Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle mourut, dit l’Écriture, elle fut ensevelie au chemin d’Ephrath, qui est Bethléem. Et Jacob éleva un monument sur sa tombe. La naissance de cet enfant calma le chagrin que la mort de Rachel causait à et l’aida à supporter la perte de Rachel. C’est alors que Ruben se rendit coupable d’un grand crime : Il vint, dit l’Écriture, et dormit avec Balla, concubine de son père, et Israël en fut averti, et le crime fut prouvé en sa présence. Or, c’était là un grand crime. Aussi, dans la suite, Moïse défendit-il dans ses lois que le père et le fils eussent commerce avec la même femme. Dans la crainte qui peu à peu ce fait ne devienne une habitude, le législateur se hâte de déclarer que celui qui se rend coupable d’un pareil crime mérite un châtiment. Cependant alors vaincu par l’amour paternel, se montra indulgent pour la faute de son fils. Mais dans la suite, au moment où il allait quitter la vie, il flétrit Ruben, consigne par écrit son crime, et le maudit, afin que ce châtiment serve d’exemple à la postérité. Puis, le bienheureux Moïse fait le dénombrement des fils de Jacob, et par ses paroles, il nous apprend quelle était la vertu de ce juste. Et ne croyez pas que ce fut au hasard et sans raison qu’il eut commerce avec, Rachel, Lia et les deux servantes. L’Écriture, au contraire, nous montre que Jacob obéissait aux secrets conseils de la Providence, et qu’il vécut avec ces femmes, pour que les douze tribus sortissent de lui : Aussi l’Écriture ne dit-elle pas qu’un autre fils lui soit né, afin de tous apprendre que ce n’était pas là un fait imprévu et fortuit. Les fils de Jacob étaient au nombre de douze. Puis l’Écriture nomme séparément les enfants de Lia et de Rachel, et ceux des deux servantes, et elle ajoute : Voilà les fils qui naquirent à Jacob en Mésopotamie. Et cependant Benjamin fut mis au monde dans les environs de Bethléem. Pourquoi donc l’Écriture dit-elle : Voilà les enfants qui naquirent à Jacob en Mésopotamie? Peut-être Rachel l’avait-elle conçu avant son départ. Et Jacob vint vers Isaac, son père. Voyez ici encore, somment Dieu, dans sa bonté, voulait inspirer me pleine confiance à ces justes. La venue de Jacob vers son père, après un si grand nombre d’années, fut pour tous deux une douce consolation : pour parce qu’il revoyait on père, et pour Isaac, parce qu’il pouvait contempler la richesse de son fils, et le grand ombre d’enfants qui étaient sortis de lui. C’est alors, dit l’Écriture, que mourut Isaac, âgé et rassasié de jours. Si, en effet, au moment où Jacob surprit la bénédiction de son père, les yeux d’Isaac étaient déjà appesantis (et c’est ce qui explique qu’il ait pu être trompé), songez quelle devait être sa vieillesse, puisqu’un si grand nombre d’années s’étaient écoulées dans l’intervalle. Esaü et Jacob, dit l’Écriture, l’ensevelirent. Mais, après la mort d’Isaac : Esaü prit ses femmes, ses fils, toutes les personnes de sa maison, et tous les biens qu’il avait acquis dans la terre de Chanaan, et il partit. Car le pays qu’ils habitaient comme étrangers, ne pouvait pas les contenir, à cause de la grande quantité de leurs biens. Et il habita désormais sur la montagne de Séir. La sainte Écriture énumère ensuite les enfants qui naquirent à Esaü et les nations qui sortirent de lui, et elle ajoute : Quant à il demeura au pays où son père avait habité comme étranger, c’est-à-dire au pays de Chanaan. Vient ensuite un autre récit sur l’admirable Joseph.
3. Mais, si vous le voulez, nous terminerons ici notre discours, et nous réserverons pour une autre instruction l’histoire du fils de Jacob. Cependant voici ce que j’exigerai de votre charité, c’est que vous écoutiez mes paroles avec attention, que vous retiriez le plus grand fruit des enseignements que nous donne la sainte Écriture, et que vous ne passiez sur aucun sans réflexion. Car les paroles divines sont véritablement un trésor spirituel ; si, d’un trésor matériel, quelqu’un dérobe à son profit une seule pierre précieuse, par là souvent il peut acquérir une fortune immense ; de même les vertus des justes, si nous voulons nous y attacher, pourront nous être d’une utilité telle que nous-mêmes nous serons portés à les imiter. C’est ainsi qu’il nous sera possible à nous aussi d’obtenir la faveur divine dont ces justes ont joui. Car Dieu n’a point d’égard aux diverses conditions des personnes ; ruais en toute nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes, lui est agréable. Aussi rien ne nous empêche, si nous le voulons, de jouir autant et même plus que ces justes, de la protection divine. Car si seulement il voit que nous faisons tout ce qui dépend de nous, et que nous préférons aux plaisirs mondains la pratique de ses préceptes, il montre pour nous une si grande sollicitude qu’il nous rend invincibles en toute chose. Nous avons en effet à combattre continuellement un ennemi qui nourrit contre