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grand, car trois nuits s’écoulèrent avant sa création. Ce n’est pas qu’elle ne nous soit merveilleusement utile ; puisqu’elle dissipe les ténèbres de la nuit et remplit, presque les mêmes fonctions que le soleil : celui-ci a été créé pour présider au jour et la lune, pour présider à la nuit. Or que signifie, celte expression : présider au jour et présider à la nuit ? elle marque, selon l’Écriture, que le soleil illumine le jour du feu de ses clartés, et que la lune, en dissipant les ténèbres de la nuit, aide les hommes par sa douce lumière dans l’accomplissement de leurs travaux. Et en effet le voyageur poursuit sa route avec plus de confiance, le pilote dirige mieux son navire sur l’immensité des mers, et chacun vaque sans crainte à ses travaux et ses occupations. Après vous avoir fait ainsi connaître l’utilité de ces deux grands luminaires, l’écrivain sacré ajoute que Dieu fit aussi les étoiles et qu’il les plaça dans le ciel pour luire sur la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. (Gen. 1,17-18)
5. Ces paroles nous font connaître quel a été le dessein de Dieu en créant les étoiles. Il les a placées, dit Moïse, dans le firmament du ciel. Qu’est-ce à dire ? Est-ce qu’il les y a clouées ? Non certes ; puisque nous les voyons franchir en un instant des espaces immenses, et accomplir par un mouvement incessant les diverses révolutions que le Seigneur leur a tracées. Quel est donc le sens de cette expression : il les plaça ? Elle signifie qu’il leur assigna le ciel pour demeure. – C’est ainsi que l’Écriture nous dira également que Dieu plaça Adam dans le paradis terrestre. (Gen. 2,8) Il ne l’y fixa pas immuablement, mais il l’y plaça pour qu’il l’habitât ; et de même nous disons que le Seigneur a voulu que les étoiles fussent comme attachées à la voûte du firmament, afin que du haut du ciel elles pussent éclairer la terre. Or, je vous le demande, mon cher frère, l’émail de nos prairies, et les fleurs de nos jardins sont-ils aussi beaux que le ciel, lorsque au milieu de la nuit il scintille du feu des étoiles. La brillante variété de ces astres l’embellit et le parsème de fleurs étincelantes qui nous envoient une abondante lumière. Car les étoiles ont été créées pour éclairer la terre, et pour présider au jour et à la nuit. Déjà cette observation a été faite spécialement au sujet du soleil et de la lune ; mais ici Moïse, après nous avoir révélé la création de ces deux grands corps de lumière, et celle des étoiles, ajoute, en parlant de tous, que Dieu les fit pour présider au jour et ci la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Si les étoiles ne paraissent point pendant le jour, c’est que l’éclat du soleil les voile à nos regards ; et de même le soleil ne brille point pendant la nuit, parce que la lumière de la lune suffit pour dissiper les ténèbres. Au reste tous les astres demeurent dans les limites qui leur sont tracées ; ils ne s’en écartent point, et chacun d’eux obéit docilement aux ordres du Seigneur, et remplit son ministère.
Mais qui expliquerait tous les autres avantages que procurent à l’homme le soleil, la lune et les étoiles ? Ils servent de signes, dit l’Écriture, pour marquer et les temps, et les jours, et les années. Que signifient donc ces paroles : et les temps, et les jours, et les années ? L’écrivain sacré a voulu nous apprendre que le cours des astres règle pour nous celui des temps, ou saisons, que leur révolution journalière amène pour nous le jour et la nuit, et que leur périodicité désigne celle des années. Ces observations suffisent à pus nos besoins. Et en effet, le pilote, qui connaît le cours des astres et qui observe le ciel, s’embarque sur la foi de ses calculs, traverse les mers, et dans une nuit profonde se guide sur la vue des étoiles, en sorte que par elles il conduit à bon port son navire et tous les passagers. Ainsi encore le cours des astres indique au laboureur la saison propice de ses travaux. Il sait quand il doit ensemencer la terre, lui donner les divers labours, et préparer sa faucille pour moissonner ses grains. Ajoutons aussi que la connaissance des temps, le, calcul des jours et le cycle des années nous sont d’un usage journalier et infini, et les secours que nous en retirons pour notre bien-être sont si nombreux qu’il serait impossible de les énumérer exactement. Le peu que j’en ai dit suffit à nous en donner une haute idée ; et après avoir admiré les créatures, ne négligeons point d’adorer et de célébrer le Créateur. Oui, louons son ineffable bonté envers nous, puisqu’il n’a créé le monde que pour l’homme, et que bientôt il va l’y introduire comme le roi et le maître de toutes les créatures.
Et Dieu vit, dit l’Écriture, que cela était bon. A chaque jour de la création l’écrivain sacré observe que Dieu approuva son couvre, afin d’ôter tout prétexte à ceux qui osent la critiquer.