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Et lorsqu’il entra, ils les lui offrirent et se prosternèrent devant lui jusqu’à terre. (Id. 26) Puis il leur demanda encore une fois : Votre père, le vieillard dont vous m’avez parlé, se porte-t-il bien ? vit-il encore ? (Id. 27) Ils répondirent : Ton serviteur notre père est en bonne santé. Et il dit : Qu’il soit béni de Dieu ! Et s’inclinant ils adorèrent. (Id. 28) Mais Joseph vit soit frère, né de sa mère, et dit : voilà ce jeune frère, que vous m’avez dit que vous amèneriez ? Et il dit : Dieu te fasse miséricorde, mon enfant ! (Id. 29)
Admirez sa constance : il continue à faire l’ignorant, afin que la suite des événements lui permette de démêler quelles étaient leurs dispositions à l’égard de Benjamin. Et comme la nature même parlait trop haut, ses entrailles étaient émues, et il aurait voulu pleurer. Il entra donc dans une autre salle, et là, se mit.à pleurer. Puis s’étant lavé le visage, il sortit. Ensuite il montre sa bonté : Servez les pains (31), dit-il. On le servit à part, comme le roi, le maître de l’Égypte entière ; et ses frères à part ; et à part aussi les Égyptiens qui dînaient avec lui. Car les Égyptiens ne pouvaient pas manger avec les Hébreux ; c’est une abomination aux yeux des Égyptiens. En face de lui s’assirent le plus âgé et le plus jeune. Cela les jeta dans l’étonnement, et ils ne pouvaient deviner d’où lui venait la connaissance qu’il avait de la différence de leurs âges. Puis dans la distribution des parts, il donne à Benjamin une portion cinq fois plus grande. Ils ne comprennent pas davantage, ils croient que c’est un simple effet du hasard, à cause de la jeunesse du privilégié. Enfin, le repas terminé, Joseph appelle son intendant et lui donne ces ordres : Remplis les sacs de ces hommes d’autant de vivres qu’ils pourront en emporter, et remets de même l’argent de chacun dans son sac ; et jette cette coupe d’argent dans le sac du plus jeune. (44, 1-2) Voyez quel artifice il imagine encore pour mettre à une infaillible épreuve les sentiments de ses frères à l’égard de Benjamin. Cela fait, il les congédie. Puis, lorsqu’ils se furent mis en route, il dit à l’intendant de sa maison : Lève-toi, mets-toi à leur poursuite, et dis-leur : Pourquoi rendez-vous le mal pour le bien ? Pourquoi m’avez-vous dérobé une coupe d’argent ? N’est-ce pas celle où boit mon maître ? Il s’en sert pour deviner. C’est une détestable action que la vôtre. (Id. 4, 5) Lorsqu’il les eut trouvés, raconte l’Écriture, il leur dit : Pourquoi répondre aux bienfaits par des injustices ? Pourquoi exercer votre méchanceté jusque : sur celui qui vous a fait si bon accueil ? Comment n’avez-vous pas craint de faire du tort à un homme que vous aviez trouvé si généreux ? Que dire d’une pareille scélératesse ? Quel délire s’est emparé de vous ? Ne savez-vous pas que c’est là le vase dont mon maître se sert pour deviner ? Votre action est criminelle, votre dessein pernicieux, votre entreprise impardonnable, votre audace sans égale, votre perversité au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer. Ils lui répondirent : Pourquoi votre maître tient-il ce langage ? Pourquoi nous reprochez-vous un crime dont nous sommes tout à fait innocents ? À Dieu ne plaise que vos serviteurs se comportent jamais comme vous dites ! A Dieu ne plaise que nous tenions jamais fane pareille conduite ! Nous qui avons apporté une double somme d’argent, comment aurions-nous pu, dérober argent ou or ? D’ailleurs, si vous le croyez, Que celui aux mains duquel on trouvera le vase que vous cherchez, que celui-là meure (9), comme auteur d’un pareil forfait : et nous, nous serons esclaves. Le calmé de leur conscience leur permettait de perler avec cette assurance. L’intendant répondit : Eh bien ! qu’il soit fait comme vous dites. Celui aux mains duquel sera trouvée la coupe, celui-là sera mon serviteur : les autres seront mis en liberté. Après cela, ils se laissent fouiller. Et il les fouillait en commençant par l’aîné, jusqu’à ce qu’il arriva à Benjamin. Et ayant ouvert le sac de celui-ci, il trouve la coupe. Cela confondit leur esprit. Ils déchirèrent leurs vêtements, ils remirent leurs sacs sur les bêtes de somme, et revinrent à la ville. Et Juda étant entré ainsi que ses frères auprès de Joseph, ils tombèrent devant lui la face contre terre. Observez combien de fois ils l’adorent. Puis Joseph leur dit : Pourquoi avez-vous fait cela ? Ne savez-vous pas que je n’en sers pour deviner ? Juda répondit : Que répliquer ? que dire à notre seigneur ? Comment nous justifier ? Dieu a trouvé l’iniquité de vos serviteurs. De nouveau le souvenir du mal qu’ils lui ont fait leur revient à l’esprit. Eh bien ! nous sommes serviteurs de notre maître, et nous, et celui aux mains de qui fut trouvée la coupe. Ils font voir alors leurs bons sentiments, et se soumettent à la servitude en même temps que leur frère. Mais Joseph répondit : À Dieu ne