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une fois leur ignorance reconnue, le captif, le prisonnier, l’esclave, l’hébreu, introduit à son tour, expliquât ce qui était un mystère pour tout le monde, et par là, rendît manifeste à tous les yeux la grâce d’en haut qui le couronnait. – Lorsque tous les savants appelés furent demeurés muets, incapables d’ouvrir la bouche, alors le grand échanson, recouvrant la mémoire, informe Pharaon de ce qui lui est arrivé à lui-même, et dit : je me souviens aujourd’hui de ma faute. Puis il raconta aussitôt, comment le grand panetier et lui-même, jetés en prison, avaient eu des songes dont Joseph leur avait donné une interprétation que l’événement confirma de tout point. Le roi, à ces mots, envoya chercher Joseph, le fit sortir de prison ; on le rasa, on lui donna une autre robe, et il fut introduit devant Pharaon. Observez quel honneur tout d’abord, dès le début. – Quand la résignation l’a parfaitement purifié, semblable à un or raffiné, il sort du cachot, il est amené en présence de Pharaon. Voyez-vous ce que c’est que d’avoir pour soi la faveur céleste ? Remarquez maintenant quelle sollicitude déployée pour que la destinée de Joseph s’accomplît. Quand il fut sorti vainqueur de sa lutte avec cette abominable Égyptienne, et qu’il se fut échappé de ses filets pour tomber au fond d’un cachot, Dieu permit que le grand échanson et le grand panetier de Pharaon fussent jetés en même temps dans la même prison, et que l’interprétation de leurs songes leur révélât la sagesse de Joseph, afin que l’un d’eux, s’en souvenant à propos, le fît amener devant le roi. Or, Pharaon dit à Joseph : J’ai eu des songes, et je ne trouve personne pour me les expliquer : mais j’ai entendu dire qu’il suffit de te raconter un songe pour que tu l’interprètes. Pharaon rougirait de dire ouvertement : Aucun des savants que j’ai auprès de moi n’a été capable d’interpréter mon songe, il dit seulement : j’ai eu des songes, et je ne trouve personne pour les expliquer : mais j’ai entendu dire qu’il suffit de te raconter un songe pour que tu l’interprètes. Considérez ici encore la prudence et la parfaite réserve qui se montrent dans la réponse de Joseph. N’allez pas croire, dit-il, que je dise rien en mon propre nom, ou que j’interprète rien par science humaine. Car, faute d’une révélation d’en haut, il n’y a pas moyen de rien comprendre à ces secrets. Sachez donc, que sans le secours de Dieu, je ne saurais vous répondre. Ce sera Dieu, dit-il, et non pas moi, qui rendra au Pharaon une réponse favorable. Par conséquent, bien persuadé que l’interprète n’est autre que le Maître de l’Univers, ne vous adressez point aux hommes en pareil cas : c’est Dieu seul qui peut vous manifester la vérité.
Observez comment, par sa réponse, il révèle au Pharaon, à la fois l’impuissance de ces docteurs et la puissance du Maître : maintenant que vous savez que ce n’est point la science humaine qui dicte nos paroles, ni ma propre, pensée qui les inspire, dites-moi les signes que Dieu vous a envoyés. Alors Pharaon raconte ses songes, le premier, puis le second, et il ajoute : J’ai consulté les interprètes, et aucun n’a pu m’éclairer. Mais quoi ! ne vous ai-je pas dit qu’il n’appartient pas à la sagesse humaine d’expliquer ces choses ? Ne vous en prenez donc point à ces hommes : comment auraient-ils pu comprendre ce qui nécessite une révélation d’en – haut ? Joseph répondit : Les deux songes du roi se réduisent à un. Pour que vous fussiez convaincu que le signe envoyé par Dieu se réalisera, il vous a été donné de voir une seconde fois la même chose : preuve que Dieu pressera l’accomplissement. (Id. 25) La répétition, veut-il dire, est une confirmation, une preuve plus forte que la chose ne saurait manquer d’arriver. Puis, après avoir expliqué ce nombre de sept bœufs et de sept épis, et avoir prédit une grande abondance suivie d’une grande disette, il ajoute un conseil excellent : Établir en Égypte un intendant des vivres, qui, en recueillant les fruits des sept années d’abondance, pourra se mettre en état d’alléger la disette des sept années suivantes, et de prévenir une famine complète. Ce conseil plut à Pharaon et à tous ses ministres. (37)Et dès lors Pharaon aida à l’accomplissement des songes qu’avait eus Joseph, à l’époque où il vivait chez son père. Ainsi : Joseph expliquait les songes de Pharaon ; et Pharaon, sans le savoir, précipitait l’accomplissement d’autres songes. Après avoir entendu Joseph, est-il écrit, Pharaon dit à ses ministres : Où pourrions-nous trouver un homme comme celui-ci, rempli de l’Esprit de Dieu ?
4. Voyez-vous comment Pharaon reconnut lui-même que l’explication provenait d’une révélation d’en haut ? Qui pourrions-nous trouver, dit-il en effet, en possession d’une telle grâce, qu’il ait en lui l’Esprit de Dieu ! Puis il dit à Joseph :