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dans les temps qui ne sont plus ? Voilà un homme qui n’est pas sorti de chez lui je veux le redire, habitué à voir autour de lui des serviteurs en foule. C’était un homme simple de mœurs, dit le texte, et retiré à la maison (Gen. 25,27) ; le voilà, au début d’un voyage, et il n’a besoin ni de bêtes de somme, ni de serviteurs, ni de bagages : c’est un apôtre qui l’ait un voyage, au coucher du soleil, il s’endort où la nuit l’a surpris. Il prit, dit le texte, une pierre et la mit sous sa tête. Voyez la robuste nature du jeune homme ; une pierre lui sert d’oreiller, et, sur la terre, il dort. Mais aussi, comme il avait une âme généreuse, un esprit viril, au-dessus de toutes les vanités du siècle, il a mérité de voir cette admirable vision C’est l’habitude de notre Dieu : quand il trouve une âme bien disposée, peu touchée des choses présentes, il se plait à lui montrer toute l’affection qu’il a pour elle.
4. Voyez donc ce juste, couché par terre, et voyant cette fameuse vision, disons mieux, jugé digne de la vision de Dieu En effet, dit le texte, il s’endormit, et voici qu’une échelle lui apparut, dont le pied était sur la terre, et le haut touchait au ciel, et les anges de Dieu montaient et descendaient le long de l’échelle ; et le Seigneur, appuyé sur l’échelle, lui disait : Je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, toit père, sois sans crainte. (Id. 12, 13) Considérez, je vous en conjure ici, la clémence de Dieu. Il le voyait docile aux conseils de sa mère, et, parce qu’il redoutait son frère, entreprendre un long voyage ; il était pour ainsi dire errant, seul, sans compagnon, sans consolation aucune ; n’attendant rien que du secours d’en haut ; et tout de suite, et dès le commencement, jaloux de fortifier son courage, Dieu lui apparaît et lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac ton père ; c’est moi qui élevai le patriarche et ton père à une gloire si éclatante ; sois donc sans crainte, aie confiance en moi, j’ai rempli les promesses que je leur ai faites, et je te prouverai, à toi aussi, que ma providence veille sur toi ; sois donc sans crainte, et prends confiance ; bannis toute frayeur, ajoute foi à mes paroles. Cette terre où tu dors, je te la donnerai, à toi et à ta race, et ta race ressemblera au sable de la mer. (Id. 14) Ne t’imagine pas, dit-il, parce que tu vas maintenant sur la terre étrangère, que tu seras privé de la terre où tu es né, où tu as été élevé, où tu as grandi, car je la donnerai, cette terre, à toi, et à ta race, et je ferai que ta race s’augmente de manière à égaler le sable de la mer. Et elle se propagera du côté de la mer, du côté du midi, vers le septentrion, vers l’orient, c’est-à-dire, elle se propagera en tous les sens, et toutes les nations de la terre seront bénies en toi et en ta race.
Voyez comme Dieu lui prédit, dès ce moment, tout ce qui arrivera longtemps après ; c’est en effet l’habitude du Dieu de l’univers, de faire aux justes ; pris chacun en particulier, des promesses dont l’accomplissement ne suit pas aussitôt l exerce l’obéissance et la patience des justes, et il remplit magnifiquement, les promesses qu’il leur a annoncées : Après cette prédiction de l’avenir, Jacob avait besoin, pour le moment, d’une consolation particulière. Voyez comme la bonté du Seigneur, en lui déclarant l’avenir, ranime en même temps sa confiance ; il lui dit en effet : Ne pense pas que je me borne aux seules promesses que je te fais ; ce n’est pas tout, je suis avec toi, je te garde partout où tu vas. (15) Ne t’imagine donc pas, dit-il, que tu sois seul sur ton chemin ; tu m’auras pour compagnon de route, tu m’auras comme gardien, quelque chemin due tu fasses, te rendant tous les fardeaux légers, abaissant devant toi tous les obstacles. Il augmente ensuite la consolation ; il lui prédit son retour au milieu des siens : Je te ramènerai, lui dit-il, dans ce pays ; ne t’effraye donc point, comme si tu devais vivre dans une terre étrangère ; Je te ramènerai dans ce pays, et je ne te quitterai point que je n’aie accompli tout ce que je t’ai dit. Je ne te perdrai pas de vue, je ne te laisserai ; pas dans l’incertitude, dépourvu de ressources ; tout ce que je t’ai promis, je (accomplirai. Qui pourrait assez admirer l’ineffable bonté de Dieu, et l’excès de sa clémence ? Voyez quelle magnifique promesse il fait au juste, comme il relève son courage. Considérez aussi la reconnaissance du juste ; après tant de promesses, il supporte facilement, auprès de Laban, pendant vingt années, mille épreuves ; sans se plaindre, sans réclamer contre la longueur du temps ; il supporte tout avec un généreux courage, attendant l’accomplissement des promesses ; persuadé que la parole de Dieu a toujours son effet, surtout quand nous montrons avec ardeur les vertus qu’il exige de nous, la foi et la patience, et la confiance