Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/386

Cette page n’a pas encore été corrigée

que lui-même lui a montré tandis qu’il le servait. Vous savez, leur dit-il, que j’ai servi votre père de tout mon pouvoir. Et il leur fait bien comprendre le soin manifeste que Dieu a eu de lui, leur montrant que c’est le secours d’en haut qui a tout conduit et fait passer entre ses mains l’abondante richesse de Laban. C’est Dieu, leur dit-il, qui a enlevé le bétail de votre père et me l’a donné. Et il est arrivé qu’au temps où les brebis concevaient j’ai vu en songe des boucs et des béliers mêlés de blanc, de couleur variée et tachetés de couleurs de cendre qui couvraient les brebis et les chèvres. Et l’ange de Dieu m’a dit dans mon sommeil Jacob. Et j’ai répondu : Que me voulez-vous ? Et il m’a dit : Lève les yeux, et vois ces boîtes et ces béliers mêlés de blanc, de couleur variée et tachetés de couleur de cendre, qui couvrent les brebis et les chèvres. Car j’ai vu tout ce que Laban t’a fait. (9-12)
Vous voyez que c’était la force d’en haut qui avait tout fait et qui récompensait le juste de ses travaux. Lorsque Laban devient ingrat envers le Maître libéral récompense magnifiquement ce juste : J’ai vu, dit-il, tout ce que Laban t’a fait. Nous apprenons de là que, si nous supportons avec modération et douceur l’injustice, nous recevons d’en haut une protection plus grande et plus libérale : Ne résistons donc pas à ceux qui veulent nous nuire, mais supportons tout avec courage, sachant que le Maître de tout ne nous oubliera pas, pourvu que nous-mêmes nous montrions notre gratitude et notre bienveillance. C’est à moi qu’appartient la vengeance, et je l’accomplirai, dit le Seigneur. (Rom. 12,19, et Deut. 32,35) C’est pour cela que Jacob disait  : Dieu ne lui a point permis de me faire tort ; parce qu’il a voulu me priver de la récompense de mes travaux. Le souverain Maître a montré si largement sa bonté envers nous, qu'il a fait passer chez nous toute la richesse de Laban. Dieu a vu que j’avais accompli mon service avec dévouement et que Laban ne s’était pas conduit envers moi comme il convenait, et c’est pourquoi il a manifesté sa faveur pour moi d’une manière si éclatante. Je ne parle pas ainsi sans motif, témérairement et à l’aventure, j’ai Dieu pour témoin de ce que m’a fait votre père. Car j’ai vu, dit-il, tout ce que Laban t’a fait ; il ne t’a pas seulement privé de ta récompense, mais il change de dispositions à ton égard ; ses sentiments se sont altérés : Je suis ton Dieu, celui que tu as vu dans Béthel, où tu m’as consacré, en l’oignant d’huile une colonne. (31, 13, 16,19) Dieu veut lui rappeler la mémoire de ce qu’il lui a promis, en lui disant : Je te multiplierai ; et je te gardé pour te ramener dans ton pays. (Gen. 28,14-15) Moi donc que tu as vu et qui t’ai fait des promesses, aujourd’hui que le temps est venu, j’exécute ce que je t’ai promis et je t’ordonne de t’en retourner sans alarme. Car je serai avec toi. Je suis le Dieu que tu as vu au lieu où tu as oint la colonne, et où tu m’as fait un vœu. Il le fait souvenir de son vœu et de la promesse qu’il lui a faite. Et quel était ce vœu ? Le voici : De ce que vous me donnerez, je vous payerai la dîme. (Gen. 27,20, 22) Ce vœu que Jacob avait fait lorsqu’il voyageait en fugitif et dénué de tout, Dieu le lui rappelle et dit : Lorsque je t’ai apparu tu m’as fait un vœu en disant : De ce que vous me donnerez, je vous payerai la dîme ; par ce vœu et cette promesse, tu as confessé à l’avance mon souverain pouvoir ; tu as entrevu par les yeux de la foi ton abondance future ; maintenant donc que ce que j’ai, dit s’accomplit, le temps est venu pour toi d’accomplir aussi ton vœu. Retourne donc ; lève-toi et sors de ce pays pour revenir dans la terre de ta naissance, et je serai avec toi. Je t’accompagnerai partout, je rendrai ton voyage facile, et personne ne te nuira, parce que ma droite s’étendra partout sur toi pour te protéger, Rachel et Lia, ayant entendu ce discours, lui dirent : Avons-nous notre lot dans l’héritage et dans la maison de notre père ? n’avons-nous pas été traitées par lui comme des étrangères ? Car il nous a vendues et il a mangé notre prix. Et toute la richesse et tout l’honneur que Dieu a enlevés à notre père, il te les a donnés, Maintenant, fais tout ce que Dieu t’a dit. (Gen. 31,14, 16)
Voyez-les suivre la volonté de Dieu et produire un raisonnement sans réplique : n’est-il pas vrai que nous n’avons plus rien de commun avec notre père ? il nous a données pour toujours. Et la richesse et l’honneur que Dieu lui a enlevés et t’a donnés nous appartiendront à nous et à nos enfants. Ne tarde donc point, né diffère pas, mais accomplis ce que Dieu t’a prescrit.  Maintenant donc fais tout ce que le Seigneur t’a dit. Jacob ayant entendu ces mots, se leva, prit ses femmes et ses enfants, les fit monter sur des chameaux et emmena tout