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notre faiblesse, et nous rendre invincibles contre les attaques de notre ennemi, en promulguant cette loi : Quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l’adultère dans son cœur. (Mt. 5,28) Ainsi, selon l’Évangile, un regard trop curieux est un adultère consommé.
Ne dites donc plus quel mal y a-t-il à fréquenter le cirque ! puisque la vue seule des courses des chevaux suffit pour causer à notre âme de nombreux dommages. Et en effet, n’est-ce pas véritablement perdre son temps que de le consacrer à 'des spectacles inutiles, et qui, loin de servir à notre salut, ne peuvent que lui devenir dangereux ? On s’y dispute, on s’y échauffe, et l’on s’y répand en paroles peu décentes. Comment donc mériter notre pardon, et quelle excuse alléguer ! Dois-je ajouter que si je prolonge un peu mes instructions, plusieurs s’irritent et se fâchent ? Ils prétextent la délicatesse d’un tempérament qui ne peut supporter la fatigue d’un long discours, quoique la structure admirable de ce temple nous préserve de tout inconvénient, et nous abrite contre le froid, la pluie et le vent. Mais dans le cirque, malgré des torrents de pluie, malgré la violence de l’ouragan et les rayons d’un soleil brûlant, ces mêmes personnes demeurent une heure, deux heures, et même presque tout le jour. Le vieillard oublie le respect qu’il doit à ses cheveux blancs, et le jeune homme n’y rougit point d’imiter ce scandaleux exemple. L’aveuglement est même si grand, que tous boivent avec délices à cette coupe empoisonnée ; et nul ne réfléchit sur la courte durée de ce funeste plaisir que doit suivre un éternel remords, et la voix accusatrice de la conscience. Mais je lis sur vos visages le trouble de vos âmes, et la sincérité de votre repentir. Je vous conjure donc de ne plus retomber dans les mêmes fautes, et, après cette sévère admonition, de ne plus fréquenter ces spectacles et ces assemblées diaboliques. Il n’est pas toujours expédient de n’employer que des remèdes doux et légers ; et quand la plaie résiste à ce premier traitement, il faut prévenir la gangrène par des curatifs violents et énergiques.
3. Que les coupables sachent donc que si, après ce solennel avertissement, ils négligent de se corriger, nous cesserons de les tolérer. Oui, nous emploierons la sévérité des lois de l’Église, et toute la véhémence de notre zèle pour réprimer ces désordres, et empêcher ce mépris de la parole sainte. Sans doute cet avertissement ne concerne pas tous ceux qui sont ici, et il ne regarde que les coupables. Mais je parle en général, et je laisse à chacun le soin de se faire l’application de mes paroles. Le coupable doit sortir de son péché, et ne plus y retomber. Il doit également s’armer de zèle contre lui-même pour revenir à la piété, et réparer ses fautes. Celui au contraire qui n’a rien à se reprocher, ne négligera point de se tenir mieux encore sur ses gardes, et il craindra de tomber dans le péché. Au reste, les faits eux-mêmes vous prouvent, mes chers frères, que mon cœur n’exhale ainsi sa douleur que parce qu’il vous aime, et qu’il se préoccupe de vous. C’est notre ardente sollicitude pour votre salut qui seule a inspiré nos paroles, et parce que notre âme est pleine en ce moment des meilleures espérances, nous allons reprendre le cours de nos instructions. Mais en vous donnant cette marque de mon affection toute paternelle, je vous prie de m’écouter attentivement, afin que vous reportiez dans vos maisons des fruits plus abondants.
Et d’abord il convient de vous rappeler ce qui vient d’être lu. Et Dieu dit : Que des corps de lumière soient faits dans le ciel et qu’ils éclairent la terre, afin qu’ils séparent le jour et la nuit et qu’ils servent de signes pour marquer les temps et les saisons, les jours et les années, qu’ils luisent dans le firmament dit ciel et qu’ils éclairent la terre. Et cela fut fait ainsi. (Gen. 1,14-15) Hier le saint prophète Moïse nous apprit de quelle manière le Créateur de l’univers avait embelli la terre qui d’abord était brute et informe. Il la para d’une infinité de plantes, de fleurs et d’arbres ; et aujourd’hui l’écrivain sacré va nous parler de la décoration du ciel. Car, de même que la terre s’embellit par ses propres productions, le Seigneur a donné au firmament un éclat plus vif et plus brillant par la variété des astres dont il l’a parsemé, et surtout par la création de deux grands corps lumineux, le soleil et la lune. Et Dieu fit, dit l’Écriture, deux grands corps lumineux, l’un plus grand pour présider au jour, et l’autre moindre pour présider à la nuit ; et il fit aussi les étoiles. (Gen. 1,16) Admirez ici la sagesse du divin Ouvrier. Il dit une parole, et soudain le soleil est créé ; le soleil, cet astre admirable que Moïse appelle un grand luminaire, et qu’il dit avoir été fait pour présider