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promesses de Dieu, alors même qu’elles ne s’accomplissent pas aussitôt. Donc, plein de l’assurance que lui donnent les paroles de Dieu, le juste entreprend son voyage, et comment n’aurait-il pas eu pleine assurance ? Dieu lui avait dit : Voici que je suis avec toi, ton gardien, partout où tu iras, et je multiplierai ta race, et je te ramènerai dans ce pays, et je ne te quitterai point, jusqu’à ce que j’aie accompli toutes mes promesses. (Gen. 28,15) Je veux répéter ce que j’ai dit hier ; considérez l’industrieuse sagesse de Dieu ; considérez la constance, la reconnaissance de ce juste. Il se leva, après avoir entendu ces promesses, et se dirigea vers Chanaan ; et le voilà encore voyageur, errant, mais à chaque heure éprouvant les effets de la divine grâce ; c’est le Dieu d’amour qui lui prépare, en tous lieux, le chemin, et qui accomplit sa promesse. En effet, celui qui avait dit : Je suis avec toi ; ton gardien, partout où tu iras, c’est celui-là qui conduisit le juste vers le puits où les bergers de ce pays allaient chercher l’eau. Il les interrogea, au sujet de Laban, le frère de sa mère ; il apprit d’eux tout ce qui le concernait ; il vit ensuite et la fille de Laban, et ses troupeaux : il vit les habitants du pays qui ne pouvaient pas ôter la pierre de dessus le puits afin d’abreuver leurs troupeaux ; il accourut ; et ce que ces hommes n’avaient pas la force de faire, il le fit, grâce au secours d’en haut ; il prévint les bienfaits de Laban, ôta la pierre, et abreuva les brebis, que faisait paître Rachel. Ensuite il baisa la jeune fille, lui dit qui il était, d’où il venait, et resta auprès de la fontaine. Mais, comme c’était Dieu qui disposait toutes choses en faveur de l’homme juste, Dieu excita la jeune fille à courir promptement pour porter la nouvelle à son père, qui était l’oncle du frère de sa mère ; elle lui raconta le service que le voyageur venait de rendre, et à elle-même et à son troupeau ; elle lui apprit que ce voyageur n’était, ni un étranger, ni un inconnu, mais le fils de sa sœur.
Considérez, mes bien-aimés, le soin que prend la divine Écriture de nous faire connaître tous les détails, un à un, pour nous apprendre les mœurs antiques, l’ardeur des anciens hommes à pratiquer l’hospitalité. L’Écriture veut nous montrer l’empressement de la jeune fille, et le texte ne se borne pas à dire : Elle alla porter la nouvelle de ce qui était arrivé ; mais, elle courut ; c’est-à-dire qu’elle était pénétrée d’une grande joie. (Gen. 29,12) Et ensuite, au sujet de Laban, qui était le père de la jeune fille, le texte dit, que sur ce qu’elle lui raconta, il courut, lui-même aussi, au-devant de et le baisa et l’amena dans sa maison. (Id. 13)
2. Lorsque Laban eut appris de lui tout ce qu’il voulait savoir, Laban lui dit : vous êtes de mes os et de ma chair (Id. 94) ; c’est-à-dire, puisque vous êtes le fils de ma sueur, vous êtes de notre chair, vous êtes notre frère. Et, dit le texte, il resta avec lui un mois ; le juste se trouva là, comme dans sa propre maison, au sein de l’abondance, affranchi de toute espèce de soin. Mais comme Dieu disposait, toutes choses dans l’intérêt de ce juste, et lui manifestait, en toutes choses, sa faveur et sa grâce, il excita pour lui l’affection de Laban et celui-ci, voyant l’honnêteté du juste, lui dit : Parce que vous êtes mon frère, ce n’est pas une raison pour que vous me serviez gratuitement ; Dites-moi quelle rétribution vous est due. Considérez que le juste, de lui-même, redemandait rien ; c’est Laban, qui sans aucune provocation, de son propre mouvement, fait cette proposition au juste ; et considérez encore, lorsqu’un homme s’appuie sur le bras d’en haut, comme tout afflue vers lui, ce n’est pas une raison, dit le texte, pour que vous me serviez gratuitement ; Dites-moi quelle rétribution vous est due. Cependant ce bienheureux aimait Laban, et il lui suffisait de trouver auprès de lui la nourriture de chaque jour ; et, pour ce seul avantage, il lui témoignait toute sa reconnaissance ; mais Laban, qui a vu toute son honnêteté, le prévient, en lui promettant de souscrire à la rétribution que lui-même fixera. Que fait donc le juste ? Considérez encore ici, sa parfaite sagesse, son parfait désintéressement, ion mépris de l’argent ; ce n’est pas un mercenaire qui conteste avec Laban, qui réclame quoi que ce soit ; il ne pense qu’à sa mère, qu’aux ordres qu’il a reçus de son père, et il montre l’excellence de sa sagesse ; dans sa réponse à Laban : Je vous servirai sept ans, pour Rachel, votre seconde fille. (18) C’est qu’aussitôt qu’il l’avait vue auprès du puits, il l’avait aimée ; et voyez l’intelligence de Jacob ; il fixe l’intervalle de temps ; et, parce chiffre de sept années, il montre suffisamment la sagesse qui l’inspire. Et pourquoi vous étonner, mes bien-aimés, d’entendre dire qu’il pro mit de servir sept ans pour la jeune fille qu’il