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Dieu dressé ; et les anges de Dieu se présentèrent à sa rencontre. (Gen. 32,1) Lorsque la crainte que lui avait inspiré Laban se fut pleinement dissipée, la crainte d’Esaü y succéda. C’est pour cela que le bon Maître, voulant encourager ce juste et dissiper toutes ses terreurs, offrit à ses yeux le camp des anges. Les anges de Dieu se présentèrent à sa rencontre, dit l’Écriture, et Jacob dit : C’est là le camp de Dieu. Et il appela cet endroit les camps (Id. 1-2) ; en sorte que cette dénomination conservât perpétuellement la mémoire de la vision qu’il avait eue en ce lieu. Et après cette vision, il envoya devant lui, dit l’Écriture, des messagers vers sors frère Esaü, avec cette mission : Vous direz à mon seigneur Esaü. (Id. 3-4) Voyez quelle crainte, même après cette vision, domine encore ce juste. Il redoutait la violence de son frère et s’inquiétait à la pensée que le souvenir de ce qui s’était passé autrefois pouvait l’exciter à marcher contre lui. Dites à mon seigneur Esaü : Voici ce que vous dit votre serviteur Jacob. J’ai demeuré près de Laban et j’y suis resté jusqu’ici ce temps ; je suis devenu possesseur de bœufs, d’ânes, dé brebis, de serviteurs et de servantes, et j’ai envoyé vers mon serviteur, afin que votre serviteur trouvât grâce devant vous. (Id. 4-5) Considérez la crainte qu’il avait de son frère, et comment, désireux de l’adoucir, il lui envoie annoncer son retour, la richesse qu’il a acquise et le lieu où il a vécu jusque-là, afin de calmer sa colère et de pouvoir le rendre doux et facile ; ce qui arriva en effet, Dieu ayant calmé son cœur, éteint sa colère, et l’ayant adouci. Car, si Dieu avait inspiré par ses paroles tant de crainte à Laban, tandis qu’il poursuivait Jacob avec tant d’impétuosité, à bien plus forte raison, il inspira au frère du juste de la douceur envers lui.
Ces messagers revinrent en disant : Nous avons trouvé votre frère, et il vient à votre rencontre avec quatre cents hommes armés. (Id. 6) Voyez comment cette nouvelle redouble les craintes de Jacob. Il ne connaissait pas, en effet, avec certitude le dessein de son frère ; mais apprenant lé grand nombre de ceux qui étaient avec lui, il conjecturait avec effroi que, parce qu’il était préparé pour le combat, il ne venait pas à lui pour une rencontre pacifique. Jacob, dit le texte (Id. 7), fut effrayé, et il ne savait ce qu’il devait faire. La crainte troublait son esprit, il ne savait que faire, au milieu de son anxiété ; il lui semblait qu’il avait tout à redouter et que la mort était devant ses yeux. Il divisa toute sa troupe en deux camps, bar il disait : S’il marche contre un camp et le, détruit, l’autre pourra être sauvé. (Id. 7, 8) Voilà ce que lui suggéraient la crainte et l’épouvante. Se voyant comme pris dans un filet, il a recours au Maître invincible, et il réclame auprès du Dieu de l’univers l’accomplissement de ses promesses, comme s’il lui disait : Maintenant, voici le temps où, à cause de la vertu de mes pères et à cause de votre promesse, je dois obtenir votre pleine assistance, dit le texte, parla ainsi : Vous, le Dieu de mon père Abraham et de mon père Isaac, vous qui m’avez dit : Retourne dans la terre de ta naissance (Id. 9) ; c’est vous qui m’avez fait partir de la terre étrangère, et qui m’avez ordonné (le revenir vers mon père et vers la terre de ma naissance. Que je sois sauvé par la justice et la vérité dont vous avez usé envers votre serviteur. (Id. 10) Qu’elles soient mon assistance en cette conjoncture. Car vous qui, jusqu’à présent, avez pris de moi tant de soin, voit pouvez, en ce moment encore, m’arracher aux dangers qui me menacent ; car je n’ignore pas que j’ai passé ce fleuve du Jourdain, avec une simple baguette. (Id) Et maintenant, par votre providence, moi qui ne portais qu’un bâton, en partant pour la terre étrangère, je reviens avec deux camps. (Id) Vous donc, ô mon Maître, vous qui m’avez donné tant de richesses, qui m’avez fait monter à ce point, maintenant Sauvez-moi de la main d’Esaü, mon frère, parce que je crains qu’il ne me frappe, avec la mère et les enfants. Vous avez dit : Je te ferai dit bien et je multiplierai ta race comme le sable de la mer et sa multitude sera innombrable. (Id. 11,12)
2. Voyez la piété de ce juste et sa profonde reconnaissance, qui lui font tenir pour certain que le souverain Maître ne peut ne pas accomplir ses promesses. C’est après avoir montré sa gratitude pour les bienfaits antérieurs, et reconnu que Dieu l’a pris pauvre et banni pour le combler de richesses, qu’il le supplie de l’arracher au péril : Vous m’avez dit : Je multiplierai ta race comme le sable de la mer, et on ne pourra la comptera. Ayant donc adressé au souverain Maître son appel et son humble prière, il fait ce qui dépend de lui. Il prend des présents parmi ce qu’il apportait de la terre étrangère