Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/349

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour les animaux immondes. Sans doute, cette législation, concernant les premiers-nés, est postérieure ; cependant, même dans les temps anciens, on voit un privilège attaché à ceux qui sortaient les premiers des flancs maternels. C’est donc cette prérogative naturelle qu’Esaü possédait, qu’il a, dans son intempérance, transportée à son frère. Et, tandis que l’un a perdu ce qu’il tenait de la nature, l’autre a gagné ce que la nature lui avait refusé et comme ces événements avaient été d’avance prédits par un oracle, Rébecca donna à son fils chéri le nom de ce que vous pouvez expliquer par action de supplanter. C’est ainsi qu’Esaü se lamentant, après la bénédiction soustraite à son père, disait : C’est avec raison qu’il a été appelé car voici la seconde fois qu’il m’a supplanté ; il m’a enlevé mon droit d’aînesse, et maintenant il m’enlève la bénédiction qui m’était due. (Gen. 27,36)
Voyez combien grande était la sagesse des anciens hommes, ou plutôt combien grande a été la sagesse de Dieu, qui a fait que les mères n’ont pas donné au hasard les premiers noms venus à leurs enfants, mais des noms qui prophétisaient l’avenir. Vous ne trouverez que rarement des fils portant le même nom que leur père ; peut-être n’en trouverez-vous nulle part, dans l’Écriture ; mais soit qu’une mère, soit qu’un père donnât un nom à son fils, c’était une appellation singulière, étrange qui, par avance, signifiait quelques événements à venir. C’est ainsi que Lamech appela son fils Noé, en disant : Celui-ci nous fera reposer. (Gen. 5,29) Et de même, si vous examinez les noms un à un, vous trouverez absolument dans tous un sens particulier. Ce n’est pas ce que nous voyons aujourd’hui, que les parents donnent sans réflexion, et par hasard, les noms qui se présentent. Autrefois, on se proposait d’attacher un souvenir durable aux noms de ses enfants. Mais laissons cela, et voyons maintenant, après cette mutation du droit d’aînesse, ce que le bienheureux Moïse nous raconte du père de cette famille. Nous avons déjà vu dans l’histoire du patriarche Abraham, et nous lisons de même, à propos d’Isaac, qu’une, grande famine étant survenue, il fut entouré de toute la sollicitude du Seigneur, qui le récompensait de sa propre vertu, et remplissait la promesse faite à son père. Cependant il arriva une famine en ce pays-là, comme il en était arrivé une au temps d’Abraham. C’est pour que vous ne confondiez pas la nouvelle famine avec l’ancienne, que le texte ajoute : Comme il en était arrivé une au temps d’Abraham ; manière de dire, une autre famine, semblable à l’ancienne, arriva, une seconde fois, en ce pays-là, au temps d’Isaac, comme il en était arrivé une au temps de son père. Le manque des aliments nécessaires les jetait tous dans une grande angoisse, et les forçait de quitter leur pays pour chercher à l’étranger les aliments dont ils avaient besoin. D’où il suit que, voyant cette famine, ce juste s’en alla, dit le texte, auprès d’Abimélech à Gérara ; c’était là qu’Abraham était allé, après son retour d’Égypte. Il est vraisemblable qu’Isaac s’y rendit parce qu’il voulait, de là, passer en Égypte. Et ce qui le prouve, c’est l’Écriture : Car le Seigneur lui avait apparu, dit le texte, et Dieu lui avait dit : N’allez point en Égypte. (Id. 2) Je ne veux pas, dit le texte, que vous fassiez ce long voyage ; mais je veux que vous restiez ici, je ne veux pas que vous soyez dans les angoisses, mais j’accomplirai les promesses faites, à votre père ; elles recevront en vous leur accomplissement. Les promesses qui lui ont été faites, c’est vous qui les réaliserez. Ne descendez pas en Égypte ; mais demeurez dans le pays que je vous montrerai ; passez-y quelque temps comme étranger.
2. Ensuite, de peur que le juste ne s’imagine que Dieu rie lui donne cet ordre que pour lui faire subir les angoisses de la famine et lui interdire le passage en Égypte, il lui dit : Ne soyez pas inquiet ; n’ayez aucun souci, restez où vous êtes : Car moi, je serai avec vous. Donc, puisque vous avez pour vous celui qui fournit tous les biens quelconques, n’ayez plus souci de rien ; car moi, le Seigneur de toutes les créatures, je serai avec vous. Et ce n’est pas tout, mais, Et je vous bénirai, c’est-à-dire, je vous glorifierai, je vous donnerai la bénédiction qui vient de moi. Quelle condition plus heureuse que celle de ce juste, qui reçut de Dieu une telle promesse : Je serai avec vous et je vous bénirai. Voilà qui montrera que vous êtes le plus heureux, le plus riche de tous les hommes ; voilà qui fera régner autour de vous l’abondance ; voilà pour vous la plus éclatante gloire ; voilà l’ineffable splendeur ; voilà la sécurité parfaite ; voilà le principe de tous les biens : Je suis avec vous et je vous bénis. Mais comment vous bénirai-je ? A vous et à votre race, je donnerai cette terre. On vous prend