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pour un étranger, pour un vagabond dans ces pays ; eh bien ! sachez qu’à vous et à votre race toute cette terre appartiendra. Et voici pour vous donner de la confiance, apprenez que : Le serment que j’ai fait à Abraham, votre père, je l’accomplirai avec vous. Voyez la condescendance de Dieu. Il ne dit pas simplement : Le pacte que j’ai fait avec votre père, ni les promesses que je lui ai faites ; mais que dit-il : Le serment que j’ai juré. J’ai confirmé ma parole, dit-il, par serment, et je suis tenu à réaliser, à accomplir le serment que j’ai fait.
Voyez la bonté de Dieu : il ne s’arrête pas, quand il nous parle, à sa propre dignité ; il accommode son langage à la faiblesse de notre nature. En effet, trop souvent les hommes se font un point de conscience de tenir non pas leurs simples promesses, mais les promesses qu’ils ont faites sous la garantie du serment. De même ici, Dieu, pour inspirer à l’homme juste une pleine confiance, lui annonce que ses paroles auront leur rigoureux accomplissement. Sachez bien, dit-il, que ce que j’ai juré se réalisera. Quoi donc, dira-t-on, Dieu a juré ! Et par qui a-t-il juré ? Vous voyez que son langage s’accommode à notre faiblesse ; ce qu’il appelle un serment, ce n’est que la confirmation de la promesse. J’accomplirai, dit-il, le serment que j’ai juré à Abraham, votre père. Il lui montre ensuite quelles ont été ces promesses, faites sous la garantie du serment : Je multiplierai vos enfants comme les étoiles du ciel. (Id. 4) C’est ce qu’il disait au patriarche dans le commencement : Vos enfants égaleront en nombre les étoiles et les grains de sable. Et je donnerai à votre postérité tous ces pays que vous voyez, et toutes les nations de la terre seront bénies dans celui qui sortira de vous. Et maintenant, voici pourquoi les promesses qui lui ont été faites se réaliseront en vous : C’est parce qu’Abraham, votre père, a entendu ma voix, qu’il a observé les commandements et les cérémonies et les lois que je lui ai donnés. (Id. 5) Voyez la sagesse de Dieu, comme il réveille la pensée du juste, anime son ardeur et le dispose à suivre l’exemple de son père, car si ce père, dit-il, parce qu’il a obéi à ma voix, a été jugé digne d’une si grande promesse ; si, en considération de sa vertu, je dois accomplir cette promesse en vous qui êtes sorti de lui, supposez qu’à votre tour, vous suiviez son exemple, que vous marchiez dans la même route que lui, considérez alors quelle sera ma bienveillance pour vous, de quels soins, de quelle sollicitude je vous entourerai. En effet, si la vertu d’autrui est une source de bonheur, l’homme personnellement vertueux est, bien plus encore l’objet de la Providence divine. Mais que signifient ces paroles, parce qu’il a obéi à ma voix et qu’il a observé mes commandements et mes cérémonies ? Je lui disais : Sortez de votre pays et de votre parenté, et venez en la terre que je vous montrerai. (Gen. 12,1) Et il a quitté ce qu’il tenait entre les mains ; et il a poursuivi ce qui était invisible, sans fluctuation d’esprit, sans hésitation ; plein d’un zèle ardent, il accomplissait mes ordres, et il obéissait à ma voix. Je lui ai, en outre, promis un don supérieur à la nature, et lorsque l’âge ne lui laissait plus d’espoir ; lorsque ni lui ni votre mère ne pouvaient plus attendre de postérité, quand ma parole lui annonça que sa race se multiplierait, au point de remplir toute la terre, il ne s’est pas troublé, il a eu foi, et sa foi lui a été imputée à justice. Par sa foi en ma puissance, par son espérance en mes promesses, il s’est montré supérieure la faiblesse humaine. Et depuis votre naissance, quand votre mère voyait avec chagrin Ismaël, le fils de la servante ; quand elle voulut le chasser avec Agar, pour qu’il n’eût rien de commun avec vous, ce patriarche, malgré sa naturelle affection, malgré l’amour paternel qu’il ressentait, n’écouta que l’ordre que je lui donnai ; de faire ce que voulait Sara ; il oublia sa tendresse naturelle ; il chassa Ismaël, avec la servante, et toujours il a obéi à ma voix, et il a gardé mes commandements. Enfin, quand je lui ai commandé de m’offrir en sacrifice cet enfant accordé à sa vieillesse, ce fils tant chéri, il n’a cherché aucun prétexte, il n’a montré aucune curiosité indiscrète ; sa pensée n’a pas été confondue ; il n’a révélé, ni à votre mère, ni à ses serviteurs, ni à vous-même l’action qu’il allait faire ; d’une âme forte, d’une volonté allègre, ardente, il s’est hâté d’accomplir mon commandement. Et moi, en conséquence, j’ai couronné sa volonté, sans permettre à l’œuvre de s’accomplir. Et voilà pourquoi, parce qu’en toutes choses il m’a montré la perfection de son obéissance, son zèle à garder mes commandements, vous qui êtes né de lui, vous êtes, je le veux, l’héritier de toutes les promesses qui lui ont été faites.
3. Imitez donc l’obéissance de ce juste ; ayez foi en mes paroles, pour mériter des