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ces méchants, quoi qu’ils prétendent, ne s’agitent que pour faire mieux éclater la gloire de l’homme juste. Il ne leur suffit pas de ce qu’ils avaient fait ; un autre puits est creusé ; nouvelle querelle, nouvelles poursuites. Étant parti de là, dit le texte, il creusa un autre puits ; ils le querellèrent encore au sujet de cet autre puits, et il le nomma Inimitié. (Id. 21) Remarquez encore ici la prudence de l’homme juste ; ils ne supprimèrent pas tout à fait ce puits, à ce qu’il semble, mais ils suscitèrent une querelle ; l’injustice parut manifeste, et ces méchants se retirèrent. Voilà pourquoi le patriarche appela ce puits Inimitié ; c’est qu’il avait été une occasion d’inimitié. C’était d’ailleurs, presque chaque jour, les mêmes attaques de la part des habitants du pays. Le juste ne s’indigna pas, né montra aucune faiblesse. Il ne réfléchit pas en lui-même, il ne dit pas : Il ne m’est plus même donné d’avoir des puits ? Ne suis-je pas privé du secours d’en haut ? Le Seigneur ne m’a-t-il pas tout à fait oublié ? Il ne dit ni ne pensa rien de pareil, mais il souffrit tout, avec une douceur parfaite ; et, par là, il mérita d’obtenir, de Dieu, un plus puissant secours. Tous ces événements étaient pour ainsi dire un exercice destiné à fortifier la vertu de l’homme juste. En effet, dit le texte : Étant parti de là, il creusa un autre puits, pour lequel ils ne disputèrent point : c’est pourquoi il lui donna le nom de Largeur, en disant : Le Seigneur nous a mis maintenant au large, et nous a fait croître en biens sur la terre. (Id. 22)
3. Voyez la sagesse de l’homme juste ; quand on voulut détruire ces premiers puits, il souffrit sans se plaindre, sans résister ; mais les noms seuls qu’il donna aux puits, suffirent pour y attacher le souvenir ineffaçable de la méchanceté de ces gens-là. Ici, au contraire, on ne lui suscita aucun embarras ; il lui fut permis de jouir, en toute liberté, du fruit de ses fatigues ; le juste attribue tout à Dieu. En effet, dit le texte : Il lui donna le nom de Largeur ; et ensuite, pour expliquer ce nom, il dit : Voici pourquoi je l’appelle Largeur. Le Seigneur nous amis maintenant au large, et nous a fait croître en biens sur la terre. Avez-vous compris cette piété qui oublie tant de difficultés, tant d’obstacles ; qui ne se souvient que des bienfaits, afin d’en rendre grâces à Dieu, et qui dit : Le Seigneur nous a mis maintenant au large, et nous a fait croître en biens sur la terre? Rien n’est aussi agréable à Dieu que la reconnaissance, qui lui rend des actions de grâces ; il nous comble chaque jour de bienfaits sans nombre, que nous le voulions ou que nous ne le voulions pas ; soit que nous le sachions, soit à notre insu ; et cependant il n’exige de nous, pour les biens qu’il nous accorde, que des actions de grâces ; et ces actions de grâces, pour qu’il lui soit permis de grossir nos récompenses. Pénétrez-vous de cette pensée. Voyez comment la reconnaissance de ce juste lui a de nouveau mérité la visite d’en haut. Car, comme il avait montré de nobles marques de sa vertu, et auprès des habitants de Gérara, et quand le roi le chassait, et quand les bergers détruisaient ses puits, le Seigneur plein de bonté, veut fortifier encore ce vertueux zèle ; déjà il chérissait le patriarche à cause de son insigne douceur. Après qu’il fut parti de là pour se rendre au puits du Serment, le Seigneur lui ; apparut dans la nuit, et lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham votre père, ne craignez point parce que je suis avec vous, et je vous bénirai, et je multiplierai votre race à cause d’Abraham votre père. (Id. 23, 24). Le Seigneur, dit le texte, lui apparut dans la nuit. Voyez le soin que prend Dieu de le ranimer, de raviver sa confiance. Il lui apparaît, et lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham votre père ; j’ai glorifié votre père, et je l’ai rendu fameux ; c’était un pèlerin, un voyageur, que j’ai rendu plus illustre que tous les habitants du pays. C’est moi qui ail fait sa grandeur, et en toutes choses j’ai pris ; soin de lui ; c’est moi donc, Ne craignez point. Que signifie ce  Ne craignez point ? Ne vous étonnez pas d’avoir été chassé par Abimélech, insulté par les bergers ; votre père a enduré un grand nombre de pareilles épreuves, et sa gloire s’en est accrue ; donc que cela ne vous épouvante point, Parce que je suis avec vous. Si je permets ces choses, c’est que je veux manifester votre vertu, faire éclater en même temps leur perversité, afin de vous donner pour toutes ces raisons la couronne ; Parce que je suis avec vous. Et par conséquent vous serez invincible, plus fort que vos persécuteurs, plus puissant que ceux qui vous attaquent, et je prendrai de vous un tel soin, que vous serez pour eux un objet d’envie, Parce que je suis avec vous, et je vous bénirai, et je multiplierai votre race à cause d’Abraham votre père.
Considérez la bonté de Dieu ; il dit : Je suis le Dieu d’Abraham votre père, il