Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien qu’ils se fussent réunis en foule considérable, et qu’ils eussent été, d’accord dans leur entreprise, n’ont pas même pu mettre leurs projets à exécution. Car, dit l’Écriture, Dieu frappa de terreur les villes qui étaient autour d’eux. Après que ce juste fut délivré de toute crainte et de la poursuite des habitants de ce pays, voyez combien est grande l’affection que Dieu lui témoigne de nouveau ; Dieu, dit l’Écriture, lui apparut une seconde fois à Luza. Pourquoi l’Écriture ajoute-t-elle ce mot : une seconde fois ? Ce n’est pas sans motif : c’est pour nous apprendre que Dieu lui est déjà apparu autrefois dans ce même lieu, lorsqu’il fuyait son frère et qu’il se dirigeait vers la Mésopotamie. Voici ce que veut faire entendre l’Écriture : De même qu’autrefois Dieu lui est apparu au moment de sa fuite, de même aujourd’hui il se montre à lui dans le même lieu, au moment de son retour ; il lui renouvelle les promesses qu’il lui a faites lorsqu’il s’en allait, et par là il veut que ce juste ait confiance dans sa parole, et qu’il n’en doute pas à cause du long espace de temps qui s’est écoulé dans l’intervalle. Et il le bénit, et lui dit : Tu ne t’appelleras plus Jacob : désormais ton nom sera Israël. Bien qu’il l’eût déjà appelé de ce nom, lorsque Jacob traversait Jaboch, il veut aujourd’hui mettre dans son cœur une plus grande assurance, et il lui donna la même bénédiction, et il lui dit : Ton nom sera Israël ; augmente et multiplie. Des nations et des multitudes de nations naîtront de toi, des rois même sortiront de ta race. Voyez la grandeur de cette bénédiction. Il lui prédit non seulement que sa race se multipliera, mais encore qu’elle sera illustre. Des rois naîtront de ta race ; il lui révèle ainsi dès ce jour la gloire de ses descendants. Je te donne le pays que j’ai donné à Abraham et à Isaac, et je le donnerai à ta postérité après toi.
Après que Siméon et Lévi eurent massacré les Sécimites, Jacob disait : Nous sommes en petit nombre ; ils s’assembleront donc contre moi, et ils me frapperont, et ils me détruiront, moi et ma maison ; et dans toutes ses paroles, il montrait sa pusillanimité, et la violente crainte qui le possédait : aujourd’hui donc le Seigneur plein de bienveillance pour ce juste, lui dit Puisque tu t’es écrié : nous sommes en petit nombre, apprends que ta race croîtra et se multipliera, et qu’elle sera tellement illustre, que d’elle sortiront une multitude de nations, et même des rois ; non seulement tu ne seras pas détruit, mais toi et ta race vous recevrez en héritage ce pays tout entier. Et après lui avoir fait ces promesses, Dieu, dit l’Écriture, remonta d’avec lui du lieu où il lui avait parlé. Voyez comment la sainte Écriture, dans son langage, s’abaisse au niveau de là nature humaine. Dieu, dit-elle, remonta d’avec lui : elle ne nous donne pas à entendre que Dieu puisse être limité dans l’espace, mais elle veut nous montrer l’étendue de sa bonté : car l’Esprit-Saint s’abaisse au niveau de la faiblesse humaine pour nous raconter toutes choses. Ces mots, descendre et monter, ne peuvent convenir à Dieu ; mais comme c’est là la plus grande preuve qu’il puisse nous donner de son ineffable bonté, que de se servir de pareils termes pour notre instruction, il a recours au langage humain ; aussi bien il serait impossible aux oreilles de l’homme de comprendre la sublimité de son langage, s’il était en rapport avec la dignité du Seigneur.
2. Si nous faisons cette réflexion, loin d’insister sur la bassesse des termes, nous admirerons l’ineffable bonté de Dieu qui ne dédaigne pas de s’abaisser ainsi, à cause de la faiblesse de notre nature. Mais voyez ce juste témoigner de nouveau sa reconnaissance. Jacob, dit l’Écriture, éleva une colonne de pierre dans le lieu où Dieu lui avait parlé, et il fit dessus une aspersion, et il y répandit de l’huile, et il donna le nom de Réthel au lieu où Dieu lui avait parlé. Voyez comment ce juste, parle nom qu’il donne à ce lieu, rend impérissable le souvenir de la vision dont il y fut favorisé, et en fait passer la mémoire aux générations suivantes : Et Jacob partit, et il planta sa tente au-delà de la citadelle de Gader. Ainsi, ce juste poursuit de nouveau sa route, et peu à peu se hâte d’arriver dans le lieu qu’habitait Isaac. Et l’Écriture ajoute : Lorsqu’il approcha d’Ephrath, Rachel enfanta, et elle fut dans un grand travail. Et comme elle avait beaucoup de peine à accoucher, la sage-femme lui dit : Prends courage, car tu as un fils. Ne crains point, dit-elle, car tu enfanteras un fils. Bien que tu sois déchirée de douleurs, cependant tu enfanteras un fils. Et en expirant, car elle mourait, elle l’appela fils de mes douleurs ; mais son père lui donna le nom de Benjamin. Celle-ci consacre, par le nom qu’elle donne à son fils, le mal qu’elle avait ressenti ; mais son père l’appela Benjamin. Et après qu’elle eut enfanté,