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SOIXANTE-QUATRIÈME HOMÉLIE.


« Mais Joseph s’éloigna de la présence de Pharaon, et parcourut toute la terre d’Égypte : et la terre donna des gerbes dans les sept années de fertilité : et il recueillit autant de blé qu’il y a de sable dans la mer. »

ANALYSE.

  • 1. Prévoyance de Joseph. Départ des fils de Jacob pour l’Égypte.
  • 2. Ils sont emprisonnés : leurs remords.
  • 3. Leurs accusations mutuelles : ils partent, laissant Siméon.
  • 4. Hésitation de Jacob à laisser partir Benjamin. Bon accueil fait par Joseph à ses frères.
  • 5. La coupe retrouvée : stupeur des frères : leur affection pour Benjamin.
  • 6. Instances de Juda : Joseph se fait reconnaître. Il envoie chercher son père.


1. Voulez-vous qu’aujourd’hui encore, nous examinions l’histoire de Joseph, et que nous voyions par duels moyens cet homme incomparable, devenu maître de l’Égypte entière, soulagea tout le monde, grâce à l’intelligence qui était en lui ? Il s’éloigna, dit l’Écriture, de la présence de Pharaon, et parcourut toute la terre d’Égypte ; et la terre donna des gerbes dans les sept années de fertilité : et il recueillit autant de blé qu’il y a de sable dans la mer. Ainsi, après avoir reçu du roi pleine autorité, il recueillit les fruits de la terre, et les mit en dépôt dans les villes, afin de soulager, à l’aide de ces ressources, la détresse future. Vous savez maintenant comment ce juste fut récompensé, même ici-bas, de sa patience, de sa résignation, de toutes ses vertus, en quittant une prison pour le palais d’un roi. (Id. 50) Or, il lui naquit deux fils avant la venue des années de disette. (Id. 51) Il donna au premier le nom de Manassé : parce que, disait-il, Dieu m’a fait oublier toutes mes peines et celles de mon père. Admirez sa piété : par le nom qu’il donna à son enfant il consacra le souvenir de tout ce qui s’était passé, afin de témoigner constamment sa reconnaissance, et afin que l’enfant qui lui était né n’eût qu’à réfléchir sur son nom, pour être instruit des tentations et de la patience qui avaient fait parvenir le juste à un pareil degré d’élévation. Parce qu’il m’a fait oublier toutes mes peines et celles de mon père. Qu’est-ce à dire, Toutes mes peines ? Il me semble qu’ici il fait allusion à sa première et à sa seconde servitude, ainsi qu’aux souffrances de sa captivité. Et toutes celles de mon père : c’est à savoir, la séparation qui l’avait arraché des bras de son père, lorsque, dans l’âge le plus tendre, cet enfant, élevé avec tant de sollicitude, fut jeté de la liberté dans l’esclavage. (Id. 52) Et il donna au second le nom d’Ephraïm, parce que, disait-il, Dieu m’a élevé dans le pays de mon abaissement. Vous le voyez : ce nouveau nom lui est encore dicté par la reconnaissance. C’est comme s’il disait : non seulement j’ai oublié mes peines, mais encore j’ai été élevé aux honneurs, dans le pays où j’avais enduré une si profonde humiliation, où j’avais été en butte aux plus extrêmes périls, et en danger de perdre la vie. Mais il faut maintenant écouter la suite. Après les sept années d’abondance, arrivèrent tout à coup les années de disette, ainsi que Joseph l’avait prédit. Car les événements ne firent que démontrer à tous la sagesse du juste, et incliner tous les fronts devant lui. Et, malgré l’extrême disette, il empêcha tout d’abord