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nous sans cesse ces paroles de Joseph : Comment pourrai-je commettre un pareil crime et pécher devant Dieu ? Dès qu’une mauvaise pensée jettera le trouble dans notre âme, méditons sur ce mot, et aussitôt s’enfuira tout désir coupable. Soit que nous éprouvions un appétit sensuel, ou une convoitise d’argent, ou toute autre passion déréglée, ne manquons pas de nous représenter aussitôt que c’est Dieu qui nous juge, et que nos plus secrètes pensées ne sauraient elles-mêmes lui échapper ; par là, nous nous déroberons infailliblement aux artifices du diable, et nous trouverons là-haut un puissant secours : puisse-t-il nous être donné à tous, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

SOIXANTE-TROISIÈME HOMÉLIE.


« Et le gouverneur de la prison ne savait rien de ce qui se passait, grâce à Joseph. » (Gen. 39,23)

ANALYSE.

  • 1. Joseph encore en faveur ; sa bonté. Interprétation du grand-échanson.
  • 2. Modération de Joseph. Songe du grand panetier. Le grand-échanson oublie Joseph.
  • 3. Songe de Pharaon. Il mande Joseph : comment éclate la sagesse de celui-ci.
  • 4. Élévation de Joseph, son mérite au-dessus de son âge.
  • 5. Exhortation à la patience.


1. Nous voulons nous acquitter aujourd’hui envers votre charité de ce que nous laisse à dire notre conférence d’hier, et revenir encore sur l’histoire de Joseph. Vous savez qu’hier nous avons été arrêtés en chemin par la fatigue d’un long discours, et que nous en sommes restés au moment où le chef de la maison du roi, abusé parla calomnie de l’Égyptienne, met Joseph en prison. Il nous faut donc aujourd’hui faire connaître à votre charité ce qui arriva au juste dans sa prison. Jeté au fond d’un cachot, remis aux mains d’un geôlier, la faveur divine ne l’abandonna point dans son infortune, et alla jusqu’à persuader à ce geôlier de lui donner une autorité absolue sur la prison. Et le gouverneur de la prison ne savait rien de ce qui se passait, grâce à Joseph. Voyez-vous, comment au fort des tribulations, il ne sentait point ses peines, comment la sagesse toute-puissante de Dieu transformait tout ce qui aurait pu l’affliger. De même que la perle, plongée au fond d’un fumier, conserve toute sa beauté, de même la vertu, en quelque endroit qu’on la relègue, brille d’un éclat qui lui est propre, fût-ce dans l’esclavage, fût-ce en prison, dans les afflictions comme au sein du repos. Après que Joseph mis en prison se fut concilié la bienveillance du gouverneur, et qu’il eut reçu de lui une autorité absolue sur la prison tout entière, voyons comment il manifesta la grâce qui l’assistait. Il advint après cela. (chap. 40) Après quoi ? Après les événements qui avaient suivi la dénonciation, après la condamnation qui avait fait emprisonner Joseph ; ce n’est pas tout : après que le Seigneur eut montré qu’il était avec lui, après que le