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3. Donc, ne vous arrêtez pas aux mensonges prononcés par Jacob ; ne voyez que la volonté de Dieu ; il voulait que la prédiction s’accomplît, et il a tout disposé dans ce but. Et ce qui vous montrera que c’est Dieu qui a rendu tout facile, même le plus difficile, l’homme juste n’a pas soupçonné la fraude ; il s’est laissé prendre aux paroles de Jacob ; il mange ses mets, et le récompense par ses bénédictions. Esaü ne revint de la chasse qu’après que tout eût été accompli. C’est pour nous montrer que la volonté de Dieu a seule tout conduit. Isaac dit encore à son fils : Mais comment avez-vous pu, mon fils, en trouver si tôt ? Il lui répondit : Parce que le Seigneur Dieu l’a livré devant moi, (Id. 20) Jacob était toujours dans les angoisses, et sa frayeur, au comble. Mais tous ces événements se sont accomplis, pour que nous sachions bien, par des faits, que le Seigneur ne se contente pas de nous montrer sa sollicitude, le soin qu’il prend de nous ; il veut encore que nous méritions ses.faveurs, par l’ardeur de notre zèle. Ne vous bâtez pas de passer en courant devant ce combat de mes bien-aimés ; considérez qu’il avait tout à perdre, qu’il était plein de terreur, tout tremblant, qu’il craignait que cette bénédiction ne l’exposât à toutes les rigueurs de la malédiction. Ensuite, dit le texte, Isaac dit : Approchez de moi, afin que je vous touche, mon fils, et que je reconnaisse si vous êtes mon fils Esaü, ou non. (Id. 21).C’est que la voix laissait un peu d’incertitude ; mais, comme il fallait que l’événement conduit par le Seigneur s’accomplît, Dieu ne permit pas d’apercevoir la ruse. Jacob s’approcha de son père, et Isaac l’ayant tâté, dit : Pour la voix, c’est la voix de mais les mains sont les mains d’Esaü et il ne le reconnut point. (Id. 22) Voyez-vous comme le texte nous montre que tout émane de la grâce de Dieu?-c’est Dieu qui faisait qu’Isaac ne s’apercevait de rien, et, que Jacob allait jouir de la bénédiction paternelle. Et il ne le reconnut point, dit le texte, parce que ses mains étaient comme les mains d’Esaü. (Id. 24) Et il lui dit : Êtes-vous mon fils. Esaü ? Voyez, encore une fois ; comme la divine Écriture nous montre que l’homme juste a des soupçons. En effet, dit le texte : Isaac dit : Êtes-vous mon fils Esaü? Détail qui a pour but aussi de nous faire savoir que le père n’écoutait gare l’affection de la nature, mais que Dieu, qui prévoit l’avenir, et qui glorifie la vertu de ses serviteurs, est celui qui a tout disposé ici. Et Jacob dit : Je le suis. En effet, après qu’Isaac a eu dit : Êtes-vous mon fils Esaü ? Je le suis, dit le texte. Apportez-moi à manger de votre chasse, mon fils, afin que je vous bénisse ; c’est à peine enfin, si Jacob commence à respirer. Et il apporta à son père les plats, et il lui apporta du vin, et Isaac but, et il lui dit : Approchez-vous de moi, mon fils, et venez me baiser ; il s’approcha donc de lui, et le baisa. Et Isaac sentit la bonne odeur qui sortait de ses habits, et lui dit, en le bénissant. (Id. 25-27) Voyez le soin de la divine Écriture ; après cette interrogation : Êtes-vous Esaü ? et cette réponse, je le suis, Isaac le touche encore, la voix lui ayant presque fait soupçonner la feinte ; et il l’interroge de nouveau : Êtes-vous mon fils Esaü ? Et Jacob dit : Je le suis ; et ensuite, il lui apporte les plats et Isaac mange. Alors, dit le texte : Il le baisa et le bénit. Et, pour qu’on ne s’imagine pas qu’il l’a béni en la personne d’Esaü, pour qu’on voie bien qu’il a béni celui qu’il a baisé, la divine Écriture nous dit : Qu’il l’a baisé ; et qu’il a béni celui qu’il a baisé. Et aussitôt qu’il eut senti la bonne odeur, qui sortait de ses habits, il lui dit en le bénissant : l’odeur qui sort de mon fils, est comme l’odeur d’un champ plein de fruits, que le Seigneur a bénis. Que Dieu vous donne de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, et l’abondance du froment et du vin. (Id. 27-28) Que le Seigneur Dieu, dit-il, vous accorde tout cela, à vous qui m’avez apporté ces plats, qui avez reçu de moi le baiser. Que les peuples vous soient assujettis ! Voyez, il demande pour lui, par ses prières, d’abord le nécessaire ; ensuite la domination sur les peuples, et il lui prédit sa prospérité future, et l’agrandissement de ceux qui sortiront de lui. Et que les princes vous adorent ! Ces prières ne demandent pas que les peuples seulement lui soient assujettis, mais les princes eux-mêmes ; Et soyez le seigneur de votre frère. Voyez l’homme juste servant même sans le savoir, la volonté de Dieu. Tout,.en effet, était disposé de manière que le fils vertueux reçut la bénédiction que ses vertus méritaient. Que les fils de votre père vous adorent ! C’est l’habitude, de l’Écriture, de donner le nom de fils à toutes les générations. C’est comme s’il disait : ceux qui sortiront de la race d’Esaü ; car Isaac n’eut pas d’autre fils que ces deux-là. Que celui qui vous maudira, soit maudis lui-même, et que celui, qui vous