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de sa beauté et parce qu’il avait eu de la peine à obtenir l’objet de ses souhaits, il l’aima plus que Lia, car l’Écriture parle de sa beauté qui avait excité l’amour de Jacob. Considérez maintenant ici l’ineffable bonté du souverain Maître, et comment il accomplit peu à peu ce qu’il a promis. Celui qui avait dit : je serai avec toi et te garderai dans tout ton voyage (Gen. 28,15), et encore : je l’augmenterai et je te multiplierai, c’est lui qui a gouverné tout cela. Et afin de l’apprendre, écoutez la divine Écriture elle-même, qui nous ledit clairement : Le Seigneur Dieu, voyant que Jacob avait de l’aversion pour Lia, ouvrit son sein, tandis que Rachel demeurait stérile. Lia conçut, et enfanta un fils à Jacob. (31-32) Considérez la sagesse de l’action divine. Parce que l’une attirait par sa beauté l’amour de son époux et que celle qui en était privée paraissait l’objet de son aversion, Dieu rend féconde celle-ci et stérile sa sueur, gouvernant tout par sa bonté, afin que Lia eût quelque consolation, par les enfants qui naissaient d’elle, attirant ainsi l’amour de son mari, et afin que Rachel ne s’élevât pas contre sa sueur, à cause de sa beauté et de ses attraits. Dieu ouvrit son sein. Apprenez de là, mon bien-aimé, que l’Auteur de toutes choses les gouverne toutes ; qu’il donne seul la fécondité, qui ne peut se produire sans le secours d’en haut. L’Écriture dit que Dieu ouvrit son sein, afin que nous sachions que le Maître souverain voulut lui donner la fécondité pour adoucir son chagrin, car c’est lui qui forme l’enfant dans le sein de sa mère, c’est lui qui donne la vie : comme David l’exprime en disant : Vous m’avez accueilli dès le ventre de ma mère. (Ps. 138,13) Et considérez comment la divine Écriture vous montre l’Auteur de la nature produisant à la fois deux effets de sa puissance, ouvrant le sein de Lia et tenant fermé celui de Rachel. Car maître de la nature, il fait tout avec bonté.
Lia conçut et enfanta un fils à et elle l’appela Ruben, en disant : Parce que le Seigneur a regardé mon abaissement, mon mari m’aimera désormais. Considérez la reconnaissance de cette femme. Le souverain Maître, dit-elle, a regardé mon abaissement et m’a donné un fils, afin que je puisse être aimée à cause de lui. Et considérez aussi comment ce Dieu bon est jaloux de sa gloire, et comment il est libéral et magnifique, voulant à la fois accroître la race du juste et faire que Lia soit aimée de Jacob plus qu’elle ne l’était. Elle conçut de nouveau et donna un second fils à et dit : le Seigneur a entendu que je ne suis pas aimée et il m’a donné un autre fils, et elle l’appela Siméon. Examinez comment elle rend grâce à Dieu pour chacun de ses enfants et se montre reconnaissante de ses bienfaits le Seigneur, dit-elle, a entendu que je ne suis pas aimée et il m’a donné un autre fils. Et c’est pour cela qu’elle l’appela Siméon.
4. Comprenez-vous qu’elle ne donne pas des noms à ses enfants sans motif ni à l’aventure ? Elle appelle celui-ci Siméon, parce que le Seigneur l’a entendue, car ce nom signifie en hébreu : a été entendu : Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : Maintenant mon mari sera de mon côté, car je lui ai donné trois fils, et elle appela celui-ci Lévi. Elle semble vouloir dire que la naissance des deux premiers n’avait pas suffi pour attirer son mari vers elle, mais que l’inclination de celui-ci était encore pour Rachel ; c’est pourquoi elle dit Maintenant more mari sera de mon côté. Sans doute la naissance de ce troisième fils me vaudra son affection, car je lui ai enfanté trois fils. Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : Maintenant encore je glorifierai le Seigneur ; c’est pourquoi elle, lui donna le nom de Juda. (35) Que veulent dire ces mots : Je glorifierai le Seigneur ? Ils signifient ici : Je lui rendrai grâces, je publierai ses louanges, parce qu’il m’a donné un quatrième fils, et m’a accordé un si grand bienfait. La beauté qui me manquait pour gagner l’amour de mon mari, la naissance des enfants dont m’a gratifiée la bonté de Dieu y a suppléé. Il a dissipé l’excès de mon abattement, en consolant celle qui était un objet d’aversion à cause de sa laideur, et a reporté sur ma sueur l’aversion de Jacob : Ayant enfanté Juda, dit le texte, elle cessa d’enfanter. Mais Rachel voyant qu’elle-même ne donnait point d’enfant à Jacob porta envie à sa sœur et dit à Jacob ; Donne-moi des enfants, sinon je mourrai. (30, 1)
C’est bien là une demande irréfléchie et digne d’une femme, digne d’une âme que la jalousie assiège : Donne-moi des enfants. Ne sais-tu pas que ce n’est pas lui, mais le Seigneur Dieu qui en a fait naître à Lia ? Voyant qu’elle n’était point aimée, il a ouvert son sein. Pourquoi donc demander à ton mari ce qui est au-dessus des forces de la nature ? Pourquoi,