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Jacob s’est suffisamment justifié devant Liban, et, après lui avoir reproché son injustice, il lui a fait l’énumération de ses bienfaits. Aussi Laban, pénétré de honte par ses paroles, devient timide et veut demander la paix à ce juste. Voyez l’œuvre de la protection divine. Celui qui s’était préparé à l’attaque et s’était mis avec tant d’ardeur à la poursuite de Jacob, est devenu si timide, qu’il cherche à en obtenir la paix. Laban, dit l’Écriture, ayant ouï cette réponse, dit à Jacob : Vos filles sont mes filles, vos fils sont mes fils, vos troupeaux sont mes troupeaux, et tout ce que vous voyez est à moi et à mes filles. Que ferai-je aujourd’hui pour elles et pour leurs enfants ? (31, 43) Je sais, dit-il, que ce sont mes filles, et tout ce que vous avez vous est venu de chez moi ? Que ferai-je donc aujourd’hui pour elles et pour leurs enfants ? Faisons maintenant tous deux ici la paix, et il y aura un témoignage entre vous et moi. (43, 44) Faisons la paix, et il t’aura un témoignage entre vous et moi, comme preuve et comme signe. Il lui dit : Si quelqu’un essaye de violer nos conventions : Il n’y a personne avec nous ; mais que Dieu soit témoin entre nous deux.
8. Considérez comment Laban est graduellement conduit à la connaissance de Dieu. Celui qui reprochait au juste de lui avoir dérobé ses dieux et les cherchait avec tant de soin, dit maintenant : Puisque personne ne peut, s’il arrive plus tard quelque incident, être entre nous témoin de ce que nous allons faire, que Dieu soit témoin entre vous et moi. Il est présent, il voit tout, rien ne peut lui échapper, il connaît la pensée de chacun. Et Jacob, dit le texte, ayant pris une pierre la dressa, et il fit toi amas de pierres où ils mangèrent. Ensuite Caban lui dit : Cet amas de pierres sera un témoignage entre vous et moi. (31, 45, 46, 48) Qu’est-ce donc ? c’est comme s’il eût dit : Les paroles prononcées sur cette colline, nous nous en souviendrons toujours Et il l’appela le tertre du témoignage. Que Dieu abaisse son regard entre vous et moi ! (49) Considérez que Laban invoque de nouveau la justice de Dieu. Que Dieu, dit-il, abaisse son regard entre vous et moi, parce que nous allons nous séparer l’un de l’autre ! (Id) Maintenant, dit-il, nous allons nous éloigner. Vous retournerez dans votre pays et je vais regagner ma demeure. Si vous humiliez mes filles, si vous prenez d’autres femmes qu’elles, voyez, nul regard ne s’interpose entre nous ; notre témoin, c’est Dieu. Voyez une première fois, une seconde et plus souvent encore, il invoque Dieu comme témoin. En effet, la Providence qui accompagne Jacob lui a appris quelle est la puissance du souverain Maître ; il sait maintenant qu’il ne peut échapper à un œil qui ne dort jamais. C’est pourquoi il dit : Que nous nous séparions et que nul autre ne puisse témoigner entre nous, Celui qui est présent partout sera notre témoin. Par chacune de ses paroles, il manifeste que Dieu est souverain par toute la terre.
Et Jacob lui dit : Voilà que cette pierre que j’ai dressée sera elle-même un témoignage. Liban dit encore : Pour que je ne dépasse point en allant vers vous cette colline que vous ne dépassez point en venant vers moi, avec de mauvais desseins, cet amas et cette pierre dressée, que le Dieu d’Abraham et le Dieu de Nachor soit juge entre nous deux ! (51-53) Vous le voyez : il réunit les noms du père et de l’aïeul, frère du patriarche et son aïeul à lui-même. Que le Dieu d’Abraham et le Dieu de Nachor soit juge entre nous ! Et Jacob jura par la crainte du Dieu de son père Isaac, et offrit un sacrifice sur la montagne ; et il appela ses frères ; ils mangèrent et burent, et ils dormirent sur la montagne. (53-54) Il offrit un sacrifice sur la montagne et rendit grâces à Dieu de ce qui était arrivé. Ils mangèrent et burent et ils dormirent sur la montagne. Laban s’étant levé dès le point du jour, embrassa ses enfants et ses filles et il les bénit. Et s’en retournant il arriva dans sa demeure. (54-55) Vous avez vu, mon bien-aimé, combien grande est la sagesse divine, qui s’est manifestée ici par sa providence au sujet de ce juste, en le préservant de l’injustice tentée contre lui ; vous avez vu que prescrivant à Laban de ne pas prononcer contre Jacob des paroles de menace, elle l’a, par cela même, acheminé graduellement à la connaissance de Dieu. Lui qui courait sur Jacob comme une bête féroce pour l’atteindre et le tuer, s’excuse et l’embrasse, ainsi que ses filles et leurs enfants, puis s’en retourne dans sa demeure. Nous avons peut-être étendu beaucoup ce discours ; mais le récit nous y a forcément entraîné.
Le terminant donc ici, exhortons votre charité à faire tous vos efforts pour attirer la bienveillance d’en haut. Car si nous avons Dieu propice, tout nous sera doux et facile : rien dans la vie