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et désireux d’obtenir la jeune fille, accueillirent ces paroles et agréèrent cette proposition. Ce langage leur plut, et le jeune homme ne différa point à s’y conformer, car il était épris de la, fille de Jacob. (Id. 18-19) Il était tout entier livré à sa passion pour cette jeune fille. Et lui et son père, s’étant rendus à la porte, parlèrent à tout le peuple de la ville (Id. 20) ; et ils leur conseillèrent d’accepter la circoncision, selon la déclaration qui leur était faite, et à consentir à vivre avec la famille d’Israël. Et les habitants se conformèrent sans retard aux paroles de Hémor et de Sichem ; et tous ensemble reçurent sur leur corps le signe de la circoncision. Siméon et Lévi, l’ayant appris, se, hâtent d’exécuter le dessein qu’ils méditaient. Ayant pris chacun leur épée, ils entrèrent sans danger dans la ville. (Id. 25) Comment donc, sans danger ? ils n’étaient que deux contre un si grand nombre. Mais leur sûreté était garantie, parce que les habitants gisaient là blessés. C’est ce que nous apprend la sainte Écriture, quand elle dit : le troisième jour tandis qu’ils étaient dans la souffrance. (Id) Voilà ce qui faisait la sûreté de Siméon et de Lévi et ce qui rendait deux hommes plus forts qu’une multitude. Et ils tuèrent, dit le texte, tout ce qui était mâle. (Id), c’est-à-dire tous les hommes qui, gisaient dans les douleurs de la circoncision et qui étaient en quelque sorte préparés pour le massacre ; et, ayant tué avec les autres : le jeune homme qui avait outragé leur sœur, ils se retirèrent. Les enfants de Jacob ne se – contentèrent même pas de cette vengeance, mais le texte nous apprend qu’ils enlevèrent les brebis et tout le bétail, et se retirèrent ayant dépeuplé et détruit la ville. Vous avez vu, mon bien-aimé, quels maux a causé l’emportement d’un jeune homme ? quel désastre il a attiré sur tous les habitants de, cette ville ? A la vue de cet exemple, réprimons donc les passions de nos enfants et mettons plus d’un frein à la jeunesse, celui de la crainte et celui des conseils ; veillons sur leur chasteté, n’épargnons ni soins ni démarches pour que le jeune âge puisse échapper aux passions coupables. C’est pour cela que notre Maître commun, voyant la faiblesse de la nature humaine, a institué le mariage, pour nous détourner des relations illicites.
Ne négligeons donc point les jeunes gens, mais voyant comment brûle cette fournaise, efforçons-nous, avant qu’ils aient roulé dans l’abîme du libertinage, de les engager, conformément à, la loi de Dieu, dans les liens du mariage, afin que leur chasteté soit maintenue, et qu’ils ne soient pas atteints par le mal de l’impudicité, pourvus qu’ils seront d’un remède suffisant, pouvant réprimer les assauts de la chair et demeurer à l’abri du châtiment. Mais voyons quelle impression fit sur le vieux Jacob la conduite de ses enfants. Jacob leur dit, reprend l’Écriture (Id. 30) : Vous m’avez rendu odieux et criminel aux yeux des habitants de ce pays. Pourquoi, leur dit-il, avez-vous tiré une telle, vengeance ? Ce que', vous avez fait va m’attirer une, haine profonde de la part de tous les habitants du pays. Puis, témoignant la crainte qu’il éprouvait, il ajouta : Nous, nous sommes peu nombreux ; réunis contre nous, ils nous tailleront en pièces et nous écraseront (Id), comme s’il disait : ne savez-vous pas que, peu nombreux comme nous le sommes, nous éprouverons à notre tour ce que vous avez voulu faire à d’autres ? Et de même que Sichem a été cause de ce désastre pour son père et pour tous les habitants de sa ville, ainsi serez-vous pour moi. Car, à cause de vous, je vais être un objet de haine, et rien n’empêchera que, par suite de votre témérité, nous ne soyons écrasés. Ils lui répondirent, dit le texte : mais, outragera-t-on ainsi notre sœur ? (Id. 31) Vous le voyez : c’est un sentiment de chasteté qui a porté les enfants de Jacob à la vengeance : leur apologie envers leur père consiste à dire : ils nous ont déshonorés par l’outrage fait à notre sœur, et c’est pour cela que nous avons été contraints d’agir ainsi, afin que cette leçon prévienne à l’avenir une telle audace.
4. Mais considérez ensuite, je vous prie, l’ineffable providence de Dieu envers ce juste. Voyant qu’il craignait, à cause de ce qu’avaient fait ses fils, de demeurer dans cette contrée, Dieu lui dit, continue le texte : Lève-toi et monte à Béthel pour y habiter. (Gen. 35,1) Puisque tu crains les habitants de cette contrée, retire-toi et va habiter Béthel. Élevé là un autel au Seigneur, que tu as vu, quand tu fuyais de devant la face d’Esaü, ton frère. Et Jacob dit à sa famille et à tous ceux qui étaient avec lui : faites disparaître les dieux étrangers du milieu de vous, et purifiez-vous et changea vos vêtements ; levons-nous, montons à Béthel, élevons-y un autel au Seigneur, qui m’a écouté au jour de la tribulation ; il était avec moi et m’a sauvé dans mon voyage. (Id.