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vous en conjure, méditons la rigueur du supplice, le lourd fardeau de la confusion qui nous attend ailleurs. Considérons au moins, quoiqu’il soit bien tard, la noblesse de notre nature, et obéissons à la doctrine du Christ. Ne nous contentons pas d’aimer seulement avec sincérité ceux qui nous aiment ; bannissons de notre âme toute haine, toute envie ; et, s’il en est qui nous haïssent, appliquons-nous à les aimer ; impossible autrement de conquérir notre salut ; il n’y a que cette voie. Appliquons-nous à chérir, plus même que ceux qui nous chérissent ; aimons surtout ces ennemis qui sont pour nous les causes de biens sans nombre, car c’est par là que nous obtiendrons la rémission de nos péchés ; c’est par là qu’il nous sera donné de prier Dieu dans la sincérité de l’humilité et de la contrition. Car, une fois que l’âme est affranchie de toute haine, elle est tranquille, elle est robuste ; et, invoquant le Seigneur, avec une entière pureté, elle s’attire la plénitude de la grâce d’en haut. Puissions-nous tous l’obtenir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

CINQUANTE-TROISIÈME HOMÉLIE.


« Or, Esaü, ayant quarante ans, épouse Judith, fille de Béel ; du pays de Chet, et Basemath, fille d’Elom, du pays d’Eva, et elles querellaient Isaac et Rébecca. » (Gen. 26,34-35)

ANALYSE.

  • 1. Explication des versets 34 et 35 du chapitre XXVI, et des versets 1-10 du chapitre suivant. – 2. Explication des versets 11-19. En attirant sur la tête de Jacob la bénédiction d’Isaac, Rébecca obéit à l’oracle de Dieu en même temps qu’à son amour pour Jacob. Dieu veut que nous coopérions à ses œuvres. Il ne coopère point au mensonge. – 3. Explication des versets 20-30. – 4. Explication des versets 30-40. Colère d’Esaü, en apprenant que son frère a reçu la bénédiction paternelle. – 5. De la colère.


1. Eh bien, aujourd’hui encore, s’il vous est agréable, reprenons la suite de l’entretien d’hier, et, dans la mesure de nos forces, cherchons ce que renferme chacune des paroles de l’Écriture, afin d’en recueillir le fruit que nous remporterons en nous retirant. Voyons donc les premiers mots du texte : Or Esaü, ayant quarante ans, épousa Judith, fille de Béel, du pays de Chet, et Basemath, fille d’Elom, du pays d’Eva, et elles querellaient Isaac et Rébecca. Voyez tout l’enseignement que renferment ces quelques paroles : pourquoi l’Écriture nous marque-t-elle le nombre des années d’Esaü ? Ce n’est pas sans dessein ; c’est pour nous apprendre qu’Isaac était vieux, et déjà fort avancé en âge ; car, si nous nous rappelons l’âge d’Isaac, quand il épousa Rébecca, il avait alors quarante ans ; son âge, quand ses fils lui naquirent, il avait alors soixante ans ; nous en conclurons qu’il est actuellement centenaire, c’est-à-dire, dans la vieillesse la plus avancée. En effet, l’Écriture va nous dire que la vieillesse l’avait rendu aveugle. Voilà pourquoi le texte