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résolut d’établir désormais sa résidence chez les Sichémites. Mais voyez comment là encore ce juste montra sa douceur. Dina, elle de Lia, sortit pourvoir les filles des habitants. Et Sichem le fils de Bémor, l’ayant vue, dormit avec elle ; il aima cette jeune fille et l’entretint de ce qui plaisait à son esprit. (Gen. 34,1-3) Vous avez vu comme la jeunesse est mauvaise, si elle n’a pour frein les pensées de la piété ? Il a vu cette jeune fille ; cette vue l’a rempli d’amour, et il a satisfait son désir. Et il l’entretint de ce qui plaisait à son esprit. Qu’est-ce qui plaisait à l’esprit de la jeune fille ? Parce qu’elle était jeune, il l’entretint de ce qui pouvait la séduire et l’entraîner. Et il dit à son père : donnez-moi cette jeune fille pour épouse. Jacob apprit ce qui s’était passé et il prit patience, attendant que les frères de Dina fussent de retour, car ils étaient dans leurs bergeries. Jacob se tut, dit le texte, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés. Et quand Hémor fut venu trouver les frères de Dina parurent aussi ; et ayant appris ce qui était arrivé à leur saur, ils en furent vivement blessés. (Id. 5, 7) Blessés, oui, ils se désolèrent et ne jugèrent pas le fait tolérable, mais très-douloureux, et ils s’en affligèrent. Il leur était très-pénible, dit l’Écriture, que Sichem eut fait outrage à la famille d’Israël, en dormant, avec la fille de Jacob. (Id. 7) Voyez-vous la chasteté de ces jeunes gens ? Ils ont compris que c’était là un fort grand outrage. Vous voyez comment ce juste a formé ses enfants à la vertu, et comment le fils de Hémor, ayant cédé à son désir, a été pour son père et sa ville entière une cause de ruine. Mais d’abord écoutons ce que leur dit Hémor, et vous connaîtrez ensuite la cruelle ardeur des frères de Dina à venger le crime commis contre leur sœur. Hémor leur dit Sichem, mon fils, a choisi dans son âme votre fille. Voyez comment il annonce la calamité qui va l’envelopper. Il a choisi dans son âme ; comme s’il disait : il a donné sa vie pour votre fille. Il le disait pour faire entendre le désir que Sichem avait dé l’obtenir ; mais bientôt il apprit que ce serait la cause de sa perte et de la perte de toute la population, Puis donc, dit Hémor, qu’il brûle ainsi pour elle, donnez-la-lui pour femme et alliez-vous à notre famille. Donnez-nous vos filles et recevez nos filles pour vos fils, et demeurez parmi nous. Voilà que la terre est vaste devant vous ; habitez-la et parcourez-la, et acquérez-y des possessions. (Id. 8, 10) Voyez ce père qui, par tendresse pour son fils, se montre bienveillant pour ces étrangers et veut les gagner en leur donnant la faculté de disposer du pays. Le père parlait ainsi ; mais le fils ayant vu l’amour que lui témoignait son père et comment il était disposé, à tout faire pour réaliser les désirs de son enfant, ajoute quelque chose encore et dit à ainsi qu’aux frères de Dina : Que je trouve grâce devant vous, et nous vous donnerons tout ce que vous désignerez. Portez la dot bien haut et je payerai tout ce que vous voudrez, mais donnez-moi celle jeune fille pour femme. (Id. 11, 12) Vous avez entendu les demandes instantes que fait le père par affection pour son fils, et le fils lui-même offrant tout avec empressement pour obtenir la jeune fille.
3. C’est que cette passion désastreuse persuade à celui qu’elle possède dé tout endurer, jusqu’à ce qu’elle l’ait conduit au fond de l’enfer. Or considérez ce qui se passe. Le vieux Jacob écoute ces paroles en silence, et suivant sa douceur accoutumée, il ne prononce pas un mot, mais supporte avec patience l’outrage fait à sa fille : Mais les fils de Jacob parlèrent avec dissimulation à Sichem et ci ; Hémor son père, et ils leur dirent qu’ils avaient déshonoré leur sœur. (Id. 13) Examinez, je vous prie, comment, pour l’impudicité d’un seul, tous les habitants d’une ville partagent son malheur. Comme, quand un embrasement a lieu, ceux qui habitent auprès ont part au péril, parce que le feu ravage tout ; de même la passion effrénée de ce jeune homme a fait périr non seulement son père, mais toute la cité. Que font donc les enfants de Jacob ? ils leur répondent avec dissimulation. Il est important de les entendre, afin de se rendre compte de la douleur qu’ils ressentaient au sujet de leur sœur. Siméon et Lévi, frères de Dina et fils de Lia, répondirent : nous ne pouvons accueillir votre demande et donner notre saur à un homme qui n’est pas circoncis. Si donc vous vous faites circoncire, nous vous donnerons nos filles, et nous accepterons les vôtres et nous ne formerons plus qu’une seule race. (G. 13,16) Celle déclaration était raisonnable et logique ; mais, dit le texte, ils parlaient avec dissimulation. Si vous ne voulez pas le faire, continue le texte, nous reprendrons notre fille et nous nous retirerons. (Id. 17) Voilà ce que proposèrent Siméon et Lévi, qui méditaient le meurtre de tous les habitants. Mais Sichem et sort père, les yeux fixés sur le but qu’ils voulaient atteindre