob dit ici : Les jours des années de ma vie depuis que j’habite ici-bas. Aussi Paul disait-il de ces justes qu’ils faisaient profession d’être étrangers et exilés sur la terre. (Heb. 11,31) Les jours des années de ma vie depuis que j’habite ici-bas, font cent-trente années courtes et misérables, et ils ne sont point arrivés au nombre des jours qu’ont vécu mes pères. Les années que j’ai passées ici-bas ont été courtes et misérables ; par là, il fait allusion aux années de l’esclavage qu’il avait enduré chez Laban, par suite de l’exil auquel son frère l’avait forcé ; ensuite au long deuil que lui avait causé après son retour la mort de Joseph, et aux autres infortunes qui l’avaient assailli dans l’intervalle. En effet, quelles n’avaient pas dû être ses alarmes, quand, pour venger leur sœur, Siméon et Lévi saccagèrent la ville de Sichem, exterminèrent ses défenseurs et emmenèrent en captivité le reste des habitants. (Gen. 34,25) Il disait alors, manifestant les angoisses qui l’agitaient : « Vous m’avez rendu odieux, de sorte que je serai un méchant aux yeux des habitants de la terre ; car ma famille est peu nombreuse. Ils se réuniront contre moi pour me massacrer, et je serai exterminé avec ma maison. » (Gen. 34,30) Voilà ce qui lui fait dire : Les jours des années de ma vie ont été courts et misérables. Et Joseph installa son père et ses frères, et leur donna un domaine au pays d’Égypte, dans la terre de Ramessé, qui était la plus fertile, selon les ordres de Pharaon (Id. 11) ; et Joseph distribua du blé par tête à son père, à ses frères, et à toute la maison de soit père. (Id. 12) On se rappelle, en effet, ce qu’il avait dit à ses frères : Dieu m’a envoyé ici avant vous, afin que vous puissiez avoir des vivres pour subsister. (Gen. 45,7) et encore : Dieu m’a envoyé ici avant vous, afin que vous viviez. (Gen. 45,5) Il leur distribuait donc du blé par tête.

Qu’est-ce à dire par tête ? C’est-à-dire à chacun ce qui lui était nécessaire. Car l’Écriture désigne l’homme tout entier tantôt par son corps, tantôt par son âme. Plus haut, elle disait : Jacob vint en Égypte avec soixante-quinze âmes ; pour désigner soixante-quinze hommes ou femmes ; ici, elle dit par tête pour dire par personne. Et quand toute l’Égypte et tout Chanaan souffraient de la faim, la famille de Jacob avait du blé en quantité, comme si elle était à la source de l’abondance. Le blé manquait par toute la terre ; en effet, la disette sévit fortement. La terre d’Égypte et celle de Chanaan furent épuisées par la disette. (Id. 13)

4. Considérez l’ineffable providence de Dieu, et comment il amena le juste en Égypte, avant que la famine eût redoublé, pour qu’il n’eût aucun sentiment de la détresse qui allait affliger la terre de Chaman. Et comme tout le monde accourait en Égypte, Joseph amassa tout l’argent de ceux qui étaient en Égypte et en Chanaan, et ainsi il leur fournissait du blé. (Id. 14) Et l’argent vint ensuite à manquer, car il avait tout amassé dans le palais de Pharaon. Et tous les Égyptiens venaient dire Donne-nous du pain : pourquoi mourons-nous en ta présence ? L’argent nous fait défaut. (Id. 15) Nous n’avons plus de quoi acheter et à cause de cela nous mourons de faim. Ne nous délaisse pas tandis que la mort nous assiège : fournis-nous du pain, afin que nous demeurions en vie. Et Joseph leur dit : Amenez vos troupeaux et je vous donnerai du pain. (Id. 16) Si vous manquez d’argent, je reçois aussi le bétail. Si l’argent vous fait défaut, conduisez ici vos troupeaux, et vous aurez du pain. Ils amenèrent donc leurs troupeaux, et reçurent de Joseph du pain en échange de leurs chevaux, de leurs brebis, de leurs bœufs, de leurs ânes, et il les nourrit pour la valeur de leurs bestiaux. (Id. 17) Et ils revinrent auprès de lui la seconde année, et lui dirent : Ne nous laisse point périr, faute d’argent et de bestiaux, tout est allé à notre maître. Il ne nous reste plus rien, hormis notre personne et nos terres. (18) Ainsi donc, pour que nous ne mourions point, achète-nous avec nos terres contre du pain, et nous serons, nous et nos terres, serfs de Pharaon. Donne-nous du grain pour semer et pour vivre : ainsi nous ne mourrons point, et la terre ne sera pas dépeuplée. (Id. 19) Ils se réduisent eux-mêmes en servitude, ils vendent leurs terres, afin de pouvoir subsister : telle était la détresse causée par la famine. Et Joseph acheta les