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passé. Rappelons-nous que naguère, en présence de Joseph, ils se disaient entre eux : C’est justement ; parce que nous avons péché contre Joseph notre frère, et que nous n’avons pas été émus de sa douleur ; et que Ruben se leva alors pour dire : N’est-il pas vrai que je vous ai dit : ne faites pas de mal ci ce jeune enfant, et que vous ne m’avez pas écouté ? à plus forte raison était-il vraisemblable qu’il allait désormais les accuser. Voilà pourquoi Joseph apaise leur cœur, et réprime leur humeur querelleuse en disant : Ne vous querellez pas en chemin : songez que je ne vous ai fait aucun reproche touchant le passé, et ainsi restez en paix les uns avec les autres.
Qui pourrait donner assez d’éloges à ce juste qui sut exécuter si amplement toutes les prescriptions de sagesse renfermées dans la nouvelle loi ; qui sut accomplir, et bien au-delà, la recommandation donnée par le Christ aux apôtres : Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent ? (Mt. 5,44) C’est peu qu’il ait montré une charité si parfaite à D’égard de ceux qui l’avaient fait mourir autant qu’il avait été en eux : il ne néglige rien pour leur prouver qu’ils n’ont pas eu de tort envers lui. O comble de sagesse ! O bonté surhumaine ! O luxe d’amour divin ! Est-ce que c’est vous, leur dit-il, qui m’avez infligé ce traitement ? C’est la sollicitude de Dieu à mon égard quia permis ces choses, afin de faire aboutir mes songes, et de vous assurer dans ma personne un puissant protecteur. Ainsi donc les tribulations, les épreuves sont un gage de l’infinie providence et sollicitude du Dieu de bonté pour nous. En conséquence, ne demandons point le repos et la sécurité à tout prix : mais soit au sein du repos, soit au milieu des épreuves, ne cessons pas d’envoyer là-haut le tribut de notre gratitude, afin que la vue de notre sagesse rende notre Maître encore plus prodigue pour nous de sa sollicitude, de laquelle puissions-nous tous être favorisés, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.